Tlemcen - Ecologie

Tlemcen - L'économie verte en question



Tlemcen -  L'économie verte en question


En dépit du peu de moyens dont elle dispose, l'Association pour la sauvegarde et la promotion de l'environnement de la wilaya de Tlemcen (Aspewit) continue, contre vents et marées, à éditer sa revue intitulée Bulletin.

Le président Bouayed Morsli et son staff ne lésinent pas sur les efforts pour que le Bulletin paraisse dans les délais. Cette équipe fait un travail titanesque et tout ce qu'elle fait est dans le cadre du bénévolat, tout comme les autres spécialistes qui enrichissent la revue par leurs contributions.

Depuis 1988, la revue de l'Aspewit, qui s'est imposée comme une des toutes premières revues spécialisées dans la sauvegarde et la protection de l'environnement, a réussi son pari. Pour ce douzième numéro, tout y est, tant sur le fond que sur la forme: une présentation aérée et colorée, des textes enrichis de photos en couleurs de très grande qualité font de cette revue une source solide d'informations sur l'environnement et le développement durable.

Dans son éditorial, M. Bouayed Morsli s'interroge: «Actuellement, on parle d'économie verte, Rio 20, de changements climatiques… Notre société est-elle sur la voie du développement durable ou bien est-elle sur une orbite d'une image virtuelle? Quelle est la stratégie à adopter? Quels sont les fondements de cette politique verte? Sommes-nous toujours à la phase préliminaire de ramassage des ordures ménagères ou d'autres déchets, rejetés parfois en pleins milieux naturels. Avons-nous assuré notre autosuffisance alimentaire, malgré les richesses naturelles qu'offre notre pays. Avons-nous utilisé rationnellement nos terres et sauvegardé notre patrimoine naturel contre l'urbanisation sauvage? Avons-nous préservé nos eaux, nos sources, nos cours d'eau, là où se trouve l'eau se trouve la vie? Avons-nous protégé comme il se doit nos terres contre le fléau redoutable de la désertification qui ne cesse de progresser d'année en année? Avons-nous aidé la société civile à se promouvoir?

Notre association (Aspewit) édite ce dernier numéro malgré toutes les difficultés financières que cela engendre. C'est un édito qui interpelle plus d'un, au moment où tout le monde aspire à des changements. Cette fois-ci, le contenu est très riche: on y aborde le Rio 20/PNUD, l'économie verte, la poésie populaire algérienne, la pollution par le plastique en Méditerranée, le drame de l'explosion du gaz à l'université, Abdelkader «El-Medjaoui» et l'hommage rendu au maître Abderrahmane Sekkal. Le lecteur retrouvera des thèmes développés avec force précision.

Signalons, au passage, ce thème consacré à la pollution par le plastique en Méditerranée. Mais, indubitablement, le sujet qui reste phare et qui occupe plusieurs pages est celui bien ficelé par le consultant en aménagement du territoire, M. Kouider Djebli, qui a livré une longue réflexion autour du sujet qui est le centre des discussions internationales sur le climat et des stratégies de développement durable, à savoir l'économie verte. Il s'agit de «L'économie verte: une opportunité pour l'Algérie».

Kouider Djebli revient sur les expressions «économie verte et «croissance verte» qui sont aujourd'hui entrées dans le langage courant. Il propose, ainsi, de faire le point sur ce concept, les débats qu'il soulève et les expériences algériennes dans ce domaine.

