Tlemcen - BATIMENT ET TRAVAUX PUBLICS

Quartier de Boughene vu du Plateau de Lalla Setti



Quartier de Boughene vu du Plateau de Lalla Setti


Boudghène, un quartier irrégulier

A Tlemcen, Boudghène illustre la production de logements non planifiée, échappant aux statistiques comme à la légalité. La construction illicite n'est pas l'apanage des populations démunies. Le secteur public est aussi concerné : nombre de bâtiments publics sont construits sur des terres agricoles considérées par la réglementation comme strictement interdites à la construction. Les exemples sont nombreux - la zone industrielle de Chétouane, celle de Abou Tachfine, ou encore la ZHUN de Kiffane installée sur les terres d'un domaine agricole autogéré. Les cas de villas luxueuses sans permis de construire sont également nombreux.

L'habitat illicite est en Algérie, comme dans d'autres pays, à l'origine de la constitution de véritables quartiers. Ce type de construction de maison a longtemps alimenté les débats et a provoqué le limogeage de plusieurs hauts fonctionnaires. En effet, fallait-il détruire ou non cette auto-production en marge des règles d'urbanisme? Face à l'ampleur du problème de relogement, les responsables ont très rapidement laissé faire l'ambiguïté. Les circulaires, décrets et autres instructions encadrant la construction se font de plus en plus nombreuses dès 1972, pas moins de dix ont été promulguées en dix années10. Selon le ministère de l'Urbanisme de la Construction et de l'Habitat, il y aurait, en 1986, environ 500 000 logements illicites en Algérie. Cette même année, face à l'ampleur de la situation, l'État a décidé de procéder à la régularisation en attribuant un acte de propriété aux propriétaires illicites. A Tlemcen, 10 000 habitations sont concernées11. Une construction est déclarée illicite dans deux cas : soit elle est érigée sur un terrain public, sans permis de lotir, intégré dans la réserve foncière communale; soit elle se trouve sur un terrain privé sans permis de construire.

Quand il s'agit de transactions privées, les terrains sont vendus à Boudghène selon la coutume de la "parole donnée" formalisée sur une feuille de papier vierge sur lequel est collé un timbre fiscal de dix dinars. Le propriétaire atteste avoir vendu une parcelle à Monsieur X devant deux témoins qui apposent leurs signatures en bas du document. Les terrains communaux sont tout simplement "squattés". Boudghène, impropre à l'agriculture et peu propice aux opérations de construction licites du fait des fortes pentes, offre des opportunités à saisir12 pour les populations qui n'accèdent pas au réseau de relations nécessaires, au "piston" minimum pour obtenir un logement ou un bout de terrain.

La population de Boudghène a quadruplé entre 1966 et 1993, elle est composée essentiellement de jeunes, 70 % des habitants ont moins de 25 ans. Alimentée par l'exode rural jusqu'en 1966,1'augmentation de la population se fait depuis par la croissance naturelle et par les migrations intra-urbaines.



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