Il est probable qu’il s’agit là d’une partie du mot CILLA tel qu’il a été retrouvé gravé à l’intérieur d’un djedar de FRENDA (cf l’interprétation que nous avons proposée du mot TERNATEN) – (R. de la Blanchère : rapport à monsieur le ministre de l’instruction publique et des beaux-arts suite à un voyage d’étude dans une partie de la Maurétanie Césarienne : les Djedars, pl. IX, fig. 2, n° 4, fig. 20). La forme des lettres y est exactement la même qu’à SIDI MEDJAHED. CILLA serait le nom d’un des rois berbères enterrés à FRENDA.
Autre trouvaille éparse près du bord occidental du plateau, un chrisme flanqué d’un alpha et d’un oméga est gravé à la pointe avant cuisson sur un tesson de poterie. Ce signe confirme les croyances chrétiennes des personnes qui vivaient dans le bastion.
Enfin, à tout seigneur tout honneur, vous n’avez pas oublié le chapiteau qu’un paysan a déterré au début de l’année 1955 et qui est à l’origine des fouilles de l’éperon fortifié de SIDI MEDJAHED. C’est un chapiteau de colonne, très certainement colonne d’une chapelle sinon d’une église. Le chapiteau est à section quadrangulaire, haut de 48 cm, qui mesure 65 cm sur 50 cm à la face supérieure, et 40 cm sur 38 cm à la face inférieure. Il est décoré sur un côté d’une rosace à six pétales inscrite dans un cercle, et sur la face opposée de volutes assez irrégulières et à demi effacées. On ne remarque aucune décoration sur les deux autres faces latérales. Aux quatre angles sont sculptées deux palmettes superposées. Par sa rugosité le travail n’est certainement pas romain même s’il ne fait aucun doute que l’édifice religieux dont il assurait la décoration était chrétien.
Ce dernier vestige nous laisse sur notre faim. Quinze jours de fouilles en 1955 n’ont pas suffi à sortir de terre tous les restes du fortin de SIDI MEDJAHED. Seuls ont été dégagés les remparts et leurs quatre portes. Il reste encore à explorer tout l’intérieur du bastion sur une superficie de 5 hectares environ. Nul doute que ces recherches permettraient de dégager un gros fort, avec sa grand’ rue, son casernement, son magasin, ses lieux publics et très certainement une chapelle.
Sur les photos en noir et blanc des remparts de SIDI MEDJAHED prises en 1955 vous avez très certainement remarqué de temps à autre un jeune garçon coiffé d’une casquette à la visière relevée. Ce garçon, âgé à l’époque de 12 ans, n’est personne d’autre que l’auteur, fils aîné d’Emile JANIER, responsable des fouilles de SIDI MEDJAHED.
62 ans plus tard l’auteur est revenu sur les lieux des fouilles de 1955.
Il a découvert que la Tafna est aujourd’hui à sec. Seule SIDI MEDJAHED offre encore un petit coin de paradis. Deux sources jaillissent dans le lit de la rivière, la première à l’Est du pédoncule, la seconde à l’Ouest. Ces sources distribuent une eau pure et fraiche, au débit régulier et chantant, qui irrigue deux beaux jardins fleuris de lauriers roses et de joncs aux longues tiges vertes.
L’auteur a surtout été surpris de constater qu’en 2017 rien n’avait bougé sur l’éperon fortifié de SIDI MEDJAHED. Ni le temps ni l’homme n’ont outragé les travaux d’extraction tels qu’ils avaient été menés en 1955 au niveau des remparts et de leurs quatre portes. Quant au plateau, qui est protégé depuis le VIème siècle par ces remparts, il est resté presqu’aussi vierge qu’il ne l’était en 1955. On n’y décèle aucune trace de culture sérieuse.
Tout laisse à penser que le site, endormi depuis des siècles, attend patiemment que de nouvelles fouilles soient entreprises pour révéler ses mystères.
A bon entendeur, salut ! L’auteur reste disponible et propose sa contribution à toute recherche sérieuse qui serait engagée pour dévoiler au grand jour les secrets de l’éperon fortifié de SIDI MEDJAHED.
Charles JANIER
Posté Le : 23/03/2023
Posté par : hichem
Ecrit par : Charles JANIER
Source : https://www.cdha.fr/leperon-fortifie-de-sidi-medjahed-en-algerie