On ne peut marcher une vingtaine de mètres, dans l’ancienne capitale des Zianides, sans trouver une mosquée ou un mausolée.
La cité compte plus de 70% du patrimoine architectural musulman dans notre pays. Au centre-ville, outre la grande mosquée édifiée par Youssef Ibn Tachfine le fondateur de la dynastie almoravide vers 1102, se dresse à une centaine de mètres celle de Sidi Belhassen Ettensi, célèbre jurisconsulte.
Les mosquées de Tlemcen ont un charme. Même dans les récents quartiers, on ne trouve pas ces bâtisses sans grâce qui ont défiguré tant de cités. Chacune est reliée à l’itinéraire ou au parcours d’un savant. C’est le cas de celle de Sidi El Halaoui (1266-1306), andalou et précepteur de deux princes Zianides et dont un chambellan jaloux provoqua la décapitation. Ibn Msaieb, le poète en tira une complainte connue des amoureux de l’andalou. Les mosquées n’ont rien à voir par leur ornementation, leur construction avec celles qu’on voit aujourd’hui. L’art andalou a inspiré les bâtisseurs. Voici ce qu’écrivit Brosselard, auteur «D’inscriptions arabes» dans la revue africaine (1858 – 1862) à propos du Mihrab de la grande mosquée. «C’est un magnifique bouquet d’arabesques. L’œil est ébloui autant que charmé par cette profusion de rosaces, de losanges, de fleurs découpées a jour comme la plus fine dentelle bigarrée, étincelante, pleine de fantaisie de caprice, d’imprévus. Enfin pour ajouter à l’effet douce et mystérieuse, glissant d’en haut, teint de reflets fantastiques, ce merveilleux tableau, qu’il est plus facile d’admirer que de décrire.» Il n’y avait pas encore ce que le défunt Lacheraf appelait la religiosité tactique qui, en maints endroits, a eu raison de la foi. Elle veut, écrit-il, «aboutir à une totalitaire substitution de l’identité arabo-berbère du pays et de sa vocation ancienne de progrès, de tolérance et de liberté».
Il y a aussi le Méchouar, bati par Yaghmoracene qui chutera en 1555. Il avait quitté sa résidence royale de Qsar El Bali voisine de la grande mosquée pour vivre dans ce rectangle de 200 msur 150 m. Léon l’Africain décrit cette cité dont les Turcs puis les Français en firent une garnison. Caserne jusqu’en 1986, elle était une école de cadets. C’est là qu’étudia notamment Yasmina Khadra qui évoque les lieux dans «L’écrivain».
Peut-on aller à Tlemcen sans un détour par Sidi Boumediène? Le mausolée du mystique d’origine andalouse (1126-1196). Il est bâti à flanc de colline à El Eubad à la sortie de la ville. Le tombeau qu’on vient visiter a été édifié par le calife almohade Mohamed Ennacir à la fin du 12e siècle. Il faut descendre quelques escaliers etdans une étroite cour on trouve des tombes d’anciens notables de la ville. Des hommes, des femmes viennent, entrent, murmurent des prières ou des vœux et finissent par lever les mains au ciel. La tombe de Sidi Boumediene considéré comme un maître de la mystique s’insère dans un vaste ensemble qui compte une mosquée d’un goût raffiné. S’y intègre aussi une médersa où enseignèrent des savants illustres comme Ibn Merzouk ou Ibn Khaldoun.
Dar Essoltane enfin est un palais abandonné dont certains objets trahissent la splendeur décatie. Outre le côté religieux, boire l’eau du puits creusé à côté de la tombe de Sidi Boumediene a des propriétés curatives et est une manière de feuilleter le livre d’histoire du pays.
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Posté Le : 19/05/2023
Posté par : tlemcen2011
Ecrit par : Photo : Hichem BEKHTI