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Mosquée d'El Mansourah, Tlemcen
Nom : Mosquée al-Mansûra
Lieu : Algérie, Tlemcen
Date/période de construction : Construite en 1302/1303 et modifiée en 1336
Matériaux de construction : Pisé, pierre
Décor architectural : Marbre, brique, céramique
Destinataire/mandataire : Abû Ya‘qûb ibn ‘Abd al-Haqq
Dimensions : Monument : 85 x 60 m ; salle de prière : 60 x 55 m ; minaret : H. 38 m

Inscriptions :
الحمد لله رب العالمين و العاقبة للمتقين أمر ببناء هذا الجامع المبارك أمير المسلمين المجاهد في سبيل رب العالمين المقدي المرحوم أبو يعقوب بن عبد الحق رحمه الله

Traduction-inscriptions :

Louange à Allâh. A ordonné la construction de cette mosquée bénie, l’émir des musulmans, le guerrier pour la foi dans la voie du Seigneur des Mondes, le saint défunt Abû Ya‘qûb ibn ‘Abd al-Haqq, qu’Allâh lui fasse miséricorde.
Mansura est le camp fortifié, devenu par la suite une véritable ville, que les rois marinides construisirent pendant le siège de Tlemcen. Les ruines furent exploitées, notamment par les ‘Abd al-Wadides, qui remployèrent ultérieurement les dalles, les chapiteaux d'onyx, le marbre et les colonnes pour l'ornementation des monuments tlemcéniens[1]. Une partie de l’enceinte et le minaret de la mosquée subsistent encore.

On a pu, grâce aux fouilles, reconstituer le plan de la mosquée. Construite par le sultan Abû Ya‘qûb en 1303, elle fut modifiée, notamment dans le décor de la porte principale, par Abû al-Hasan en 1336. La mosquée qui comporte treize portes est entourée d’une enceinte. De plan arabe, elle présente une cour quadrangulaire ornée d’une fontaine qui était entourée de portiques sur trois côtés : à l’est et à l’ouest, des portiques triples constitués par le prolongement des nefs de la salle de prière, et un portique simple au Nord.

La salle de prière qui ouvre directement sur la cour comporte treize nefs perpendiculaires au mur qiblî, qui s’interrompent trois travées avant le mihrâb pour former un plan que l’on connaît déjà à Samarra (mosquée d’Abû Dulaf, IXe siècle) et plus tard au Caire (mosquée de Baybars, XIIIe siècle). Un espace carré surmonté d’une coupole qui occupe la longueur de trois nefs est placé devant le mihrâb (il s’agit peut-être de la maqsura ?), flanqué de part et d’autre de trois nefs parallèles au mur qiblî. Le mihrâb, véritable petite pièce s’inscrit dans un espace rectangulaire en saillie sur le mur. De part et d’autre, deux portes ouvrent sur deux petites pièces.

Le minaret quadrangulaire est accolé au mur de la mosquée, dans l’axe du mihrâb ; seuls quatre niveaux subsistent. Son décor se déploie dans des encadrements rectangulaires où les vides et les pleins animent sa surface avec une alternance d’ouvertures et d’arcs polylobés aveugles. Sur la face nord, un réseau losangé est constitué de briques en relief autrefois rehaussé de céramique.

Sa porte monumentale, à la fois entrée principale du minaret et de la mosquée, est tout à fait caractéristique de l’époque almohade. Elle s’ouvre par un arc légèrement outrepassé, aux voussures polylobées, placé dans un encadrement rectangulaire. Il retombe sur deux colonnettes d’onyx et porte, sur une bordure, gravée en style andalou, la dédicace du monument. Ses écoinçons s’ornent de motifs de coquilles en relief, très fréquents dans l’Antiquité. L’encorbellement qui le surmontait à disparu. Il était supporté par des muqarnas sculptés dans la pierre et encadrés de deux consoles finement travaillées. Cette porte d’inspiration almohade trouve des échos dans celle de la Qasaba des Udaya et Bâb Ruwah à Rabat, ainsi que Bâb Agnau à Marrakech.

Le plus ancien minaret quadrangulaire est celui de la Grande Mosquée de Damas, construit par le Calife al-Wâlid en 705, sur la base des tours romaines du temenos du temple de Jupiter (sur lequel est édifié la mosquée). Le minaret de Mansura est le plus haut d’Algérie. Son noyau était creux, constitué de salles superposées. Selon A. Lézine, l’exemple le plus ancien de minaret « à noyau creux » est le Manâr de Sousse qui dériverait du phare antique de Leptis Magna. Avant les Marinides, les Almohades ont adopté ce type de construction à la Kutubiyya, à la Mosquée de Hasan à Rabat et à la Giralda de Séville. Comme dans les minarets almohades précédemment cités, on accédait à la plate-forme supérieure au moyen d'une rampe bâtie sur des berceaux rampants terminés par des voûtes d'arêtes dont on peut encore voir les traces.

Bibliographie

Bargès, J.J.L., Tlemcen, ancienne capitale du royaume de ce nom, Paris : Duprat, 1859.

Bourouiba, R., Apports de l’Algérie à l’architecture arabo-islamique, Alger : Entreprise nationale du livre, Office des publications universitaires, 1986.

Hill, D. ; Golvin, L., Islamic Architecture in North Africa, Londres : Faber and Faber, 1976, p. 112, pl. IV, fig. 217 à 220.

Lézine, A., « Notes d'archéologie tlemcenienne », in Bulletin d'archéologie Algérienne, 1 p. 268.

Marçais, G., L’architecture musulmane d’occident. Tunisie, Algérie, Maroc, Espagne et Sicile, Paris : Arts et Métiers Graphiques, 1957.

Marçais, G., Tlemcen, Paris : H. Laurens, « Les villes d'art célèbres », 1950.

Marçais, G. et Marçais, W., Les monuments arabes de Tlemcen, Paris : Fontemoing, 1903.

Notes

[1] Des colonnes d'onyx et des chapiteaux sont conservés au Musée de Tlemcen et au Musée national des Antiquités et des Arts islamiques d'Alger.


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