Tlemcen - Environnement: il était une fois l'Aspewit

Le 5 juin est synonyme de Journée mondiale de l'environnement depuis 1974. Cette journée promulguée par le PNUE (Programme des Nations Unies pour l'Environnement) a été totalement ignorée cette année à Tlemcen, en raison des mesures prises par les autorités pour limiter la propagation du coronavirus.

Il faut rappeler que l'Association pour la sauvegarde et la promotion de l'environnement de la wilaya de Tlemcen (Aspewit) a toujours rappelé à cette occasion les enjeux écologiques que notre société doit prendre en compte et le rôle que doivent jouer les citoyens pour la sauvegarde de la nature.

Fondée en 1977 au siège du Syndicat d'initiative de tourisme (SIT) par MM. Mohamed Kourti (cadre des forêts), Baghdad Mâachou (cadre des forêts), Baba Ahmed (docteur), Gaouar Abdekrim (docteur), Mustapha Yadi (docteur), Morsli Bouayed (biologiste), Réda Benmansour (ingénieur agronome), Abdelkader Brixi (cadre des transports), Abdelaziz Brixi (cadre Onalait), Brahim Othmane (gérant du cinéma Luxe), Ghaouti Allal (docteur) et Farouk Brixi, l'Aspewit de Tlemcen est la première importante association de l'environnement créée en Algérie, avant même celles de Skikda (1985), Jijel et Boumerdès (1989), Annaba (1990) et Alger, Béchar (Saoura) et Oran.

Cette association qui s'est inspiré d'un article de la Constitution stipulant que «l'environnement est l'affaire de tous», s'est engagée à l'époque sur des thématiques en lien avec l'environnement (pollution, déchets ménagers, déforestation, sécheresse, qualité de l'air, biodiversité, changement climatique, etc.), afin d'agir devant cette inertie des autorités de l'époque qui niaient de façon systématique l'influence des pollutions en général et de l'environnement sur le cadre de vie des citoyens.

«Je me rappelle, l'idée est venue suite à un débat en 1977 entre plusieurs étudiants, médecins et cadres de Tlemcen dans une terrasse de la cafétéria El Nadjah sur une erreur d'implantation de la zone industrielle sur les vergers d'Aïn Defla commise par les responsables de l'époque. On s'est dit alors, pourquoi ne pas créer une association de protection et de sauvegarde de l'environnement. Une fois l'agrément acquis en 1979, c'est l'ingénieur agronome, Abdelaziz Gaouar, qui revenait d'Allemagne, qui a été désigné comme président de l'Aspewit et moi comme vice-président. Nous avons établi une liste de points noirs sur lesquels un effort important devait être entrepris de toute urgence. Les relations entre les membres de l'association étaient précieuses et se basaient sur la confiance et le respect mutuel. C'était une histoire du respect de l'environnement et de la nature. En janvier 1988, j'ai été désigné comme président de l'Aspewit. Nous avons établi un dépliant, qui a dérangé les autorités de l'époque à cause des caricatures réalisées sur les déchets des sites historiques de Sidi Boumediene, Méchouar et Lalla Setti, et sur la pollution de la ville de Ghazaouet. C'étaient des caricatures ironiques comme par exemple, celle de Ghazaouet où on écrivait: poisson en fuite vers l'Espagne, adios amigos. Et aussi sur le projet du téléphérique de Tlemcen qui est tombé à l'eau. Nous avons en outre poursuivi en justice en 89 et 90 plusieurs administrations sur l'abattement des arbres à Tlemcen, Ouled Mimoun, Chetouane et sur le vol du sable de la plage de Honaïne», a indiqué l'ex-président de l'Aspewit Morsli Bouayed (aujourd'hui président d'honneur de cette association depuis décembre 2019).

Défenseur acharné de l'environnement et passionné du patrimoine matériel et immatériel de la wilaya de Tlemcen, Morsli Bouayed a consacré son combat de tous les jours à la défense de la nature qui souffre des atteintes, souvent irrémédiables, causées par la démographie, la pollution et le manque criant de civisme.

Dans ce but, l'Aspewit a mené de nombreuses études et enquêtes. Elle a organisé des randonnées, des conférences et des expositions, et publié des dépliants, des petits guides thématiques et bouquins sur de nombreuses questions liées à l'environnement.



Khaled Boumediene