En marge du Colloque international sur le savant, théologien et ascète, Cheïkh Senouci, initié par la direction des Affaires religieuses et des wakfs avec le concours de la wilaya, qui s'était tenu dernièrement à la Faculté de médecine Dr Benzerdjeb de Tlemcen, une excursion a été organisée au profit des participants (chercheurs et universitaires) et invités (imams et chef de zaouïas) au pays des Béni-Snous, dont est originaire le saint (il y naquit en 830 de l'Hégire), une région située à quelque 35 km à l'ouest de Tlemcen.
La veille, une soirée musicale a été donnée en leur honneur à la maison de la Culture, animée juteusement par un certain Nouri Koufi. Le départ s'est fait vers 9h à partir de l'hôtel Les Zianides. La journée s'annonçait ensoleillée quoiqu'un tantinet froide. Escorté de 4X4 Toyota de la gendarmerie et d'une ambulance SAMU, le convoi formé de 4 superbes autocars s'ébranla en direction de Bab El-Khemis, précédé de deux véhicules transportant des officiels, sans oublier l' « omniprésente » équipe de la télévision de la station d'Oran. Les commentaires allaient bon train sur les travaux du colloque de la veille. Notre « guide », Hadj Abdelaziz Rasmalou, directeur de la Culture auprès du ministère des Affaires religieuses et des wakfs, invita le Cheïkh Mohamed Tayeb, chef de la tarika cheïkhiya de Labiod Sidi Cheïkh, à chanter un extrait de la qacida « Yaqout » (174 vers) de Sidi Abelkader Benmohamed, issu de la même région. Au lieu de passer par Lalla Setti via Birouana, une occasion à ne pas rater pour admirer la belle forêt des Petits Perdreaux et le merveilleux parc d'attractions, le cortège prend la route du Maroc en passant par Bab El-Khemis (La porte de l'Armée) pour bifurquer à gauche vers le village de Mansourah, des vestiges des murs en pisé de l'ancien Moçalla de Mansourah. La loi religieuse musulmane veut que la prière supplémentaire du matin, faite seulement à l'occasion des deux fêtes, Aïd El-Fitr (Seghir) et Aïd El-Adha (El-Kebir) et accessoirement la prière surrérogatoire dite El-Istisqa (invocation de la pluie) ait lieu hors des murs de la ville (extra-muros), en un endroit découvert et qui peut être entouré de murs. A hauteur de l'intersection menant vers Boudghène et Riadh se dresse, parmi les vergers, le superbe centre de bienfaisance dit Benkalfat (hospice cédé à la DAS au profit d'enfants handicapés) exploité « culturellement » par l'ECOLYMET qui en a fait son siège d'appoint (à celui du Méchouar). Non loin, se trouve la légendaire source Lachachi qui servait de fontaine publique pour les visiteurs de passage. Plus haut, les cars, nerveux, montent, offrant aux voyageurs un panorama aussi grandiose que réjouissant. On passe auprès du curieux site des Béni-Boublane, dont les habitants avaient pour demeure des grottes sur lesquelles est situé un cimetière (ce site insolite fut décrit aussi bien dans le roman « L'incendie » de Mohamed Dib que le film (du même titre adapté du roman précité) de Mustapha Badie). Le patron du village est Si Hammou ou Moussa dont le mausolée éclatant de blancheur domine le petit plateau. A gauche, avant d'arriver à la bifurcation vers Lalla Setti, trône la mythique « statue » de la mariée momifiée (putréfiée) « El-Aroussa el ma'ùmsoukha », en fait, un rocher au galbe énigmatique. Bientôt, on arrive à la source du Zarifet (1.200 m) qui marque la bifurcation entre la route de Sebdou et celle de Béni-Snous, où l'on s'engage parmi des collines couvertes de diss et d'alfa. On laisse sur notre droite, en contrebas le centre cynégétique du Zarifet (qui accueillit en 2007 un groupe d'enfants de la corporation de la presse dans le cadre d'une excursion organisée par l'association « Mourad Bloud »), abrité par l'ancien centre de colonies de vacances des chemins de fer français (SNCF). Après une dizaine de kilomètres, on pénètre dans la forêt d'Ahfir, magnifique forêt de chênes-lièges et de chênes verts. Elle recèle un gibier important. On y trouve le sanglier. Une panthère y aurait été abattue dans les années 40. En face ? vers le sud, la chaîne jurassique des Monts de Tlemcen se prolonge dans une teinte violacée jusqu'aux confins marocains, laissant apparaître de part et d'autre des falaises ressemblant à des proues de navires que les autochtones appellent Korn-Zahra, Korn-Tamerskhert, Korn-Asfour... Constituée de grès et de calcaires fortement bouleversés, cette région présente des sommets élevés, tels que le Djebel Tenouchfi (1.843 m) et le Djebel Terricht (1.502 m). Elle est parcourue par des vallées profondes, tributaires de la haute Tafna. Les aspects sont sauvages et pittoresques. Le coup d'oeil est impressionnant. C'est là que vit la tribu des Béni-Hediyel...