«Si l'on parlait, à la fin du siècle dernier, de développement durable, juste après le sommet de Rio sur l'environnement, aujourd'hui, à la veille du sommet de «Rio 20», on entend de plus en plus parler d'«économie verte», de «croissance verte» ou de «green business». Le développement durable avait une conception beaucoup plus transversale fondée sur les principes de l'aménagement durable du territoire, l'économie verte tout en s'appropriant les dimensions sociale et environnementale fonde sa démarche sur les activités économiques durables. L'économie verte comprend non seulement des aspects environnementaux (la protection des ressources naturelles et la lutte contre les effets du changement climatique, la prévention des risques) mais aussi des aspects économiques et sociaux (la création d'activités et d'emplois). Cette nouvelle économie verte est devenue aujourd'hui un axe stratégique essentiel dans la définition des politiques économiques des pays avancés. En 2009, les Etats-Unis, l'Allemagne, le Japon et la France occupaient les quatre premières places sur le marché mondial des activités vertes».

Pour ces pays, l'économie verte se présente, écrit-il, comme une solution aux crises multiformes générées par la mondialisation et la financiarisation de l'économie et comme une alternative sérieuse au développement industriel classique qui repose, lui, sur une consommation effrénée des ressources naturelles, notamment les énergies fossiles à forte émission de carbone.

«L'économie verte est porteuse d'innovation, elle se trouve, en effet, à la croisée des filières technologiquement les plus avancées, il s'agit des énergies nouvelles, des technologies de l'information et de la communication, de la nanotechnologie, des bâtiments à haute performance énergétique, etc. Pour être à l'avant-garde des activités fondées sur l'économie verte, les pays cités ci-dessus ont mis en œuvre des politiques publiques audacieuses qui ont joué un rôle essentiel dans le développement de technologies et d'activités «propres» génératrices d'emplois. Cependant, force est de reconnaître qu'une économie verte réussie doit obligatoirement s'élargir et intégrer d'autres acteurs tels que les collectivités locales, les entreprises publiques et privées ainsi que la société civile en tant que consommateurs générateurs de déchets ménagers et acteurs sociaux. Ainsi, l'économie verte n'est pas seulement une économie de préservation, de protection et de prévention, elle est aussi et surtout une économie de production et de création d'emplois. A l'horizon 2030/2050, le programme des Nations unies pour l'environnement prévoit la création des dizaines de millions d'emplois dans les activités liées à l'économie verte. L'emploi vert sera créé dans les activités liées à la protection de l'environnement (protection de la nature, biodiversité, paysages…), à l'éco-efficacité, au développement des énergies renouvelables et au rôle citoyen de l'entreprise comme acteur majeur du développement durable».

En Algérie, le concept d'économie verte n'est pas très répandu et reste quasiment absent de la littérature politique et économique, explique le consultant en aménagement du territoire, M. Kouider Djebli.

«Nous assistons cependant, ces dernières années, à une véritable prise de conscience des problématiques liées au développement durable, à la protection de l'environnement, à la promotion des énergies nouvelles comme alternative sérieuse aux hydrocarbures et aux opportunités que peuvent offrir ces «nouvelles frontières» pour la diversification de son économie, l'amélioration de l'attractivité de l'Algérie, pour l'innovation et la création d'emplois».

Pour égayer, comme à son habitude, les lecteurs avec des récits amusants de «Confidence pour confidence», le bulletin de l'Aspewit nous livre ces deux confidences amusantes: «Les travaux de restauration du palais du Méchouar, entrepris depuis plus d'une année, ne sont pas encore terminés. Nous avons remarqué sur le mur de l'enceinte des bandes crépies en blanc ne répondant ni à son état initial ni à l'harmonie des sites historiques. L'entreprise à laquelle a été confiée cette mission est-elle compétente pour la réalisation de tels travaux ? Confidence pour confidence, on a tout juste zébré le site».

Et: «On a édifié un palais des expositions sur les abords immédiats de la route nationale reliant Tlemcen à Oran, à proximité d'une station de carburants, sans se soucier du facteur risque imminent d'accident de la circulation en cet emplacement. Tlemcen manque-t-elle d'autres endroits appropriés ou d'urbanistes compétents? Confidence pour confidence, le site choisi pour le palais s'inscrit dans le dicton à l'attention des passagers, style m'as-tu vu?





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