Le rapport du fellah à la terre n’est plus ce qu’il était, autrement dit, pas de travail productif, à partir du moment où le monde agricole est gangrené par l’affairisme lié à la location des terres et aux subventions anarchiques et vaines.
De l’agriculture florissante des années post-indépendance jusqu’à l’avènement des réformes qui ont mis fin à la gestion socialiste des domaines agricoles, à la fin des années 1980, Settara, une commune à vocation rurale, de l’extrême est de la wilaya de Jijel, est tombée au bas de l’échelle dans la production agricole.
Ceux que nous avons rencontrés parmi un groupe d’agriculteurs, jurent par tous les saints qu’il n’y a plus d’agriculture à Settara.
D’autres se lamentent sur leur sort et affirment que leur activité a été hypothéquée par des responsables qui les ont bloqués à tous les niveaux.
Le P/APC déclare que ceux qui parlent de ce blocage n’ont à leur actif aucune activité de nature agricole. «Ils n’ont jamais travaillé la terre», assène-t-il.
Au nombre de quatre, gérant une exploitation agricole collective (EAC) d’une quarantaine d’hectares, les personnes visées par cette assertion soutiennent mordicus que cet immobilisme est dû à la pollution de leurs terres par une décharge sauvage.
Le travail de la terre dans cette commune n’a d’ailleurs plus de valeur.
La démobilisation est perceptible chez les agriculteurs avec lesquels nous avons pu parler. «Nous sommes découragés», affirment-ils.
L’argument avancé est lié à des problèmes qu’ils mettent sur le dos des responsables du secteur. La non-concrétisation du projet d’une retenue collinaire, vieille revendication des fellahs de cette commune, est le principal objet de mécontentement.
«Cette retenue va être réalisée, on le sait, mais après quoi? Après que nos terres sont restées sans irrigation depuis de longues années», s’indignent-ils.
D’ailleurs, ils disent craindre que cette retenue ne soit à son tour polluée par les ordures qui s’accumulent.
Le manque de moyens matériels et financiers, en dépit des programmes de soutien initiés par les pouvoirs publics, n’est autre qu’un facteur aggravant de cet état de disposition à l’abandon du travail de la terre.
L’héritage est lourd, mais le constat est amer. Des vastes terres cultivables qu’on peut aisément contempler des collines de cette bourgade, il n’y a plus aucune trace d’activité agricole.
Etrange paralysie, serions-nous tentés de dire. «Il n’y a pas d’agriculture à Settara», dit, sans ambages, un fellah copropriétaire d’une exploitation agricole qu’il gère, plutôt avec difficulté, avec un groupe de quatre personnes.
«Même l’oignon on l’achète dans le coin», déplore-t-il, comme pour dire que le travail de la terre s’est bel et bien arrêté dans cette région, pourtant, au potentiel agricole indéniable.
De la pollution décriée des terres cultivables, en passant par les tiraillements qui minent les rapports entre les agriculteurs, les solutions pour sortir de ce marasme ne sont pas pour demain.
Même les rapports entre les agriculteurs chargés de la gestion des exploitations agricoles collectives ne sont pas au beau fixe. «On ne s’entend pas, on est en conflit et on ne se parle même pas», lâche un des concernés en charge d’une exploitation de 55 ha avec un groupe de cinq personnes.
Victime d’un contexte qui a hypothéqué tout travail de la terre, l’agriculture, à Settara, est au point mort. Les produits maraîchers et laitiers, ainsi que les fruits juteux qui ont fait sa notoriété, il y a bien des décennies, ne sont plus qu’un vague souvenir.
Certains se rappellent avec nostalgie que les terres, si fertiles, de cette commune, parvenaient à pourvoir tout l’est algérien en fruits et légumes de qualité.
«En 1987, l’ex-DAS Laboudi Ahcène a été classée première à l’échelle de la wilaya de Jijel», lance, avec une pointe d’amertume, un agriculteur dont les traits délicats du visage sont visiblement défaits.
Un responsable du secteur estime, toutefois, que la revalorisation de l’agriculture passera par la nouvelle loi sur la concession des terres agricoles. Cette loi prévoit l’annulation du contrat de concession à toute personne ne travaillant pas la terre qui lui a été attribuée.
Zouikri A.
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Posté Le : 11/10/2011
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Zouikri A.
Source : El Watan.com du mardi 11 octobre 2011