Au pays des Azaïls
Nous sommes maintenant en plein pays des Azaïls. La couleur rustique est vite annoncée. Au milieu d'un champ, deux paysans, assis en position de tailleur, étaient en train de trier les olives qu'ils venaient de cueillir. On entame la visite de Béni-Snous avec son « tripole » (Tafessera-Tléta-Zahra) à l'instar de la pentapole de Ghardaïa. Le long d'un chemin caillouteux et malaisé, les bus pénètrent dans Tafessera, la cité peut-être la plus ancienne, capitale du roi berbère Cherwân, disent les vieux habitants, frère du Malik-el-Djidar d'Agadir (Tlemcen) et de Lablak le Chauve d'Oujda. Au XVIè siècle, le voyageur Hassan El-Wazane (Léon l'Africain) l'avait décrite dans ses mémoires comme ville entourée de remparts, à l'abri desquels florissait un monde d'artisans habiles et de commerçants opulents. Une vaste nécropole et des qoubbas attestent son importance passée. On est invité à visiter la plus vieille mosquée, dit-on, de la région de Tlemcen (Agadir est considérée comme la plus ancienne). A l'entrée se dresse un panneau signalétique installé par les soins de l'office du tourisme (au titre de l'UGP) sur lequel on peut lire : « La mosquée de la ville de Tafessera est l'un des monuments historiques de cette ville, elle a été érigée durant les conquêtes musulmanes ». En nous voyant prendre des notes, un habitant a tenu à corriger l'inscription : « A la place de durant, il faut mettre avant... les conquêtes musulmanes ». Chose qui sera confirmé par le Dr Mohamed Hamdaoui lors de sa prise de parole. En effet, cette mosquée où Cheïkh Mohamed El-Alaoui enseigna le Coran était un lieu de culte chrétien, seul le minaret vieux de 13 siècles atteste d'une présence islamique. D'obédience almoravide au début, les Béni-Snous prêtèrent par la suite allégeance aux Almohades. Ce qui leur valut des représailles sanglantes exécutées par une milice stipendiaire chrétienne conduite par un certain Roberto. En matière d'architecture, le Karrich et le Gabba étaient des matériaux (bois) de construction de base, car réfractaires aux mites. On saura, par ailleurs, qu'il existait des industries de fer et de briques pleines. La restauration était toutefois assurée à l'époque coloniale par... les ponts et chaussées. Léon l'Africain et Afred Bel seront cités à ce titre comme sources. Sur le registre toujours anthropologique, la région des Béni-Snous remonte à 5.000 ans avant J-C, selon M. Guentari qui indiquera que la population d'origine zénatie et senhadjie (les Koutamas étant partis au Maroc) utilisaient les signaux de fumée et le tam-tam comme mode de communication à l'instar des Indiens d'Amérique. Il soulignera en historien averti que les Béni-Snous, une région qui n'était peuplée en 1954, selon lui, que de 3.000 habitants, ont payé un lourd tribu lors de la guerre de libération avec 1.071 chouhada (il a offert au président lors de sa dernière visite à Tlemcen un dictionnaire biographique des martyrs de la région). Le Dr Mohamed Hamdaoui, en bon sociologue, qui plus est, est fils de la région, n'omettra pas de donner l'étymologie de Tafessera qui s'appelait initialement Tafser qui signifie en berbère « la main de Dieu ». Une copieuse collation sera offerte en l'honneur de la délégation au milieu de la cour de la mosquée historique : un buffet garni de tranches de « mal'oui », de dattes, de figues sèches et d'olives du cru, le tout « arrosé » de thé à la menthe...
