Il avait le don d'intuition et de lecture des âmes. Il connaissait la physiognomonie, le sens profond et les correspondances des formes, des attitudes et des gestes avec l'état présent et futur de l'âme, au point de pouvoir annoncer en voyant un de ses élèves remuer comment il tournerait vingt ans plus tard.
-Andalou, ayant voyagé en Orient, mort au Moghreb, Sidi Abou Madiân est le principal initiateur du çoufisme en Occident. De lui dérive, par Ibn Machîch et par Châdzili, le vaste mouvement chadzilite dont les Derqaoua, les Kittaniyn, les Kerzaziyn, les Cheikhiyn, les Naciriyn, les Zianiyn, les Aïssaoua. etc... sont des rameaux. Il est écrivain, savant, poète. Il est le Ghoûts, le Grand Secours, qui est, au sommet de la hiérarchie des saints, comme l'aspect mystique du Qouthb, du Pôle. Il est patron de Tlemcen. Son mausolée et la mosquée voisine sont parmi les chefs-d'œuvre de l'architecture méridine. Des milliers de pèlerins viennent chaque année les visiter.
Aboû Madiân Chou'aïb ben al Hossein al Ançârî naquit dans la région de Séville vers 520/1126, d'une famille d'origine arabe plutôt modeste. Son père mort, il fut élevé par des frères aînés, gardant leurs troupeaux avant d'apprendre le métier de tisserand. Quand il voyait quelqu'un lire, il s'approchait de lui et ressentait une angoisse de ne pouvoir en faire autant ; lorsqu'il passait devant une mosquée ou une école son coeur palpitait. Il s'échappait pour aller au cours des professeurs. Ses frères étaient opposés à cette vocation. L'un d'eux le menaça un jour de son épée ; Chou'aïb para le coup avec son bâton, et le fer se brisa. Interdit, le frère le laissa aller. Le jeune homme rencontra, au bord de la mer, ou du Guadalquivir, un vieillard, vêtu seulement d'un cache-sexe, qui pêchait à la ligne (un clou tordu au bout d'une ficelle), qui écouta son histoire et lui conseilla d'aller à la ville commencer sa quête de Dieu par l'étude de la science. Chou'aïb traversa le détroit, vécut à Tanger et à Ceuta avec le pêcheurs, se rendit à Marrakech, où il fut accueilli par ses compatriotes andalous qui voulurent ]'inscrire sur les rôles de la milice. C'est à Fès qu'il se fixa un certain temps et finit par trouver ce qu'il cherchait après s'être assis dans maint et maint cercle d'étudiants. C'est o d'Aboùl-Hassan Ibn Harzihim (mort à Fès en 559/1165) qu'il reçut pour la première fois un enseignement vivant, car ce maître parlait "pour Dieu" et non pas du bout des lèvres, touchait l'esprit et le coeur, non seulement les oreilles. Par lui, Chou'aïb prit contact avec les écrits des maîtres çoufis, spécialement Mouhâsibi, et sans doute aussi Chazâlî, que le cheikh admirait vivement.
LES ANNEES D'APPRENTISSAGE.
Bien qu'il travaillât parfois comme tisserand, le jeune homme devait être l'un des plus pauvres parmi les pauvres étudiants. Fès attirait déjà de nombreux tholba n'ayant guère d'autres ressources que la galette quotidienne et le couscous périodique des fondations pieuses. Un jour qu'il retirait son mante au au cours du maître il rougit en apercevant que ses vêtements tombaient en lambeaux. Le Cheikh fit une collecte parmi ses élèves et noua en cachette la somme recueillie à une extrémité du manteau de Chou'aïb.
Ce soir-là, l'étudiant rentra dormir dans une grotte du Zalagh, où il retrouvait d'habitude une gazelle qui dormait près de lui et lui donnait même de son lait. Cette fois, Chou'aïb remarqua que des chiens, affectueux à l'ordinaire, aboyaient après lui, et que la gazelle le fuyait. Il se demanda pourquoi, trouva l'argent et se dit : " Cette saleté est sur moi, à mon insu. Voilà pourquoi les bêtes me méprisent. " Et il jeta l'argent. La gazelle revint ; les chiens lui firent fête le lendemain matin et le cheikh, à qui il raconta son aventure lui dit : "Réjouis-toi, ton destin est fixé. "
Ayant entendu parler d'Aboù Ya'za, Chou'aïb Aboû Madiân alla le voir dans son désert de Taghia. C'est de ce rude montagnard berbère qu'il déclarait avoir reçu l'initiation à la voie çoufie remontant. par Jounaid de Bagdad, à Sârî as-Sagathî, à Habîb et Ajamî et à Hassan al Baçri. On cite aussi parmi ses maître Alî ben Ghalib (mort en 592/1166) qui fut surtout un érudit, Aboûlhassan ach Chawi ou Salaoui, et surtout Aboû Abdailah ad Daqqâq de Sijilmassa, mort à Fès, qui semble avoir été plutôt un illuminé qui lui aurait donné le froc çoufi et la licence d'enseigner.
