Description du lac Mellah et lac Bleu
Le lac Bleu est un étang naturel d’eau douce entouré d’un épais cordon dunaire unique représente une lagune associée à une forêt humide, ce lac est un exemple représentatif d’une zone humide naturelle rare, voire unique, de la région méditerranéenne.
La lagune du Mellah a abrité durant les années 1971 à 1974 des effectifs supérieurs à 1% de la population mondiale de Fuligule morillon (Aythya fuligula) et, en 1971 et 1973, de la Foulque macroule (Fulica atra).
Le Mellah abrite un stock important de poissons qui y vivent et s’y reproduisent. C’est ici que viennent grandir les jeunes anguilles avant de partir se reproduire dans les îles des Sargasses. 200 espèces de phytoplancton y ont été identifiées (Remita, 1999) et 47 espèces de zooplancton (Haridi, 1999).
Localisation générale
Les 2 sites sont limités au Nord par la mer Méditerranée, au Sud par les forêts des Deux Lacs et de Aïn Khiar, à l'Est par la Forêt de Boumalek et l'agglomération du Pont de la République (Melha) et, à l'Ouest, par les plaines de Boutheldja et de Ben M'hidi. Le Mellah est à 10 Km à l'Est de Cap-Rosa et à 15 Km à l’Ouest de la ville d’El Kala. Le lac Bleu est une petite dépression interdunaire d’eau douce située sur la berge Est du Mellah.
GÉOMORPHOLOGIE ET GÉOLOGIE
Le site, formé de sables et d’argiles laguno-marines du Néopleistocène, résulte de l'inclinaison de dépôts siciliens suivis d'affaissements successifs. Au néo-pléistocène ancien, la mer pénétra largement dans la dépression du Mellah. Le côté situé au dessous du déversoir du lac est constitué de mollasse calcaire marine et dunaire. Les formations tertiaires sont représentées par des éléments de l'éocène moyen (argiles de Numidie) et d’éléments du miocène (sables, conglomérats et argiles rouges du Pontien). Les grands mouvements du tertiaire, phase alpine, sont à rattacher aux mouvements majeurs responsables des alignements Nord-Est. Au quaternaire, des mouvements transverses de directions variables ont mis en place une série de dômes et de cuvettes. Cette néotectonique s'est prolongée jusqu'à la période actuelle (De Belair, 1990). Les dépôts marins sont à l'origine des amas dunaires au Nord du lac Mellah, alors que les dépôts fluviaux sont représentés par des amas dunaires résultants de l'action érosive de la mer.
Les caractéristiques écologiques spécifiques, eau douces et marines, conditionnent largement la composition du peuplement aviaire qui s'y installe. Site de gagnage et de remise, le Mellah est important pour la sauvagine qui l’exploite d'octobre au début mars. Le Fuligule morillon (Aythya fuligula), y prélève principalement et durant 5 mois environ des mollusques bivalves ou Coques blanches (Cardium edule), des palourdes (Ruditapes decussatus) et des moules (Mytillus galloprovencialis) très abondantes. Le Canard siffleur (Anas penelope) en fait sa remise durant près de sept mois, de septembre à mars. C’est un gîte d’étape pour la Foulque macroule (Fulica atra) qui s’y arrête en cours de migration. Le Grèbe huppé (Podiceps cristatus), présent toute l'année, y prélève une nourriture piscicole abondante et le Grèbe castagneux (Podiceps ruficollis) l’exploite toute l’année.
La présence des 2 Grèbes et du Grand cormoran (Phalacrocorax carbo) s’explique par la richesse piscicole du site. De plus, le Mellah est une zone de remise non négligeable pour les espèces qui subissent des dérangements dans les sites environnants comme le chipeau (Anas strepera), le colvert (Anas platyrhynchos), le souchet (Anas clypeata) occasionnellement et surtout le siffleur (Anas penelope). Sa richesse piscicole permet le maintien de quelques couples de Balbuzards pêcheurs (Pandion haliaetus) qui nichent sur les falaises des côtes avoisinantes. En période d’hivernage plusieurs espèces de sternes utilisent la lagune pour s’alimenter.
La richesse biologique et la grande production d'invertébrés et de poissons s’explique par le gradient de variation spatiale et temporelle dans la salinité de l'eau (Morgan,1982). La présence d'œufs d'enchoie (Engraulis engrasicholus) (Marinaro et al.1980) met en évidence un milieu particulièrement favorable à la ponte et au développement des juvéniles de cette espèce.
La Flore
La flore du lac Bleu, composée essentiellement d’une ceinture de végétation émergeante qui occupe le pourtour du site, est constituée de phragmites (Phragmites australis) et au centre de nénuphar (Nymphaea alba).