Les traces de l'histoire
Quittant Tafessera, on gagna le village de Tléta (El-Meghanin pour les habitants). Les maisons en pierre sèche parsèment les rochers. Une vieille mosquée, qui porte le nom de Sidi Ali Magnin, un saint mystique, abrita comme étudiant, au début de l'occupation, l'Agha Benabdellah (qui habitait El-Medress et plus exactement derb Sidi El-Yeddoun), le premier serviteur de la France dans la région, dont l'assassinat à Tlemcen par le capitaine Doineau (1856) donna lieu à un procès célèbre. Ce fut d'ailleurs l'une des causes de la fin du régime des Bureaux arabes. On a rencontré des maisons en chantier. La fièvre du béton n'épargne aucun coin. Un petit magasin KMS « Flexy » contraste avec le reste du paysage. Visite de la nouvelle mosquée : du lait de vache et des dattes sont offerts aux hôtes. Nous avons reconnu parmi un groupe d'habitants massés devant la porte le fossoyeur en chef préposé au cimetière Cheïkh Senouci de... Tlemcen.
Sur la colline Koudiet-er-Roum, un cercle en pierres marque, comme une couronne, l'emplacement d'un poste fortifié romain, disent les habitants dont certains évoquent les « Wandels » (Vandales) au lieu des Romains. Il s'agit en fait d'un poste de guet berbère situé sur la Route de l'or, d'après le Dr Hamdaoui.
Au flanc est, entourée d'un vieux cimetière, se dresse une maison cubique et délabrée, regardant plus bas le village et sa mosquée. C'est l'ancienne école du village. Elle servait autrefois d'écurie au Caïd Khabichat ; il la prêta à l'Administration, puis, pour éviter la prescription trentenaire, la loua 1 franc par an pour l'usage de l'Enseignement. Notons au passage que le regretté Fardeheb Djilali (1901/1957), doyen des correspondants à Tlemcen (signant sous le pseudonyme de Souridor) assassiné le 1er février 1957 lors de la grève des 6 jours décrétée par le FLN, débuta sa carrière d'instituteur à Tléta (1920-1921) avant d'aller exercer (le plus beau métier) à Zoudj Beghal, à la frontière algéro-marocaine à l'instar de Mohamed Dib...
Sur les traces de Cheïkh Senouci, la virée dans son fief, la région des Béni-Snous, continue. Retour dans une région qui se souvient encore presque de tout.
Les Juifs de «Tléta» et les autres
Tléta a toujours abrité une colonie de Juifs que l'on distinguait difficilement des Berbères, c'est-à-dire des autochtones. Et pour cause, ils portaient les vêtements indigènes et parlaient l'arabe ; ils vivaient de leur petit négoce de marchands d'oeufs, de leur métier de savetiers ou de fabricants de bâts pour bourricots. Très croyants, ils célébraient ensemble le Sabbat dans la maison de l'un d'eux. Deux versions se disputent l'origine du mot Tléta : (les) trois religions (Islam, Judaïsme et Christianisme) et (les) trois hameaux épars dont les habitants devaient se rassembler chaque semaine pour accomplir ensemble et sur les lieux la prière du Vendredi...