Plusieurs biographes assurent qu'il rencontra à La Mecque le grand Abdelqader Jîlânî et que c'est de lui qu'il reçut la khirqa avec beaucoup de secrets (asrar).
Moins probables sont les rapports qu'il aurait eus, en Orient, avec Ar-Rifâ'î, (mort en 578/1182), le fondateur des derviches hurleurs, bien qu'on précise que les deux mystiques échangèrent leurs manteaux et que celui d'Aboû Madiân était teint au kermès. Il s'agit plus vraisemblablement, comme le dit AlBâdisi d'une certaine affinité spirituelle.
Quoi qu'il en soit, nous voyons qu'Aboû Madiân concentra en lui les enseignements initiatiques dérivés d'Al Jîlâni, d'Aboû Ya'za et d'Al-Ghazâli (par Ibn Harzihim et par Aboû Bakr Ibn al Arabî, maître d'Aboû Ya'za), toutes silsilas qui dérivent elles-mêmes de Jounayd et de l'Ecole de Bagdad, et qu'il transmit à Chacizîlî, par l'intermédiaire de Moulay Abdesselâm Ibn Machîch.
A BOUGIE, AU XIIè SIECLE.
Après avoir accompli le pèlerinage et le classique voyage d'études en Orient, Aboû Madiân se fixa à Bougie. Il avait pensé se retirer dans la solitude, mais un songe survenu à l'un de ses amis l'avait averti que sa vocation était d'enseigner dans les villes. Petit port peuplé surtout d'Andalous au milieu du XIè siècle, Bougie (Bijaya en arabe, Begaït en berbère) était devenue la capitale des Beni Hammad, qui s'y maintinrent jusqu'à la conquête almohade en 1152. Elle resta centre intellectuel jusqu' au XV' (1). En 1184, elle fut occupée quelque temps par les Banou Ghaniya, aventuriers almoravides venus de Ma jorque, qui essayèrent en vain d'arracher la Berbérie orientale à la dynastie almohade. Aboû Madiân, cantonné dans l'enseignement et la dévotion, ne semble pas avoir joué un rôle politique, comme le feront les Jazoûli, les Ben Yoûssef et maints autres chefs d'ordre. Ce n'est qu'à la fin de sa vie qu'il devint, on ne sait pourquoi, suspect au calife. Andalou, lui-même, il trouvait à Bougie des compatriotes nombreux en même temps qu'un milieu intellectuel favorable. L'admirable site de cette petite ville lui semblait disposer favorablement l'âme à jouir des bonheurs licites de ce monde. On passait souvent par Bougie pour se rendre d'Espagne en Orient. Tel fut le cas de Mohyieddîn Ibn Arabî, qui avait épousé à Séville une pieuse femme, Mariem, issue de la grande famille bougiote des Ibn Abdoûn. L'illustre auteur des Foutoûhât y passa en 597/1200 un peu après la mort d'Aboû Madiân. Il y était peutêtre venu en 590/1193, allant de Tlemcen à Tunis. Il appelle Aboû Madiân " notre cheikh et imâm... le maître des maîtres ", et se réfère souvent à lui. Il note l'hostilité des juristes à son égard. La réaction contre les penseurs originaux, philosophes ou çoufis, avait commencé dans les dernières années du règne de Ya'qoûb al Mançoûr et c'est peut-être pour cela qu'Ibn Arabî quitta le Moghreb pour l'Orient en 1200.
Les anecdotes rapportées par les biographes, les recueils des sentences et les poèmes d'Aboû Madiân peuvent nous donner une idée de ses méthodes, de ses enseignements et de sa " voie ".
