Tlemcen: Jeûner pour la première fois selon les vieilles traditions

Durant le mois de Ramadhan, et à partir du 14ème jour, les familles Tlemceniennes accordent un intérêt particulier aux enfants qui pratiquent le jeûne pour la première fois, en vue de les initier et les préparer à accomplir le quatrième pilier de l’islam. Cette première tentative vise à inculquer à l’enfant, dès son jeune âge, les habitudes d’abstinence, la sensation de la faim et la joie ressentie après la rupture du jeûne. De nombreuses familles, veillent à célébrer cet événement selon les vieilles traditions, pour rendre ce jour inoubliable et le graver dans l’esprit du jeune jeûneur. L’enfant qui jeûne pour la première fois, est «récompensé» selon la spécificité de chaque région du pays. Et ce ne sont pas les traditions qui manquent dans la vaste Algérie. Pour le premier jeûne de leur enfant, les familles Tlemceniennes en font un cérémonial à même de l’encourager dans sa quête spirituelle et surtout pour le récompenser pour son effort et son courage, et c’est souvent le milieu du mois ou bien «Leilat el Quadr», 27ème jour du Ramadhan qui sont choisis, qui est selon les parents une occasion pour faire profiter les enfants des bienfaits de ce mois béni, et c’est le devoir des parents d’enseigner à leurs enfants les règles du jeûne et la bonne conduite à adopter pendant le Ramadhan». Dans certaines régions, comme Tlemcen, lorsqu’il s’agit d’une fille, on l’initie à la préparation de sa chorba dans les ustensiles qu’on a acheté spécialement pour cet événement, sachant que l’enfant qui jeûne pour la première fois se trouve au centre de toutes les attentions et il occupe, à l’heure du f’tour, une place d’honneur autour d’une table bien garnie, l’enfant devra boire un verre de lait et des dattes, dans lequel on aura plongé un anneau en or, suivie d’une boisson préparée à base de Mazhar, cette boisson est destinée à donner du tonus à l’enfant affaibli par une journée de soif et de faim. Pour ce qui est de l’anneau en or, il symbolise la pureté du jeûne de l’enfant en question, nostalgie d’un temps où les traditions et les us avaient leur pesant d’or dans la vie sociale algérienne. De l’achat des vêtements, à celui de la vaisselle ou encore la confection des gâteaux, les préparatifs de ce jour particulier se déroulaient selon des rituels rigoureux. Ce jour se voulait être un événement joyeux où il était le principal acteur et donc au centre de l’attention. Il était donc d’autant plus important de choisir la tenue dans laquelle l’enfant allait se présenter lors de la fête qui était donnée en son honneur. À Tlemcen, l’enfant qui jeûne pour la première fois représente la fierté de sa famille. En tenue traditionnelle, burnous pour les garçons et la célèbre «Chedda» pour les filles, on les emmène visiter la famille proche ainsi que les voisins. Une fois rentré à la maison, on attend la venue du photographe pour éterniser la joie de la famille et celle de l’enfant qui a reçu durant ses visites bon nombre de cadeaux, dans cette dernière, posée sur la table lors du ftour, les parents, ainsi que les invités présents à cette célébration, mettaient de l’argent ou des objets précieux en guise de récompense. Et après l’heure de la rupture du jeune, les parents invitaient les voisins, les amis et les proches pour faire la fête autour d’un plateau garni de gâteaux et de friandises, accompagnée de youyous exprimant la joie et la fierté de ces derniers.