A 300 m vers l'ouest, se cache le riant et radieux village de Zahra (la fleurie) parmi les vergers aux riches frondaisons. Le long du ruisseau Aïn Madra, s'érigeait le petit palais des Khobichat, apparentés aux Benabdellah. Nous sommes accueillis dans les ruelles étroites par une population remuante et étonnée qui sort comme d'une fourmilière dérangée. On s'attendait à être assaillis par des enfants pour nous vendre des objets en alfa tressé ou en laines teintes de couleurs naturelles. Rien de cela. L'artisanat semble subir de plein fouet les mutations socio-économiques, voire écologiques, puisque les traditionnelles nattes ont été supplantées par des tapis à base de déchets de plastique (sachets de lait) qu'on récupère à cet effet. Soulignons dans ce contexte que le film « Les nattes de Béni-Snous » du réalisateur Abdelmadjid Djebbour était nominé au dernier « Ecran d'or » organisé par l'ENTV. Quant au film « La femme Senoussia », il a été diffusé sur la télévision nationale la veille de la tenue du colloque sur Cheïkh Senouci. Programmation ou simple coïncidence ?... On nous fait visiter la nouvelle mosquée. Auparavant, c'est l'ancienne mosquée Zitouna « désaffectée » vieille de 5 siècles, servant d'école coranique, qui eut les honneurs. Un intérieur austère. Murs écaillés. Des tablettes du Coran sont posées à côté du Mihrab. « Ici se trouve le sanctuaire de Ahmed Talbi », nous renseigna Si Bouziane Abdelkader, un habitant apparemment au fait de l'histoire de la région. Lorsque nous avions demandé à M. Ammar Talbi, écrivain et rédacteur en chef de la revue El-Bassaïr, qui faisait partie de la délégation, s'il « connaissait » ce santon qui porte le même patronyme que lui, il nous répondra par la négative. Au milieu de la cour, un habitant, Hamdaoui Mamoun, prit la parole pour évoquer avec passion la mémoire d'un héros de la région, le chahid Moulay Mamoun qui sacrifia aussi 7 de ses fils, qui font partie du lourd tribut payé par la population du village (plus de 100 chouhada, selon le premier cité). Quant à l'appellation Zahra, elle serait liée à la présence de la source étincelante comme « l'épée tirée du fourreau ». Après la traditionnelle collation, on quitte le village ou plutôt la région des Azaïls. A la sortie, une école primaire attira notre attention : un toit abrite une station BTS (téléphonie mobile) ! Sans commentaire...
En cours de route, le jeune Derdara Kada, un non-voyant, originaire de Mascara, étudiant à la mosquée Béni-Achir de Kiffane (primé lors du dernier concours de Ramadan), nous gratifia d'une belle psalmodie de Coran qui suscita l'admiration de tous.
C'est à 10 km plus loin que nous pénétrons au village de Khémis, le véritable chef-lieu des Béni-Snous. Des réminiscences scolaires des années 60 ressurgissent à cet instant-là dans notre esprit : notre professeur de français au collège Jules Ferry, monsieur Aimé, un coopérant, nous parlait à chaque fois de la région de Khémis. Etait-il vraiment un coopérant ou un missionnaire ? « Béni-Snous vous souhaite la bienvenue », annonçait une banderole accrochée à l'entrée du village. Encaissé entre deux montagnes, il laisse couler près de lui un torrent impétueux, l'Oued Khémis, qui, parmi des jardins ravissants, ira rejoindre la Tafna au barrage de Béni-Bahdel...