Il avait le don d'intuition et de lecture des âmes. Il connaissait la physiognomonie, le sens profond et les correspondances des formes, des attitudes et des gestes avec l'état présent et futur de l'âme, au point de pouvoir annoncer en voyant un de ses élèves remuer comment il tournerait vingt ans plus tard. Un autre de ses élèves s'était disputé avec sa femme et songeait à la répudier. Le maître vit sa colère et son intention " écrites sur son burnous ". Le prenant à part, à la fin du cours, il lui dit : " garde ta femme et crains Dieu (Coran, XXXIII. 37)... Comment l'un de vous peut-il se laisser aller à la colère au point de casser sa propre vaisselle comme tu l'as fait cette nuit ? Remplace ce que tu as cassé et ne recommence plus. "
Aboû Madiân avait eu, comme le lui avait annoncé Aboû Ya'za, un fils d'une négresse. Ce fils, nommé Aboû Mohammed Abdelhaqq, était doué de double vue en présence de son père. Agé de sept ans, il disait, par exemple : Je vois sur la mer tels et tels bateaux où il se passe ceci et cela... " Quelques jours après, les navires arrivaient à Bougie et l'on constatait l'exactitude de la description. Si on lui demandait : " Comment vois-tu ces choses ? " , il disait : " Avec mes yeux ", puis il se reprenait, non, c'est avec mon cœur et aussitôt précisait : " non, c'est avec mon père, quand il est présent et que je le regarde. Quand il n'est pas là, je ne vois rien. "
Sa parole était si émouvante que les oiseaux s'arrêtaient dans leur vol pour l'entendre et parfois tombaient morts, selon Tâdilî. Mais il ne se laissait pas aller aux facilités. Il avertissait bien ses novices qu'il ne suffisait pas de faire de belles phrases, que l'effort s'imposait pour trouver le sentier, et que pour suivre ce dernier il faudrait aller de tourment en tourment. Pour suivre son enseignement, il fallait se présenter pur extérieurement et intérieurement, le corps propre, l'esprit net et disponible. Il semble avoir *été plutôt méfiant à l'égard des grandes effusions. Ses disciplesdevaient d'ailleurs insister sur cette " nuit obscure de l'étroitesse ", lait al qabdh au sein de laquelle Dieu se révèle mieux que dans les grâces sensibles et les consolations même spirituelles ; les adversités, non seulement mortifient l'amour-propre et répriment les passions, mais encore poussent l'âme à ne chercher refuge qu'en Dieu, inspirent une adhésion à sa volonté qui vaut mieux que tous les exercices de dévotion.
L'originalité ne l'effrayait pas pour autant, et il se souciait assez peu des critiques. Deux savants ayant entendu parler de ses connaissances exotériques et ésotériques, s'étonnaient, car ils avaient aussi appris qu'il n'avait pas dépassé dans le Coran la Sourate de l'Empire, la soixante-septième. Ils vinrent s'asseoir dans l'une des deux mosquées de Bougie où il professait, attendirent qu'il eut fini de parler et le saluèrent. Il les appela par leurs noms, connus intuitivement, et répondit à leur question, qu'en effet. il n'avait pas dépassé la Sourate de l'Empire. Elle était pour lui le comble de la magnificence, le lotus de sa limite (Coran LIII, 14). Il eut, en allant plus avant, été brûlé par la splendeur de la Face du Généreux. Puis " il marmotta sur eux une formule à la manière çoufie, pointant le doigt à droite, puis à gauche, et disant : Biya qoul alaya doul fa ana al koul ", phrase énigmatique qui signifie sans doute : " Parle par moi et indique-moi : Je suis le tout. " Les deux juristes partirent convaincus qu'il était un g and initié doué d'intuitions dépassant toutes connaissances acquises.
Aboû Madiân n'en disait pas moins qu'on ne peut connaître qu'une faible partie des sciences divines, cee que peut prendre de la mer le bec de l'oiseau dont Al Khadir traduisit les paroles à Moïse. Comme les grands çoufis de sa lignée, il se méfiait des miracles et disait que celui qui leur prête attention est comme un idolâtre.
En droit canon, il était de rite malikite. En théologie, il approuvait, dit-on, les quadariya contre les
abariya. qui nient le libre arbitre. Non moins raisonnablement il s'opposait aux anthropomorphistes qui prennent à. la lettre les expressions coraniques sur la face, la main, la bouche d'Allah. Il croyait, avec les ahi al Komoun, que les âmes de toutes les générations ont été créées en même temps et leurs germes déposés en Adam.
SENTENCES ET POEMES.
A défaut d'ouvrage en forme, Abou Madiân a laissé des recueils de sentences soigneusement ciselé s, denses, parfois d'une obscurité peut-être voulue, sur lesquelles se sont exercées la sagacité et l'ingéniosité des commentateurs. Les unes sont pleines de bon sens, les autres comme systématiquement paradoxales.
" C'est la corruption du peuple qui enfante les tyrans et c'est à la corruption des grands qu'est due l'apparition des fauteurs de troubles " est une maxime qui fait penser à la phrase de Joseph de Maistre sur les abus et les révolutions. " Qui se connaît soi-même ne se laisse pas séduire par les flatteries... La prétention vient de la sottise... Celui qui regarde les créatures avec concupiscence perd l'expérience et le profit qu'il pourrait tirer d'elles... " ne manquent pas de finesse psychologique, de même que " Prends garde aux novateurs, tu épargneras ta religion ; prends garde aux femmes, tu épargneras ton coeur " , se réclame de toute une tradition de moralistes.
