Jijel - Settara

Bordj Ali (Settara) - Journée mondiale de la femme: Zohra Bezzag, icône de la lutte anti-terroriste



Bordj Ali (Settara) - Journée mondiale de la femme: Zohra Bezzag, icône de la lutte anti-terroriste
Cette grande dame est devenue un exemple de courage pour les femmes de sa région.

On se souvient de ces images qui tournaient en boucle sur les grandes chaînes de télévision en 1994, alors qu’elle guettait les terroristes sur la terrasse de sa maison, à Bordj Ali, un petit village rural dans la commune de Settara, à l’est de la wilaya de Jijel.

Devenue célèbre par l’arme (un Mat 49) qu’elle avait brandie à la face des assassins de son fils, Zohra Bezzag, car c’est d’elle qu’il s’agit, revient sur les événements tragiques qu’elle a vécus.

A l’occasion de la journée mondiale de la femme, elle nous a reçu dans son appartement pour évoquer ce douloureux souvenir.

Les conditions de la femme rurale n’ont pas échappé à son verbe critique. Son parcours avec son arme est celui d’une femme au courage hors pair.

«J’ai décidé de prendre l’arme lorsque je me suis aperçue que mon époux s’est engagé dans la lutte contre les terroristes», se remémore-t-elle.

L’assassinat de son fils, Noureddine, fonctionnaire à l’APC, alors âgé de 33 ans, père de deux enfants en bas âge, sauvagement égorgé, avec un de ses voisins policier, l’a précipitée dans ce combat.

Dans son récit du cauchemar qu’elle a vécu la nuit du 27 Ramadhan 1994, elle n’a laissé aucun détail se rapportant à l’assassinat de Noureddine, qu’elle appelle tendrement Nouri.

Pour la mémoire de son fils, elle dit n’avoir jamais regretté le bras de force qu’elle a engagé avec les terroristes.

Connu de tous à travers toute la wilaya de Jijel, son combat l’a menée à rencontrer des hommes politiques de premier plan et des personnalités miliaires de haut rang.

Des journalistes algériens et étrangers, dont une équipe de reporters de la célèbre émission zone interdite de la télévision française M6 qui a séjourné chez elle, l’ont interviewée.

Le défunt général Mohamed Lamari l’a décorée pour son courage.

Pour l’intérêt du pays, elle reconnaît avoir dit oui à la réconciliation nationale alors que, tenaillée par le douloureux souvenir de son fils lâchement égorgé devant ses yeux, elle voulait dire non.

Courageuse, elle est devenue un exemple pour les femmes de sa région.

Son avis sur les droits des femmes, elle le décrète sur un ton vif et tranchant: «Les femmes rurales sont marginalisées; peut-être que dans les grandes villes, les femmes ont conquis certains droits, ici elles n’ont rien !»

Pour elle, le 8 mars ne concerne que les femmes des grandes villes.

«Personne ne se soucie de nous, on ne cherche même pas à savoir comment vivent ces femmes dans les campagnes; certes elles sont illettrées, mais elles veulent écouter et comprendre», soutient-elle.

Après avoir fait la une des journaux et rencontré les reporters des grands médias, notre valeureuse dame a repris sa vie de femme anonyme au milieu des siens.

Un repos du guerrier qu’elle a mérité.

Ghada Z.


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