On passe devant le marché des fruits et légumes, en fait, des étals de fortune. Du bric-à-brac étalé aussi par terre. « Regardez cette jolie botte de cardes », s'écria un passager. Direction cimetière Cheïkh Senouci au lieu-dit Hafs (Béni-Hamou), alter ego de celui de Aïn Ouazouta de Tlemcen. C'est Cheïkh Benchiret, enseignant dans un lycée, qui prononcera sous un arbre l'allocution de bienvenue. Il indiquera au passage que certaines familles attribuent à leurs enfants le prénom de Senouci ou Senoucia en hommage au saint homme. « Où est la tombe ou le sanctuaire de Cheïkh Senouci ? », avons-nous demandé. « Normalement, c'est là-bas, là où il y a ces kouirat, ce kerkar (amas de pierres) », nous renseignera un élu. Devant notre étonnement, on nous expliqua que Cheïkh Senouci « disposait » de deux sanctuaires (tombes), d'où l'appellation ou plutôt le titre de « Bou Qabraïn » (à l'instar de Cheïkh Abderrahmane Ettaâlibi d'Alger). On changea ensuite de cap pour découvrir « El-Masdjid El-Atiq » (la vieille mosquée) jouxtant deux grottes naturelles qui abritaient des écoles coraniques, jouissant du facteur isothermique (chaud en hiver et frais en été), outre l'avantage « optique » par rapport au moudarris (voir les élèves sans être vu). Un ancien habitant du quartier, imam de son état, dont la maison familiale jouxte le lieu de culte regrette les travaux d'extension qui ont dénaturé ce monument religieux.
Retour aux cars. Une discussion intéressante s'engage entre l'imam intellectuel et un chercheur de Kabylie. Une analyse comparative de l'architecture et l'arboriculture entre la Berbérie de l'ouest et la Kabylie du centre. Des vocables comme « tafza, tagga, terrah » (matériaux traditionnels) revenaient souvent. On passe devant Djebel Moulay Abdelkader. « Là-bas se trouve le sanctuaire d'un Rabb juif au lieu-dit Chaâba Ouled Chouari », nous indiquera le prédicateur. Et de se souvenir des visites thérapeutiques sur les lieux pour guérir (de) la coqueluche à l'instar de Rabb Nqaoua de Kebassa. A Khémis, il y avait Diar El-Arab, en référence au quartier indigène par rapport à la communauté juive. Il évoquera également la légende du trésor de Salomon qui serait caché dans un tunnel sous le Djebel Boufarroudj. Toute personne ou animal qui s'aventurerait dans les parages serait aspiré comme par un effet de magnétisme et englouti par la terre. Mythe ou réalité ? On passe devant un chantier « officiel » : les nouveaux sièges mitoyens et de couleur uniforme de l'APC, la daïra et la Sûreté de daïra. Une conception et une architecture dont seules les autorités locales ont le secret. A propos de sécurité. Un sinistre Play back est opéré par notre guide de fortune (l'imam). Un bilan horrible. Mai 1993 : Assassinat du DEC, destruction du parc communal, incendie du CEM (archives perdues), vol de 70 têtes de bétail... L'appel à la prière du dohr se fait entendre. Un quartier libre est accordé. L'estomac se creuse. Hospitalité oblige, le maire Boudjrad Ahmed nous invita chez lui. Une partie de la délégation occupa le rez-de-chaussée, l'autre monta à la terrasse où il fallait supporter le froid. S'appuyant sur deux béquilles, un handicapé dut gravir les escaliers, car personne ne voulut lui céder sa place en bas. Ah ! Egoïsme quand tu nous tiens. Exit l'humanité en dépit d'une forte présence de gens pieux. Heureusement que le plat du partage nous réunit tous : un délicieux couscous aux raisins secs garni de gros morceaux de viande et accompagné de lait de vache... « Hada min fadl Allah », a tenu à préciser le P/APC. Traduisez : vous n'étiez pas les hôtes de l'APC mais chez un notable à titre privé... On se rappelle dans ce contexte le désengagement du chef de daïra qui avait promis de prendre en charge l'organisation du centenaire de la mort de Sidi Mohamed Ben Abdelkrim Al-Maghili Et-Tilimçani, dont la cérémonie d'ouverture devait avoir lieu à Béni-Snous (en juin 2003), à l'initiative du collectif Senouci sous la houlette du chercheur en legs universel Hadj Mohamed Baghli (dont les organisateurs du colloque sur Cheïkh Senouci ont « omis » le nom sur la liste des participants).