Il insiste surtout sur la nudité spirituelle, la libération de tout le contingent. " N'arrive pas à la liberté parfaite celui qui doit encore quelque chose à son âme... Le cœur n'a qu'une direction ; quand il la prend, il s'éloigne des autres... Quand la vérité apparaît, elle fait tout disparaître... Celui qui a la réalité de la dévotion ne prend au sérieux ni ses actes, ni ses états, ni ses propos... Toute vérité qui n'efface pas la marque et les traces de l'être n'est pas une vérité... Le signe de la sincérité, c'est la disparition du créé lors de la contemplation du Réel (al-haqq). "
Il professait que le brisement du coeur du pécheur vaut mieux que le zèle content de soi du vertueux. il préférait même la négligence accompagnée d'humilité à l'effort rendu vain par l'orgueil.
Il se plaçait dans la perspective théocentriste : " Regarde le fait que Lui te regarde et non le fait que toi tu Le regardes... C'est la présence de la vérité qui est le paradis, son absence qui est l'enfer. .Sa proximité est joie, son éloignement tristesse, sa compagnie vie, sa séparation mort. Le fruit du çoufisme c'est l'abandon confiant de tout ton être. Les épreuves sont la preuve de l'agrément divin. La Vérité (qu'elle soit exaltée !) on ne la voit que quand on meurt. "
Les poèmes de Sidi Aboû Madiân sont encore chantés dans les concerts spirituels et accompagnent les danses extatiques. Ils ont été réunis en un diwan (Par Chaouar de Tlemcen, édité à Damas en 1357/1938. Toutes les attributions ne sont pas certaines. quelques traductions de quelques poèmes ont été publiées dans L'Islam et l'Occident, 1947 ; dans la revue Simoun, Oran. 1952.). Les uns sont des qacidas classiques, monorimes ; les autres des mouwachchah, genre andalou suivant des règles différentes, ou des zajal qu'on appelle aujourd'hui melhoûn, en dialectal, avec strophes et scansion plus syllabique que métrique.
On y trouve, avant Ibn Khamîs de Tlemcen et Ibn al Fâridh du Caire, les thèmes de la poésie mystique arabe avec le symbolisme amoureux et bachique qui n'a cessé de se développer jusqu'à nos jours. Les idées sont celles des sentences auxquelles les résonances, les rythmes et les irisations de la poésie donnent une valeur d'efficacité.
Mes heures sont embellies par un Bien-Aimé nôtre dont l'amour est non trésor.
Nous désirons Quelqu'un dont il nous est impossible de nous passer.
Moi je suis le cheikh de la boisson et l'échanson des beautés. Je me plais au déchirement des vêtements (Tantzlq, action de déchirer ses vêtements pendant un certain état d'extase.).
Etendez mon tapis de prière. Approchez de moi l'aiguière ; vin sur vin.
Répandez l'usage de mes concerts, ô maîtres de la réalisation.
O Moi ! Qui est " Moi " ? En vérité, je suis perdu dans l'ivresse.
Faites-moi entendre la douceur des musiques et peut-être qu'alors je " saurai ".
Selon son serviteur le nègre Bilâl, Aboû Madiân récitait souvent ce vers :
Dis : Allah ! et abandonnes l'existence et tout ce qui s'y rapporte, si ta volonté s'attache ait véritable but.
VERS LE LIEU, PROPICE AU SOMMEIL.
Aboû Madiân était parfois l'objet des critiques des ulémas littéralistes, des juristes exotériques, et sans doute ne les convertissait-il pas tous à la " connaissance nécessaire ", comme il avait fait pour Aboû Zahr. fonctionnaire enrichi qui avait distribué ses biens aux pauvres. Certains le dénoncèrent au calife almohade, insinuant que son prestige pourrait l'inciter à se présenter comme mahdi. Le mahdi est le personnage 'qui doit paraître à la fin des temps, faire triompher la religion et aider Jésus à vaincre l'antéchrist. L'inspirateur de la dynastie almohade, au début du siècle, Ibn Toumert, s'était intitulé mahdi. La fin du monde n'était pas venue ; Abdelmoumine et ses héritiers s'étaient fortement installés dans ce monde et avaient réalisé le plus brillant des empires maghrébins, allant d'Espagne à Tunis. Après avoir favorisé la pensée libre et encouragé les philosophes, Yaqoûb et Mançoûr, engagé dans la guerre, avait jugé nécessaire de s'appuyer sur ce qu'on appelle les forces spirituelles, et il avait sacrifié les philosophes, Averroès, et même les mystiques, au clergé des uléma et des foqaha ennemis de la spécula tion. De ce revirement date sans doute le principe de la décadence intellectuelle du monde musulman qui eut tout juste le temps de passer la philosophie à l'Europe, tandis que le çoufisme s'abritait dans les organisations confrériques.
