Tizi-Ouzou - Tizi Ouzou

Né en septembre 1918 Indétrônable Slimane Azem



Publié le 26.09.2024 dans le Quotidien l’Expression

Slimane Azem est né il y a 106 ans. Personne dans son entourage immédiat dans son village natal Agouni Gueghrane ne pouvait imaginer qu’il allait devenir le maitre incontesté de la chanson kabyle, toutes générations confondues.
Son école, son université, c'était la vie. Il avait un talent inouï en poésie, une voix douce et magique et un don de musicien que tous les artistes lui reconnaissent.
Slimane Azem a dit tout ce dont il fallait parler à une certaine époque, où la population avait tellement soif de voir sa vie, ses souffrances et tout ce qui a trait à son existence rapportés dans de beaux vers et supportés par des mélodies splendides. Il y avait le thème récurrent de l'exil. Beaucoup d'Algériens de l'époque partaient en France pour «chercher du pain» à leurs enfants. Mais une fois dans ce pays, ils sont absorbés par la dureté de l'exil. Mais pas que. Ils sont aussi aspirés par le travail qui ne laissait guère de place à autre chose. Cette vie est amplement décrite par le chanteur de l'exil que fut Slimane Azem. Ce dernier a écrit une infinité de chansons sur un thème qui a inspiré d'autres artistes de haut vol comme Cheikh El Hasnaoui, Dahmane El Harrachi, Salah Sadaoui, Cheikh Arab Bouyezgarène, Akli Yahiatène, Youcef Abdjaoui, etc.
A chaque nouvelle chanson sur l'exil, Slimane Azem trouvait les mots, les vers et les métaphores adéquates pour ne pas se répéter. Aucune chanson sur ce thème ne ressemble à une autre. Ni sur le plan poétique ni du point de vue musical.
Une chanson comme A Moh A Moh n'a rien à voir avec Anetsruhu netsughal. Pourtant, elles évoquent la même chose, elles décrivent la même détresse, la même angoisse et la même solitude. Celle de vivre loin de son pays natal. De tous les dilemmes et des contradictions qui déchiraient les exilés de l'époque qui n'arrivaient pas à réaliser dans quel engrenage inextricable ils étaient pris sans pouvoir s'en extirper. Sur ce même thème, il a également chanté des merveilles intitulées Daghriv davarani, Ayafrukh ifireles, La carte de résidence, Algérie mon beau pays, Ayaâssas n tala, Ayats tmurtiw, Dites-moi mes amis...
La magie des mots trouve tout son sens dans les poèmes de Slimane Azem. Qu'il s'agisse des chansons de l'exil ou celles ayant trait à d'autres thèmes, les textes poétiques de Slimane Azem sont carrément proverbiaux.
La dimension philosophique d'une partie de son oeuvre est indéniable. Certains textes ont une portée existentielle. Il s'agit de poèmes où le poète interroge la vie, se pose des questions sur elle, se demande si la vie vaut la peine d'être vécue, si la vie ne vaut rien ou si rien ne vaut la vie. Avec son génie unique, il trouve à chaque fois les formules poétiques et les métaphores convenables susceptibles d'exprimer ses questionnements. L'une des chansons les plus abouties dans ce chapitre est celle ayant pour titre: Akmi khdaâ Rebbi a Dunnit. Slimane Azem a dépeint mieux que quiconque la société algérienne et plus particulièrement la société kabyle avec toutes ses faces et toutes ses facettes. Slimane Azem a la capacité de toucher du doigt l'ensemble des aspects de la société kabyle et de la vie de l'époque. Il a eu également le génie d'avoir écrit des textes poétiques débordant d'humour. Il a écrit et composé des chefs - d'oeuvre dans ce registre en compagnie d'un autre maitre: Cheikh Nordine avec lequel il a réalisé des duos mythiques. Slimane Azem est mort. Son oeuvre restera comme l'une des plus imposantes en Algérie. Son répertoire est une véritable fontaine d'où puisent et puiseront toujours les amoureux du verbe ciselé et de la musique élaborée.

Aomar MOHELLEBI



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