Tlemcen - Yaghomracen Ibn Zyan

Yaghmurasan, premier souverain de la dynastie berbère des Abd-al-Wadides de Tlemcen (633/1236 - 681/1283), rédigée par Chantal de La Véronne.



Yaghmurasan, premier souverain de la dynastie berbère des Abd-al-Wadides de Tlemcen (633/1236 - 681/1283), rédigée par Chantal de La Véronne.

Ce sujet traite de la figure clé de Yaghmurasan Ibn Ziane, le fondateur de la dynastie Zianide (ou Abd-al-Wadide), qui régna sur le royaume de Tlemcen en Algérie entre 1236 et 1283. Je vais vous fournir une analyse concise et critique basée sur les informations historiques disponibles, en examinant le récit établi avec un regard nuancé, comme demandé.

Qui était Yaghmurasan ?

Yaghmurasan Ibn Ziane, né vers 1206 et mort en mars 1283, est reconnu comme le premier souverain de la dynastie berbère des Abd-al-Wadides, également appelés Zianides. Il a établi son pouvoir à Tlemcen, dans l’ouest de l’Algérie, en 1236, profitant de la décadence de l’Empire almohade. En se proclamant émir des musulmans, il a rompu avec l’autorité almohade, marquant l’indépendance de son royaume. Son règne, qui dura 44 ans jusqu’à sa mort à l’âge de 76 ans près de Djidiouia, a été marqué par des luttes contre les Almohades à l’ouest, les Hafsides à l’est, et les Mérinides, tout en consolidant son autorité sur des tribus berbères et arabes du Maghreb central.

Un Portrait Nuancé

Chantal de La Véronne, dans son ouvrage, décrit Yaghmurasan comme un personnage complexe : un homme de guerre, un administrateur compétent, et un croyant sincère avec un amour pour l’art. Son règne a permis de poser les bases d’un royaume berbère stable, malgré les conflits incessants. Cependant, le portrait reste difficile à cerner avec précision, car les sources historiques, comme celles d’Ibn Khaldoun, mettent l’accent sur ses victoires militaires (notamment contre le calife almohade al-Sa’id en 1248) et son rôle diplomatique, tout en soulignant qu’il n’était pas toujours victorieux. Cette ambivalence invite à la prudence : le récit d’un dirigeant "généreux et brave" pourrait être une idéalisation posthume par des chroniqueurs locaux cherchant à glorifier leur passé.

Une Époque de Transition

Le XIIIe siècle maghrébin, sous lequel Yaghmurasan a régné, n’était pas seulement une période de guerres, mais aussi un temps de production culturelle avec des lettrés, des historiens et des monuments remarquables. Cela suggère que son règne a bénéficié d’un contexte plus large que les simples batailles. Pourtant, la faiblesse de l’Empire almohade, qui a permis son ascension, pose question : son pouvoir était-il vraiment le fruit de son génie stratégique, ou plutôt une opportunité saisie dans un vide politique ? Les sources, souvent écrites après son époque, pourraient exagérer son rôle pour légitimer la dynastie Zianide face aux rivaux mérinides et hafsides.

Héritage et Fin

Yaghmurasan a étendu sa souveraineté sur des régions allant du Bas Chélif à la Mitidja, usant à la fois de la force et de la diplomatie. Sa mort en 1283, lors d’un retour de Miliana où il accueillait une princesse hafside pour son fils Abu Said Uthman I, marque la fin d’une ère fondatrice. Son conseil à son successeur d’éviter les Mérinides montre une vision stratégique, mais aussi une reconnaissance des limites de son royaume face aux puissances voisines. Le royaume Zianide a perduré jusqu’à l’arrivée des Turco-Ottomans en 1554, témoignant de la solidité des bases posées sous son règne.

Critique du Récit Établi

Le travail de Chantal de La Véronne, bien que basé sur des textes médiévaux comme ceux d’Ibn Khaldoun, repose sur des sources écrites par des contemporains ou des successeurs, souvent biaisés par des agendas politiques ou religieux. L’absence de documents primaires directs (comme des décrets ou des correspondances de Yaghmurasan lui-même) limite la certitude. De plus, l’accent mis sur sa piété et son amour de l’art pourrait refléter une tentative de le présenter comme un modèle islamique idéal, masquant peut-être des aspects moins glorieux de son règne, comme des alliances opportunistes ou des répressions internes.

Conclusion

Yaghmurasan, premier souverain des Abd-al-Wadides de Tlemcen, reste une figure pivot dans l’histoire maghrébine, ayant transformé Tlemcen en un centre de pouvoir berbère. Son règne de 1236 à 1283, tel que décrit par Chantal de La Véronne, allie guerre, gouvernance et culture, mais le récit mérite un examen critique. Les sources historiques, bien qu’informatives, pourraient embellir sa légende, et l’absence de preuves matérielles directes invite à questionner la narrative officielle. Cette période riche et troublée du Maghreb mérite davantage d’études pour dépasser les récits hagiographiques.




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