Le calife Yacoûb fit donc dire à Aboû Madiân de venir au Maroc, ordonnant au goum de Bougie de l'accompagner avec égards. Comme ses amis s'affligeaient, il leur dit que sa mort était prochaine mais qu'elle devait survenir ailleurs qu'à Bougie. Vieux et infirme, il n'avait plus guère de force pour bouger ; aussi le Tout-Puissant lui avait-il fourni une escorte pour le conduire au lieu de son repos. Il mourrait d'ailleurs avant d'atteindre le Sultan, lequel ne tarderait pas à le suivre. Plusieurs de ses amis, apaisés par ses paroles, partirent avec lui.
Comme ils arrivaient aux bords de l'Isser, non loin de Tlemcen, au lieu dit Aïn Taqbalet, le vieillard se sentit fatigué. Voyant au loin le fort (ribath) d'El Eubbâd, il murmura : " Que ce lieu est propice au sommeil. " Il descendit de sa monture et l'on installa le campement. Après avoir râlé trois heures, il fit la chahada et dit : " Ailalhou al Haqq. Dieu est la Vérité " et mourut. Son corps fut transporté à El Eubbâd où les Tlemcéniens lui firent d'émouvantes funérailles.
C'était en l'année 594 de l'Hégire (13 novembre 1197 - 3 novembre 1198) et il avait environ 85 ans. Aboû Yoûssouf Ya'qoûb al Mançoûr mourut en 595 (ianvier 1199) après quatorze ans de règne. Averroès, que le calife avait rappelé à sa cour, mourut lui aussi, en route, comme Aboû Madiân, la même année 594.
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SIDI BOUMEDINE.
Depuis lors, le hameau d'El Eubbâd (les Dévots, les Adorateurs) porte le nom de Sidi Boumedine (prononciation populaire de Sidi Aboû Madiân). Bien que Sidi Daoudi soit toujours vénéré, c'est Sidi Boumedine qui lui a succédé comme patron du pays, moul et bled. C'est au nom de Sidi Boumedine et Ghouts que les mendiants demandent l'aumône. C'est à lui que les poètes viennent demander l'inspiration et les étudiants le succès de leurs travaux. Les poètes ont chanté les beautés du lieu, les grâces que l'on y trouve pour ce monde et pour l'autre, la paix et la joie qu'on y respire. On y venait en pèlerinage de fort loin, d'Egypte, de Syrie, d'Iraq, et du Sous. Les voeux y sont exaucés et les prières qu'on y fait rapprochent de Dieu.
La première visite d'Ibn Battouta, passant à Tlemcen, en 1349, fut pour Sidi Boumedine. Ibn Khaldoûn fit retraite au cours de sa vie aventureuse et professa dans la Médersa voisine en 1369. Léon l'Africain et Marmol en parlent au XVI' siècle. Mais le plus beau pèlerinage individuel fut sans doute celui d'Aboû 'I Abbâs Ahmed, sultan déposé de Constantine, allié du mérinide Aboû Salim, qui, en 1359, sur la tombe d'Aboû Madiân, s'engagea par serment à ne rendre le mal que par le bien.
Les monuments actuels, chefs-d'oeuvre de l'architecture et de la sculpture maghrébine, sont dus aux Mérinides, sultans de Fès, qui occupèrent un certain temps Tlemcen aux dépens de la dynastie locale des Banou Zeïan ou Abdelwadites. La politique des Mérinides s'appuyait volontiers sur les médersas et les sanctuaires, ce qui nous a valu de nombreuses oeuvres d'art. La tombe d'Aboû Madiân fut de leur part l'objet d'une vénération toute spéciale, soit piété sincère, soit déférence calculée pour le patron d'un pays conquis. Ils édifièrent autour d'elle une mosquée, une médersa, une hôtellerie, un hammâm. Le mausolée proprement dit datait de l'Almohade Mohammed en Nacer (vers 1200) qui avait eu à coeur de réparer les torts de son père à l'égard du Pôle des Saints. La mosquée fut construite par Aboûlhass.n le mérinide, mort en 1351.