Le carnaval d'Ayrad, les barrages...
Le village, pardon la ville de Khémis célèbre chaque année la fête de Ennayer, en organisant le soir du 12 janvier, le célèbre carnaval d'Ayrad initié par l'Association Edhakira Senoussia (qui invita il y quelques années le président défunt du HCA à l'occasion d'une semaine culturelle organisée à la maison de la Culture Abdelkader Alloula). « Toute la vallée des Béni-Snous est surnommée le pays des mystères et des miracles, en raison de ses spécificités culturelles, explique l'universitaire Mohamed Saridj. Depuis la nuit des temps, la population laborieuse, solidaire, a toujours combattu les prédateurs qui tentaient de la soumettre (en l'occurrence le roi berbère Chechnaq qui vainquit les armées des pharaons venus en envahisseurs) »... Il est 15h. On marque une halte au barrage de Béni-Bahdel. Un niveau indigent malgré les dernières pluies. La centrale hydroélectrique semblait à l'arrêt. Des indications techniques et historiques sont données par le Dr Hamdaoui selon qui, ce barrage, construit en 1949, alimentait même la ville d'Oujda (Maroc) lorsqu'il produisait 600 KW/h. Sur ce site existait par ailleurs un centre de torture souterrain utilisé par la soldatesque coloniale.
De grosses balises apparemment en chômage technique décoraient les lieux... Un groupe d'écoliers pénétrait par une porte d'accès située en aval et empruntait un sentier pour vraisemblablement se diriger vers leur maison située quelque part dans un hameau. Cette scène fit revivre de vieux souvenirs d'enfance chez le directeur des Affaires religieuses, Oukourdane, originaire de Msirda Fouaga (Marsat Ben M'hidi) : « Moi aussi, comme ces enfants, je me tapais des kilomètres pour rejoindre l'école ; mon père m'acheta une « amboule » (lampe de poche) pour voir le chemin à l'aube, je me souviens de cela comme si cela datait d'hier »...
Retour sur Tlemcen. Sur la route de Terny, on croise deux vieilles paysannes marchant sur le bas-côté, portant chacune un fagot de bûches sur leurs dos courbés, destiné au chauffage et probablement à la « frina » (pain de maison). Un spectacle qu'on croyait révolu. Une pluie fine commençait à tomber. Ressentant le froid incisif de Terny, des passagers demandèrent au chauffeur de mettre en marche le chauffage. Le confort est gratuit.. A Sebdou, la Toyota de tête de la gendarmerie nous faussa compagnie sans crier gare.
Le 4X4 s'arrêta et l'officier intima l'ordre au conducteur d'un tracteur avec benne de transport de se ranger sur le bas-côté. PV séance tenante. Un peu plus loin, c'est un camion de transport de bétail qui est « escorté » jusqu'au barrage fixe de Mansourah où il fut « cueilli » par l'escadron posté à ce niveau. Comme quoi, la sécurité est une chose indivise et une mission (escorte d'une délégation) n'exclut pas une autre, cruciale, à savoir l'intervention énergique et intransigeante en cas d'infraction flagrante au code de la route, ou toute autre infraction...
Je découvre ce texte avec un immense plaisir. Me reviennent en mémoire tant de souvenirs! Merci.
GRIFFE Jrme - Retraité (Professeur coopérant à Tlemcen de 1963 à 1971) - Perpignan, France
06/02/2015 - 239986
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Posté Le : 15/08/2010
Posté par : tlemcen2011
Ecrit par : par Allal Bekkaï Dimanche 28 decembre 2008
Source : www.lequotidien-oran.com