Hennaya a été créée en 1855 et fut section de Tlemcen jusqu’en 1882, avant de devenir « commune de plein exercice », avec un maire et un conseil municipal sous le nom d’ « Eugene-Etienne (Hennaya) ».
Hennaya est centenaire. Une centenaire qui se porte bien et qui travaille dur, après avoir défriché, planté ou semé 300ha d’agrumes, 2000 ha de vigne aujourd’hui en rapport, 2300 ha de terres à céréales, 700ha de cultures maraîchères irrigables dans la plaine. Au total, 5542 ha presque entièrement cultivés font vivre 8000 habitants, dont 1000 Européens et 7000 Français-Musulmans.
Hennaya voudrait s’agrandir comme elle le mérite, un projet qui vise 6000 ha nouveaux, doublerait son territoire.
Le bourg d’ Hennaya est traversé par la route nationale n°22, qui conduit d’El Aricha, au Sud, à Beni-Saf. De Tlemcen, et de ses 806 mètres (à la mairie), elle descend rapidement puis traverse notre bourg (attitude 400 m, distance 11 km) et toute la plaine d’ Hennaya jusqu’à Montagnac. Elle rejoint alors la Tafna, qu’elle suit de près jusqu’à Rachgoun.
Le chemin de fer Tlemcen-Beni-Saf, qui contournait notre bourg, a été supprimé il y’a une dizaine d’années, rails et traverses furent même enlevés récemment.
Plusieurs lignes de grands cars T.R.C.F.A, partant de Tlemcen, desservent Hennaya par la nationale 22, et de Nemours, et vice-versa. De plus, les cars de Menou font le service font le service Tlemcen-Hennaya, tous les jours et à toutes heures, ainsi que quatre taxis.
La route nationale 22 est donc la grande artère nourricière, d’où se détachent des artères secondaires pendant la traversée du bourg : la route de Nedroma (n°38) par le plateau des Zenata, qui va jusqu’à Nemours ; la route de Lavayssière (n°38) jusqu’à Aïn-Kial ; enfin, la route de Béni-Mester à Lamiguier, la moins fréquentée, qui relie la nationale 7 (Tlemcen-Oujda) à la nationale 2 (Tlemcen-Aïn-Temouchent et Oran).
Plusieurs chemins nouveaux ont été ouverts et empierrés par la commune, comme celui de Melilia, qui se détache de la R.N 22 à 3 km au Sud, pour desservir les hameaux d’Aïn-el-Hadjar et de Melilia, d’où il redescend à la route des Béni-Mester. Un autre, dit « chemin de la Sikkak » a été ouvert, lui aussi, et empierré sur 2 ou 3 km.
Notre territoire s’étend à l’Ouest jusqu’à l’oued Messaoud, encore appelé oued Bou Ennag dans la région pittoresque des grottes du Dehar Mendjel (mont de la Faucille). A l’Est, c’est l’oued Sikkak et son sauvage affluent l’oued Sennoun, qui nous font une longue limite naturelle.
Les communes limitrophes sont celles de Tlemcen au Sud de Remchi au Sud-Est, de Lavayssière au Nord-Est et au Nord, de Remchi encore à l’Ouest.
Ce territoire coïncide à peu près avec la région naturelle que les géologues et les géographes appellent « la plaine d’Hennaya », qui est plus large à l’Ouest de la ville, et surtout au Nord, et qui se prolonge : au Nord, par la plaine des Ghossel (Lavayssière) ; au Nord-est, par la plaine (ou le plateau) des Zenata (entre les vallées profondes de l’oued Messaoud et du chabet bou Hallouf).
Ce sont trois plaines de piedmont, dont le sous-sol est constitué par les terrains tertiaires miocènes, à savoir des marnes et des grès de l’étage helvétien ou de l’étage tortonien, comme dans toutes les « plaines de Tlemcen », les oueds ont creusé facilement ces marnes miocènes, et montrent de belles coupes sur leurs hautes berges. Les grès tortoniens jaunes d’or d’Hennaya sont identiques à ceux de Tlemcen-ville. Ces marnes et grès sont recouverts d’alluvions quaternaires anciennes, qui sont monastiriennes (Hennaya), ou tyrrhéniennes avec tuf calcaire (Ghossel) ou siciliennes (Zenata).
Très peu de terrains secondaires jurassiques (très calcaires) sur notre territoire. Ils constituent, on le sait, les monts de Tlemcen, leur prolongement, c’est les collines des Béni-Mester (850-650 mètres), avec le Teffatisset, le Dehar Mendjel, le Djebel Djelida, le Djebel Aïn-el-Hout, qui s’avancent vers le Nord sans guère dépasser Aïn-el-Hout. C’est justement là , en bordure du Dehar Mendjel, que notre territoire est traversé par la conduite des Béni-Bahdel, depuis les gorges de l’oued Messaoud (chevauché par un grand aqueduc) jusqu’à la route nationale 22, en passant très près des hameaux de Melilia et d’ Aïn-el-Hadjar.
La plaine d’Hennaya, qui s’abaisse graduellement vers le nord, est sillonnée par les trois oueds parallèles qui descendent vers le Nord ou le Nord-est, tous tributaires de la Tafna (ou de l’Isser) :
- L’oued Messaoud (bou Ennag) descendu du col du Juif ;
- Le chabet Hallouf, qui est une rivière de plaine exclusivement, beaucoup plus simple que les deux autres.
- L’oued Sikkak (grossi de l’oued Sennoun), descendu du plateau de terni.
