Tlemcen - Parutions de livres de littérature


Nuit et lumière
(Essai) - Éditions Dar El Gharb, Oran, 2006

Pour une société réconciliée
Il n’est pire souffrance pour une société que d’être sous-administrée...

Cette évidence est relevée et traitée dans l’ouvrage intitulé Nuit et lumière de Sid’Ahmed Dendane dont la réflexion est toute tournée vers les outrages encore dressés par les séquelles de la colonisation et que notre société continue de subir. La faute incombe à qui?...Il «faut» ou il «faudrait» le savoir, mais qui «osera» ou «oserait» y aller résolument d’autant que les études, les analyses, les synthèses et les conclusions «seront» ou «seraient» longues? En fin, combien «seront-ils» ou «seraient-ils» d’accord pour être d’accord? Or on sait que la sagesse, quand elle existe, n’est pas toujours partagée. Une partie du peuple en devient jaloux, tandis que l’autre la considère comme folie ou comme orgueil, ce qui est pis. Mais abordons dans le sens de Sid’Ahmed Dendane, mi-philosophe, mi-chercheur, mi-historien, et militant enthousiaste de l’éducation populaire, et pédagogue patient et philanthrope, homme de coeur et de foi et, tel quel, gravement charmant pour instruire les consciences de ce qu’il aime, lui, de son pays...
D’abord Dendane explique lui-même l’objet de son ouvrage et c’est, encore resté dans sa calme retraite d’inspecteur de l’enseignement, un puissant trait de sa pédagogie: «J’ai écrit la vie quotidienne de la société urbaine algérienne, son commerce, son artisanat, son économie familiale, sa solidarité.»
Pour guider son lecteur dans son projet, l’auteur fait évoluer Rachid, son personnage fictif, le faisant traverser «trois périodes d’avant, pendant et après la guerre de Libération en tant qu’acteur et observateur privilégié de ses compatriotes.» Il remonte au tout début de l’histoire de l’indépendance de l’Algérie. Il veut en montrer les difficultés et les espérances marquantes. Le titre «Nuit et Lumière» couvre deux périodes principales de l’Algérie indépendante:
«La première va de l’indépendance jusqu’en 1999, à travers octobre 1988 qui marque la fin apparente de la dictature du Parti unique puis continue avec la décennie noire. C’est la période sombre, les ténèbres, la nuit. [...] La seconde période (lumière) va du mois d’avril 1999 à nos jours et constitue pour notre pays la période de réveil, de prise de conscience de nos erreurs et la marche remplie d’embûches vers les lumières de la Raison, de l’intelligence et de la compétence, en un mot vers la RE-naissance, c’est-à-dire vers la réconciliation nationale, vers la bonne gouvernance et la démocratie, vers une société indépendante et moderne tout en conservant nos particularismes identitaires. [...] Le chapitre 4 (en annexe) concerne la personnalité de Messali Hadj et la polémique que son destin a provoquée.»
Globalement, l’ouvrage se présente comme une étude socio-économique et politique de l’Algérie, sans toutefois suivre aucune méthodologie universitaire en pareille matière. Par contre, ce travail de recherche, assez documenté, très fourni en anecdotes significatives des intentions de l’auteur, est bellement une sorte de compendium de presque tous les sentiments et ressentiments des Algériens depuis l’indépendance à aujourd’hui. La lecture des chapitres est alors agréable et l’attention constamment soutenue. C’est comme la voix du peuple qui vous parle, si vous faites abstraction de l’autre voix, celle de l’auteur qui par moment est trop moralisatrice, parfois trop laudatrice, et souvent quelque peu oublieuse de l’intelligence du lecteur.


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