On arrive par une petite place triangulaire à la pointe de laquelle se trouve la petite tombe dite de Sidi et Eubbâd. Par une porte à auvent et un petit couloir on accède à une cour étroite et longue, séparant la mosquée (au sud) et le mausolée (au nord). Une porte en arc brisé, encadrée de faïences, surmontée d'un auvent porté par deux colonnes donne accès à l'escalier dont les huit marches en carreaux de faïence conduisent à une cour carrée où quatre colonnes d'onyx supportent des arcades en fer à cheval, et qui précède la chambre sépulcrale couverte d'un dôme à douze pans couvert luilr.€me à l'extérieur d'un toit de tuiles vertes à quatre pentes. Le plan général date de la fin du XII" siècle almohade. L'ornementation très riche date d'Yaghmorassan, le fondateur de la dynastie des Banou Zeïan (XIII s.), d'Aboûlhassan le mérinide, au X1V` et des Turcs aux XVII, et XVIII' siècles. De petites fenêtres donnent un jour très discret à travers des vitraux bleus, verts, rouges, orangés. Dans la pénombre, on distingue les ex-votos : neufs d'autruche, lustres de cristal, étendards de soie, tableaux, tentures brodées d'or. Les douze pans de la coupole sont décorés de vingt-quatre arcades en plein cintre d'où partent des combinaisons géométriques aboutissant à une étoile de vingt-quatre pointes. En bas, un lambrissage de faïence bleue, blanc rosé, violet de manganèse, vert de cuivre, et jaune, est d'époque turque et de fabrication sans doute italienne. Perpendiculairement au mur du fond s'allongent les catafalques de Sidi Aboû Madiân (à droite) et de Sidi Abdessalâm et Tounsî (mort dans la première moitié du XII, siècle) recouverts des habituelles soieries. A côté de l'escalier, un puits sacré, dont la margelle d'onyx est profondément entamée par le frottement de la chaîne. Une arcade donne accès à deux petits cimetières, l'un à ciel ouvert, l'autre dans une chambre pavée (W. et G. MARÇAIS - Les monuments arabes de Tlemcen, 1903, p. 230. G. MARÇAIS. - Manuel d'art mersuhnan, 1937.11, 474. A. BEL. Tlemcen, p. 69. BROSSELARD. - Inscriptions arabes de Tlemcen, Revue Africaine, 1559.).
Sidi Aboû Madiân n'est pas oublié à Fès qui vit ses débuts dans les études et la voie mystique. Il y a un magânn dans le quartier d'Errmîla : une placette, une mosquée en ruines avec une petite cellute, sa Khaloua, une source, un palmier entre la rivière et la mosquée. Certains, peu nombreux, assurent qu'il y a un corps sous le catafalque. L'eau de la source guérit les fièvres quand on se lave pieds ei mains, ou tout le corps, après avoir accroché un chiffon à la porte et mis deux pains pour les pauvres dans une niche. Comme le saint demandait de l'eau pour ses ablutions, une vieille lui avait dit " Tu ne ferais pas tant d'ablutions si tu avais à aller chercher ton eau. "Aboû Madiân avait alors enfoncé dans la terre un pieu à travers le feu d'un four, et l'eau avait jailli. Avant le délabrement de la Mosquée, les émigrés tlemcéniens venaient y faire le dzikr le Vendredi, et un tha'am annuel. Les Tlemcéniens émigrés à Damas y ont installé une zaouïa de Sidi Aboû Madiân.
LA PROCESSION DES CONFRERIES.
Vers le village de Sidi Boumédine, monte, de Tlemcen, trois fois par an, pour l'Aïd es Sghir, à la fin du Ramedhan, pour l'Aïd et Kebir, la fête du mouton, et pour le Mouloud, naissance du prophète (La procession porte alors le nom de Techouicha.). une impressionnante procession.
Dans la vallée, près du cimetière, au carrefour d'Aïn Ouazouta, après un caroubier sacré effondré niais qui bourgeonne encore et dont le tronc couché à plat sur le bord de la route est couvert de pierres ~,otives et de chiffons propitiatoires, a lieu la fates des enfants. Les carrosses, fiacres de louages à 1a mode de 1900, tirés par des paires de chevaux plutôt maigres, les conduisent en bandes bruyantes devant les éventaires des marchands de gâteaux : maqrouts, ghribiyas, ka'aks, zlabiyas ruisselantes de miel. Et l'on se prend à évoquer un autre saint de Tlemcen, le charmant " fou de Dieu " Sidi et Halwî, qui après avoir été cadi de Séville, finit ses jours ici, dansant et chantant dans les rues en vendant des bonbons aux enfants.
