En pénétrant dans sa nouvelle demeure, la vieille Zina n'a pu retenir ses émotions; elle sourit, un sourire qui en disait beaucoup, elle qui a longtemps survécu dans des conditions extrêmes de pauvreté et d'oubli, loin de ses semblables.
Nous sommes tout près de la localité rurale d'Ogla Malha dans le sud de la wilaya de Tébessa. Hiver comme été, Khalti Zina endurait l'ingratitude du temps et la bassesse des gens. Et le miracle fut quand quelques bénévoles au grand cœur décidèrent de lui venir en aide, tout simplement, lui construire une demeure pour qu'elle puisse s'y loger, dans la dignité, loin de l'inquisition des yeux des autres.
Aussitôt dit, aussitôt fait, les jeunes volontaires acquirent tout ce qu'il fallait, matériaux de construction et équipements. Et le miracle fut une seconde fois, puisqu'en une semaine, le petit logis en dur de Zina prenait forme. Et c'est plutôt nos volontaires qui lâchèrent quelques larmes devant une telle situation quand leurs efforts aboutirent.
Khalti Zina avait été sortie de l'anonymat et ce, grâce à une autre initiative de solidarité menée par une équipe médicale, là encore bénévole, en lui prodiguant soins et en lui fournissant des aides alimentaires et couvertures.
Les agents de la DAS lui avaient également rendu visite, sauf que la fierté de Zina avait dit non pour les accompagner à la maison des personnes âgées. Zina préférait son gourbi, des conditions de vie difficiles qui lui ont fait perdre la vue et la rendre malade.
Des Zina, il en existe partout dans ces recoins de la campagne, elles se meurent en silence, par ignorance souvent. On les voit tenir le haut de l'affiche, le temps d'un reportage d'une équipe de télévision ou lors d'une quelconque activité officielle, histoire de garnir le menu du programme d'un ministre ou d'un wali.
Ali Chabana
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Posté Le : 28/02/2018
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Ali Chabana
Source : Le Quotidien d'Oran du mercredi 27 février 2018