Jeudi, le village Benyounes, bourgade située le long de la RN24, à l’ouest de la commune de Zemmouri, a été mis en état de siège par les autorités sécuritaires.
À la surprise générale des habitants de cette agglomération, tôt le matin, un grand nombre de gendarmes antiémeutes ont pris position sur les lieux. La partie nord du village, située entre les anciennes habitations et la mer, était inaccessible au commun des mortels.
Sur place, plusieurs gros engins des travaux publics défonçaient, sous la garde des gendarmes, des murs de villas, des clôtures en dur, visiblement érigés à la hâte, et plusieurs villas neuves, construites en R 1 ou celles dont la construction est entamée, ou entièrement finie ont été réduites en gravats.
Enfin, les engins rasaient tout sur leur passage. À notre arrivée sur les lieux, vers midi, un sous-officier donne à son supérieur le nombre de clôtures en dur ou de villas démolies: 146.
«Nous ne partirons d’ici qu’une fois toutes les constructions illicites démolies», nous confiait l’officier.
On estime le nombre de constructions illicites à démolir à plus de 200. Des milliards réduits en décombres, alors que le code communal donne droit au P/APC de stopper ce gâchis. Visiblement, les constructions ont été érigées en un temps record, histoire de mettre les autorités devant le fait accompli comme cela se pratique partout dans la wilaya de Boumerdès, particulièrement au chef-lieu de la wilaya, où le trafic du foncier et les constructions altèrent gravement l’urbanisme de la ville.
Présents sur les lieux, ni le chef de la daïra de Bordj-Menaïel ni le P/APC de Zemmouri n’ont pu nous fournir le nombre de constructions à démolir. Il est évident que cette opération les dépassait et ils n’avaient pas plus d’informations à ce sujet que nous.
Certains citoyens ont tenté de résister, mais ils se sont vite rendu compte que c’était peine perdue.
«Dites à tous ceux qui ont construit illicitement sur le rivage de la wilaya de Boumerdès que leurs constructions seront démolies. C’est inéluctable. Il faut bien que l’État fasse usage de son droit et de son autorité», nous souffle un responsable qui sait de quoi il parle.
En dépit de ce coup qui leur arrive, certains ont bien voulu nous parler. L’un d’eux, qui a érigé une magnifique villa surmontée d’un chalet en bois, est visiblement abattu. Il dira péniblement: «Je suis sous le choc. Je ne peux parler. C’est terrible ce qui m’arrive.»
Le second nous exhibe un document établi par un notaire de la ville de Boumerdès. Il nous explique que c’est le certificat de vente d’une parcelle de 200 m2. Cette acquisition a été effectuée, selon lui, auprès de la plus ancienne famille, les Benyounes.
Seulement, ces 200 m2 font partie, selon nos informations, du terrain de la ZET à l’ouest de Zemmouri-el-Bahri.
De plus, si effectivement, ces 200 m2 et les autres parcelles ont été acquises chez cette famille, le terrain parcellé est juridiquement dans l’indivision. Les acquéreurs ne pouvaient donc pas obtenir l’acte de propriété et n’ouvraient pas droit à l’établissement du permis de construire.
«Si l’APC avait mis un panneau interdisant la construction, je n’aurais pas construit», rétorque le propriétaire des 200 m2.
Abachi L.
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Posté Le : 06/06/2021
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Abachi L.
Source : lesoirdalgerie.com du samedi 5 juin 2021