Tlemcen - Mohamed Dib

NASSIMA KALFAT, RÉALISATRICE «Mohammed Dib ouvre la porte sur l’être»



NASSIMA KALFAT, RÉALISATRICE «Mohammed Dib ouvre la porte sur l’être»
Le public tiziouzéen a été subjugué, mais surtout ému en visionnant le film-documentaire de Nassima Kalfat, intitulé Portraits croisés: Mustapha Badie/ Mohammed Dib. Nassima Kalfat n’était malheureusement pas présente à Tizi Ouzou pour parler de son produit audiovisuel. Nous l’avions contactée à Tlemcen pour qu’elle s’exprime sur ce travail concernant l’un des plus grands écrivains algériens.

L’Expression: Comment est née l’idée de réaliser ce documentaire?
Nassima Kalfat: En fait, la première fois où j’ai écouté la voix de Dib, j’ai ressenti le besoin de matérialiser cette voix sur un support visuel. Cette idée était enfouie mais elle germait en moi. Par la suite, j’ai eu la chance de participer au colloque «Littérature et cinéma» que l’association la Grande Maison organisait. Ce qui m’a permis de donner naissance et un sens à mon projet.

Votre choix qui s’est porté sur Mohammed Dib, est-il uniquement motivé par le fait que vous soyez de la même région ou bien avez-vous été marquée par ses livres?
Vous savez, si Dib était natif du Zimbabwe ou je ne sais de quel autre pays ou ville d’Algérie, je lui aurais porté le même intérêt. Ce qui m’importe, ce n’est pas l’homme, mais l’écrivain qu’il est. Dib est de ceux de ces auteurs qui vous font, non seulement voyager, mais surtout vous ouvre cette porte sur l’être, son pourquoi d’être et son devenir face à un monde qui s’affirme sous une logique apparence, mais dont le fonctionnement est absurde. Cela étant dit, c’est sûr que je porte en moi cette fierté qu’il soit tlemcenien. Mais ceci, comme je viens de l’expliquer, vaut bien peu de chose.

Votre documentaire évoque Dib et son oeuvre, mais vous aviez associé son nom au réalisateur Mustapha Badie. Quel est votre objectif, ce faisant, en sachant que Dib n’était même pas au courant de la réalisation de ce feuilleton?
Pour dire vrai, ce débat m’importe peu. «Regards croisés» ne nous inscrit pas justement dans la différence ou dans la dissemblance, mais nous démontre cet espace de dialogue commun aux deux oeuvres. Au-delà des frontières que l’homme s’impose, l’art est là pour donner vie et forme au sens. Le langage, la parole façonne l’image. Nous pouvons faire dire à l’image ce que nous voulons puisqu’elle reste à l’état de perception et ne peut se dire qu’en mots, qu’en langage verbal. Mustapha Badie, en adaptant la trilogie Algérie l’a réécrite selon sa perception, selon sa lecture. D’une certaine façon, il a recréé l’oeuvre de Dib et actualisé ce mécanisme de perpétuel mouvement du sens que chaque oeuvre porte en elle. Que Dib ait été en désaccord avec Badie, le concerne, il avait sans doute ses raisons, mais encore une fois, cela m’importe peu.

A-t-il été facile pour vous d’obtenir l’interview sonore de Dib que le public algérien n’a pas l’habitude d’écouter?
Oui!!! Les documents sonores étaient en possession de l’association la Grande Maison, et comme j’étais membre, j’ai eu la chance de pouvoir travailler avec. Et pour cela je remercie infiniment Mme Sabéha Benmanour qui m’a entièrement fait confiance, à la fois pour l’utilisation des documents sonores, comme pour la réalisation de mon documentaire.

Pour une première expérience, on peut dire que vous avez réussi votre documentaire. Avez-vous en perspective d’autres projets audiovisuels?
Je vous remercie pour l’intérêt que vous portez à mon travail. Ce que j’ai fait est bien modeste. Peut-être que l’originalité de mon documentaire est due au fait d’avoir pu faire croiser plusieurs modes de représentation, mais tous axés vers la même quête...cela aura eu l’avantage de faire oublier, pendant un laps de temps, les différends de Dib et Badie. L’audiovisuel est un domaine qui me passionne vraiment, j’espère avoir la chance de réaliser d’autres projets.




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