Ce dernier est précieux par l’irrigation ; un barrage de dérivation débite 100 litres par seconde. En outre, les sources dites d’Aïn-el-Hadjar débitent 21l/s. Outre les cultures maraîchères, on peut arroser, en hiver, une grande partie des vignes.
Dans la plaine d’Hennaya, le sol contient des éléments grossiers, surtout siliceux, peu calcaire. Il convient aux olivettes indigènes et olivaies européens, aux vergers (plutôt au Sud), aux céréales (plutôt au Nord, où le sol devient marneux). Des milliers d’oliviers sont en plein rapport, on récolte des milliers de quintaux d’olives, de raisins, de pommes de terre, d’agrumes, de poivrons, de tomates, de fruits divers. Dans les terres à céréales, on récolte de même, par milliers de quintaux : blé, blé tendre, orge, avoine, légumes secs, etc.…
Les routes et les chemins de culture découpent géométriquement la plaine d’Hennaya en larges parcelles monotones, qui sont des rectangles ou des trapèzes. Ce sont, certes, de belles et grandes fermes que celles de MM. Jacomo frères, Grasset Paul et Derasse Louis, Leutenegger Walter, Cazenave Guy, Meyer frères, et d’autres encore...
Le commune d’Eugene-Etienne Hennaya compte trois hameaux : Melilia, le plus important, Aïn-el-Hadjar et Zaouia.
1- Melilia, situé à 4 km à l’Ouest du centre, est peuplé de 870 Français-Musulmans, dont quelques fellahs et ouvriers agricoles, sous la surveillance d’un chef de douar. Il jouit de l’éclairage électrique, grâce à une source abondante très proche, cette dechra est dotée depuis assez longtemps d’eau potable, d’un lavoir-abreuvoir, et de l’irrigation des jardins, où l’on récolte des oliviers, des pommes de terre, des poivrons, divers légumes, et des céréales.
A 1 km plus loin, au brod de l’oued Messaoud, jaillit une petite source thermale appelée « bain de Melilia », qui guérit, parait-il, certaines maladies, et devrait être mieux aménagée. Elle se trouve sur le territoire de la commune mixte de Remchi. Elle est d’origine profonde, (comme Tahammamine près de Aïn-el-Hout).
Pendant sa construction, la conduite des Béni-Bahdel avait réveillé l’activité de Melilia. Il en est resté un bel aqueduc dur l’oued Messaoud, une cheminée d’équilibre à la cote la plus élevée, des chemins nouveaux ou améliorés, quelques monceaux, aqueducs, etc…
2- Aïn-el-Hadjar est à 3 km au sud, comme Melilia, il est éclairé par l’électricité, et surveillé par un chef de douar. Ses 396 habitants sont surtout des ouvriers agricoles. On y remarque les deux grandes fermes de MM. Granier et Bouhadjar, et une école neuve. Les sources captées sont les mêmes que celles de Hennaya. Aïn-el-Hadjar dispose de 7 l/s pour irriguer ses terres, où l’on récolte du raisin, des olives, des céréales, des pommes de terre, du tabac à mâcher.
3- Zaouia : à 5 km au nord-ouest près de la ferme Vve Lauque, route de Lamiguier. Un chef de douar 272 habitants ; tous les chefs de famille travaillent dans les fermes environnantes.
La ville d’Hennaya se fait remarquer des automobilistes de passege par sa grande place publique, ses maisons coquettes, son installation moderne, et par quelques beaux monuments neufs. Il faut citer :
- Un monument aux Morts pour la France, édifié en 1920 sur la place publique, face à la mairie,
- Une mairie neuve, qui a coûté plus de 23 millions en 1952,
- Un marché couvert qui a coûté 11 millions,
- L’Eglise et la Mosquée qui ont été agrandies à la satisfaction de tous,
- Une salle paroissiale construite entre le presbytère et l’église, (elle a été bâtie grâce à la générosité des catholiques et avec l’aide de la municipalité),
- Un presbytère agrandi, depuis quelques années, par les mêmes moyens,
- Une Vierge, dite « Notre-Dame d’Hennaya », élevée depuis une dizaine d’années près du cimetière musulman, au carrefour des routes de Nemours et des Béni-Mester.
La municipalité étudie, d’ailleurs, quelques travaux d’initiative, pour aménager les places publiques, les principaux boulevards et les égouts. Citons encore :
- Une grande école, qui coûtera 20 millions, en construction au bourg ; elle contiendra 4 classes et 3 logements;
- Deux écoles de hameaux. A Aïn-el-Hadjar, une école à deux classes a été construite, et s’est ouverte le 1er octobre 1954. A Melilia, une école est projetée.
- Le téléphone a 36 abonnés, il y’a trois facteurs des P.T.T.
- La conduite principale d’eau potable a été améliorée en 1951, à la grande satisfaction de la population... Coût : 10 millions et demi. (les sources se trouvent à 2 km au Sud) ;
- Les nouveaux chemins de Melilia et de la Sikkak... etc.
Hennaya a derrière elle un siècle de travail... autour d’elle, la plaine qu’elle a fertilisée... , devant elle, la plaine qu’elle a fertilisée, devant elle, encore le travail, la paix, le progrès pour tous.
Posté Le : 09/05/2007
Posté par : hichem
Ecrit par : Yvon GRANSSET, Maire de la commune d’Eugène-Etienne Hennaya
Source : Bulletin de la Société : Les Amis du Vieux Tlemcen (1956)