L’ouvrage qui se présente sous la forme d’un essai historique qui vient de paraître aux éditions Dalimen, s’intéresse à une période déterminée de l’histoire de l’Occident musulman du douzième siècle grégorien précisément au 6e siècle hégirien.
C’est à cette époque que régnèrent les dynasties Almoravides et Almohades fortes de leur influence stratégique et leur civilisation resplendissante en Andalousie grâce au génie arabo-berbère qui a donné naissance à deux personnalités phares que sont le maître du soufisme maghrébin Sidi Boumediene dont Nouri Koufi reprend admirablement en chanson son épopée, et le représentant de la pensée rationaliste que fut le savant musulman Ibn Rochd connu en Europe sous le nom d’Averroès.
L’auteure soucieuse de restituer à l’histoire sa vérité, dresse à travers un essai très exhaustif et de nombreuses références de lecture, un tableau historique qui met d’abord l’accent sur les conditions qui ont prévalu dans ce qu’on appelait alors le Maghreb central à l’apparition de ces deux figures prestigieuses qui, tout en étant pétries d’islam, présentaient des dons exceptionnels pour le savoir scientifique et la connaissance religieuse, même si souligne l’auteur leur apport civilisationnel était aux antipodes. La première partie de l’ouvrage nous introduit dans le contexte historique, politique et intellectuel pour nous situer de façon spatio-temporelle dans El Andalous à savoir la culture hispano-mauresque. On y découvre les rapports étroits qu’entretenaient les musulmans du Maghreb avec l’Espagne andalouse.
Les princes régnants notamment les Almoravides qui livrèrent, à l’époque des croisades, de redoutables batailles aux chrétiens en guise de riposte et cela dans un réflexe légitime et unitaire pour la défense des intérêts des musulmans. Lorsque les Almohades prennent le relais, ils deviennent rapidement les maîtres de la façade occidentale et vont se révéler durant la période des trois califats de fins stratèges et hommes politiques qui favorisèrent tout comme leur prédécesseurs le savoir. A bien des égards, la période qui s’annonce en ce douzième siècle grégorien, peut être tenue pour l’âge d’or de l’islam occidental » écrit à ce sujet l’auteure. C’est à cette période que les souverains almohades qui se distinguent par un certain réformisme par opposition aux Almoravides qui ont été vite conquis par l’héritage artistique et intellectuel des villes de Séville et Cordoue, vont étendre le royaume de Tripoli à l’Atlantique, de Tolède jusqu’aux tréfonds du Sahara. Dans les dernières parties, l’auteure nous fait une présentation détaillée de Sidi Boumediène ou Abou Madyan, père du mysticisme maghrébin avec l’introduction de pages entières consacrées au soufisme : “Celui qui devait devenir le patron vénéré de Tlemcen, le savant professeur de Bejaïa, le maître du soufisme au Maghreb avait au-delà de sa maîtrise parfaite de la chari’a (…) avait une aspiration à la Haqiqa c.à.d. à la connaissance de la réalité qui est l’âme de toutes les formes” (p119). Un autre chapitre est entièrement consacré à la figure emblématique d’Ibn Rochd qui avait légué à la postérité une œuvre juridique, des leçons sur l’économie, des conseils sur la médecine et surtout la philosophie avec ses commentaires sur Aristote.
Une personnalité hors du commun dont l’héritage intellectuel est toujours d’actualité selon l’auteur dont la mesure où le célèbre penseur a su faire un lien entre la théologie et la philosophie, entre la raison et la foi.
Posté Le : 07/07/2011
Posté par : litteraturealgerie
Ecrit par : Lynda Graba
Source : www.elmoudjahid.com