Les zones à forte salinité au Nord du Mellah hébergent quelques herbiers à Zostera moltii ainsi que des phodophycées, algues typiquement marines. La végétation immergée est constituée principalement par des espèces du genre myriophyllum. Les rives extrêmement réduites permettent à une végétation ligneuse composée de maquis de Pistacia lentiscus, de Myrtus communis, de Calycotum villosa, de Cistus salvifolis, de Quercus coccifera, Q. suber et Q. faginea de s'installer très prés de la limite des eaux. Sur la rive Ouest, s’élèvent des massifs de chêne liège (Quercus suber) avec un cortège de végétation allant jusqu'à 2 ou 3 mètres de la limite des eaux. La partie Nord-Ouest reboisée en eucalyptus cède la place vers le Nord à une vaste aulnaie dans le delta de l'Oued Erreguibet.
Un groupement de Pin d'Alep (Pinus halepensis) est situé au Nord-Ouest du Mellah sur des sables et des argiles laguno-marins riches en lumachelles ou calcaires issue de la décomposition de coquillages marins, c’est une curiosité floristique sur les dunes car cette espèce est essentiellement calcicole. On distingue aussi un ensemble très varié de groupements végétaux, suberaie pure, cocciferaie pure, mélange de chêne liège et de chêne kermes avec une prédominance de chêne liège et le mélange de ces 2 espèces avec la bruyère (Erica arborea). Le maquis à Myrtus communis, celui à Calycotum villosa et à lavande (Lavandula stoechas), les pelouses, le peuplement à Pin maritime (Pinus maritimus), les peuplements à Eucalyptus, l'oliveraie et les cultures, constituent la couverture végétale du bassin versant de la lagune. Le bilan positif des eaux douces au niveau des embouchures des oueds Satha, El arroug, Mellah et Erreguibet permet l’existence de 3 aulnaies denses et bien développées. Les bourrelets de sable blanc sont colonisés par le Tamarix gallica. Lorsque la salinité se fait moins sentir, au Nord et à l'Est se développent de petites zones à végétation aquatique constituée de Scirpus maritimis et Scirpus lacustris. Le delta de l’Oued El arroug, au Sud, présente une importante scirpaie à Scirpus maritimus et Scirpus lacustris, d'une cinquantaine d'hectares, qui est isolée des eaux lacustres par des bourrelets sableux colonisés par Tamarix gallica. La flore algale abondante est surtout représentée par Ruppia cirrhosa et, dans une moindre mesure, par Potamogeton pectinatus (Morgan, 1982).
La faune
200 espèces de phytoplancton ont été identifiées par Remita (1999) et 47 espèces de zooplancton par Haridi (1999). En outre, le Mellah et sa périphérie font l’objet d’une importante fréquentation faunique grâce à une végétation dense, par des mammifères, comme le chacal (Canis aureus), le renard (Vulpes vulpes), la Genette (Genetta genetta) et la mangouste et le sanglier (Sus scrofa). Les eaux du lac hébergent un peuplement piscicole relativement diversifié composé d'une quinzaine d'espèces dont l'anguille (Anguilla Anguilla), la sole (Solea vulgaris), le loup (Dicentrachus labrax), cinq espèces de mulets (Mugil cephalus, M. saliens, Liza aurata, L. ramada et Chelon labrosus) qui font l'objet d'une exploitation extensive, surtout pour l'anguille. Un riche peuplement d’invertébrés benthiques constitué d'annélides et de Mollusques bivalves suscite un intérêt certain pour la conchyliculture, faisant du Mellah la principale zone de production d'huîtres et de moules d'Algérie.
Facteurs défavorables
Le site est l’objet d’une forte pression d'élevage bovin et caprin dans la prairie située au bord de la lagune.
A proximité, on note la présence d'une ancienne carrière et des jets d'ordures ménagères provenant de l'agglomération du Mellah. Les incendies répétés provoquent l’appauvrissement de la couverture végétale et augmentent les risques d’érosion qui peuvent conduire au comblement et à la sédimentation du lac.
Le maintien d’une largeur convenable du chenal permettra les échanges et le renouvellement de l’eau de la lagune, son comblement progressif par le sable risque d’affaiblir les échanges d’eau entre la lagune et la mer.
Mesures de conservation unique, à la période de pêche, aux espèces autorisées, à la taille en vigueur des prises, à la nature des filets utilisés, aux techniques utilisées, et au respect du stock halieutique.
Les 2 lacs sont classés réserves intégrales dans le Parc National d'El Kala classé réserve de la biosphère.
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Posté Le : 10/05/2020
Posté par : tarf
Source : www.facebook.com/notes/dgf-direction-générale-des-forêts-algérie-المديرية-العامة-للغابات-الجزائر