Le cortège passera le long du vieux cimetière devant la qoubba d'un cadi si extraordinairement honnête que cela parut mériter la canonisation. Il laissera à gauche, près d'une source, sous un frêne, les six arcades romantiquement ruinées de Sidi-Bou-Ishaq et Tayyar, le Volant, qui faisait la prière de midi à la Mecque, celle de l'açr à Jérusalem et revenait à Tlemcen, pour le coucher du soleil. A droite, il apercevra, au milieu des tombes aux stèles grises, mauves, ocres, vieux rose, bleu pâle. vert d'eau, entre les vieux figuiers et les admirables cyprès du cimetière neuf, les tuiles vertes sous lesquelles repose le grand théologien Snoussi, sensible, timide et délicat, qui recommandait à ses disciples de ne pas écraser les insectes sur les routes, et parmi les nombreuses vertus merveilleuses duquel on compte le fait qu'il rendait les livres prêtés avant qu'on ait eu l'idée de les lui réclamer. Il montera alors la côte jusqu'à la petite place triangulaire dont nous avons parlé, qui précède les bâtiments du sanctuaire et de la mosquée. Une terrasse, devant deux cafés maures domine la placette et permet un coup d'aeil d'ensemble.
Chacun a mis un costume neuf. Les petits garçons courent dans des vestons d'étoffe fantaisie ou drapés dans des burnous blancs ou roses. Des petites filles ont revêtu comme pour la nuit de leur premier jeûne, de longues robes de soie couvertes de lourds bijoux ; elles ont sur la tête le mendil lamé d'argent dont les franges roses retombent sur leurs épaules, ou le tâj l'étrange bonnet pointu qui " couronne " gracieusement leur chevelure brune.
Le bruit monte des bendaïr et des ghaïtas. La route devient poudreuse. Des bannières de soie blanches, vert pâle, orange, mauve, apparaissent. Voici le confrérie des Hamdaoua qui arrive avec ses joueurs de, tambourins et ses danseurs. Sur un rythme anapestique obsédant, les khouan se penchent en avant et en arrière tout en achevant de gravir la côte. Trois d'entre eux montent à reculons. Ils sont si excités ou cherchent ài paraître si excités, que d'autres frères les retiennent par le bras, cependant qu'avec de beaux gestes cadencés une femme essuie tout en marchant la sueur qui coule sur leurs visages.
Voici maintenant les abïd, les nègres, la troupe la plus bruyante avec leurs énormes tambours, tboul et leurs qraqeb, castagnettes géantes de fer, dont ils ne ménagent pas l'usage. Les plus vieux ont des colliers de barbe blanche autour de leur face noire. Ils vont la plupart du temps sur un rythmei iambique, et, chose curieuse, cette procession, comme le fameuse procession d'Echternach dans le catholique Luxembourg en l'honneur de Saint Villibrod qui guérissait les nerveux, comporte une avancée interrompue par une légère marche en arrière, comme la cadence des vagues à, la marée montante.
Comme intermède, voici les profanes joueurs de guellal qui ont quitté aujourd'hui le quartier réservé pour venir chanter aussi et danser en l'honneur de Sidi Bou Médine. Frappant la peau qui clôt le grand vase de terre pendant à leur droite par une Borde qui passe sur leur épaule gauche, ils avancent à petits pas sur le plus entraînant des rythmes et reculent après avoir recueilli, collés avec de la salive sur le front, non plus des pièces d'or ou d'argent, mais des billets généralement assez fripés.
Le clou de la fête est le défilé des Aïssaoua. Derrière les étendards aux soies flottantes alourdies de broderies d'or, les joueurs de tambourins et de hautbois acides plongent la troupe et à un certain degré l'assistance, dans une sorte d'hypnose. Ils ne s'arr etent que pour laisser aux vieillards de la conférie le temps de prononcer, pour qui le demande, quelque invocation qui remplit la corbeille du frère quêteur. Certains danseurs semblent se livrer à quelque obsédante passion, ou à quelque cure presque douloureuse.
Voici un danseur qui s agite dans une souple gandoura les mains croisées derrière le dos. Il a perdu sa chéchia en route et son crâne rasé rend un peu brutale sa figure aux peux clos. Tout d'un coup, il sort des rangs, se jette sur un jeune homme de l'assistance et veut le mordre au mollet. On le retient à temps et le jeune homme, quitte pour la peur, gravit en hâte le talus. Alors l'homme se met , genoux, les mains toujours dans le dos, et, la bouche au sol, veut manger une pierre. Son surveillant l'empêche encore cette fois de faire un malheur. D'autres frères d'ailleurs font une haie entre les énergumènes, les enthousiastes au sens grec du mot, et la foule et assument non sans fatigue le service d'ordre, Certains khouan se transforment psychiquenrent en chien, en chacal, en chameau, en lion et miment les gestes de ces animaux. Une femme saute en ondulant comme un serpent.
Sur la place s'organise une danse générale en cercle. Les Khouan ne tiennent par les mains qu'ils secouent violemment en cadence. Ils agitent rythmiquement les reins, les épaules, la tête. Ils font de lents mouvements plongeants de temps en temps, un saut et une pirouette.
Il faut faire un effort pour détailler tout cela, pour échapper à l'envoûtement, pour ne pas sortir de soi-même par l'étrange porte ouverte par les rythmes et les timbres. On s'aperçoit alors que le sabbat est mené par un grand diable maigre drapé de blanc et auquel ne manque même pas la barbiche de Méphisto. Il anime les danseurs, il centre leur agitation. il canalise leur frénésie, il ordonne leur folie, il règle leur ivresse. Son geste préféré est de lancer alternativement un bras à gauche puis un bras à droite, en levant très haut, genou ployé, la jambe du même côté. comme indiquant du doigt tendu l'orient et l'occident. Et soudain nous le voyons qui prend son vol dans un bond vertical avec double entrechat.
Toute 'l'après-midi résonnent les bendaïr, les gargabou, les thboui, et les ghaïtas ; toute l'après-midi dansent les khouan ; avant de redescendre sur la grande route de Tlemcen, les diverses conféries présentes pénètrent dans le sanctuaire.
On se demande comment elles s'y prennent, en un si petit espace et avec une telle cohue. Il est en tout, cas difficile de pousser plus loin l'observation.
Je me suis demandé d'abord quel rapport pouvait exister entre le savant plutôt austère dont nous venons de dire la vie, et l'exubérance de cette foule ; ee que le Pôle, le Ghouts, l'auteur des poèmes raffinés et des sentences subtiles, le professeur de Bougie qui portait ombrage au sultan de Marrakech, pourrait panser de toute cette frénésie. C'était sans doute un point de vue extérieur et simpliste. L'étude de l'hagioura des pratiques mystiques et des fêtes populaires, semble bien montrer qu'il n'y a pas contradition. Non seulement, il faut des méthodes diverses adaptées aux diverses catégories d'individus, mais il y a temps pour tout, pour l'étude, pour la méditation, pour la prière rituelle, pour les séances de concert spirituel et danse extatique. pour les réjouissances collectives. Dans tous les cas, ii y a une énergie qui se concentre ou se libère, dans tous les cas, une ferveur et un amour qui s'épanouissent. La détente elle-même est nécessaire pour poursuivre l'effort. Et c'est peut-être justement parce qu'il est le ghouts, le grand secours, prenant sur lui les douleurs et les peines, que Sidi Bou Médine accueille avec bienveillance le joyeux délire de ces pélerins passionnés.
BIBLIOGRAPHIE.
Sur Sidi Aboû Madiân, voir surtout
YOUSOUF ET TADILI dit Ibn-az-Zeyyàt (mort vers 1230), Taclmawwouf (manuscrit dont les extraits m'ont été obligeamment communiqués par Hadj Ahmed Bennani).
IBN ARABI (mort en 1240) - Foutoûhât al Makkiya, Boulaq, 1293-1876, I, pp. 288, 318, 330, 838. Mouhâdarat al abrar, Le Caire, 128t1-1865, 1, 76, 145, 171, 178, II, 11, 24, 60,. 111. 128. 179. - lawâgî an noujoum, Le Caire, 1325-1907, 69, 71, 96, 114, 116, 117, 151, 152, 166, 171, 196. - Arnr 11,
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Pour les sentences et poèmes d'Aboû Madiân, outre les ouvrages cités en notes, voir
BIDAYAT AL MOURIDIN, Ms 938, Bibliot. Nat. Alger.
OUNS AL WAHID, Ms 2-105 (8) fol. 337-343, Bibliot. Nat. PARIS, édité au Caire 1301-1884, avec un commentaire de Ahmed Bâ'chan.
TAHFAT AL ARIB, pub. et trad. en latin par F. de DOMBAY, Vindobonae. 1805, Ebn Médirai Mauri Fessani Sentenciae quaedam arabicae.
DIWAN, édit. Chaouar de Tlemcen, Damas, 1357-1938.
Voir aussi : Bibliothèque Nationale Paris, Ms Arabes 1230, 3410, 4585, 5320. Bibliothèque Nat. Alger. Mss 59, 376, 1859.
Medersa de Tlemcen, Mss. 28, 84.
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Posté Le : 05/11/2014
Posté par : soufisafi
Source : alger-roi.fr