Menace sur le patrimoine à Hennaya

Un vestige du XIIIème siècle laissé à l’abandon

 

Hennaya ne date pas seulement de l’ère coloniale, comme peuvent le croire beaucoup de gens même si, durant la colonisation française, elle est devenue un peu le centre névralgique de toute la contrée vers lequel convergeaient de nombreux colons français et espagnols qui ont, d’ailleurs, fait de «Eugène Etienne, Hennaya «l’endroit le plus florissant de la région en raison de la grande superficie de ses terres fertiles».

 

En effet, le nom de cette cité a été mentionné au commencement du XIIIème siècle, au moins. Dans l’ancien temps, El Hanaya avait sa mosquée. Du temps des Zianides, vers la fin du XVème siècle, les savants et les rois de Tlemcen venaient visiter sa Médersa et sa mosquée et s’y arrêtaient, parfois, pour assister à la prière du vendredi. Le minaret de cette mosquée est le seul vestige qui reste de nos jours de cette ancienne ville arabo-berbère. Situé à quelque 200m de la route N22 en allant vers Remchi, le minaret de la mosquée se dresse sur une hauteur de 15 m avec une base carrée de 3m 85 de côté. Il est fait de pierres et de briques; à son sommet, il n’y a plus ni galerie, ni petite coupole. A l’intérieur, il est muni d’un escalier tournant, qui, il n’y a pas très longtemps, fut emprunté par des visiteurs, du haut duquel ils pouvaient découvrir un magnifique panorama -avant que les constructions ne poussent comme des champignons aux alentours. L’entrée du minaret est maintenant grossièrement fermée par quelques parpaings pour empêcher, sans doute, qu’il soit le gîte de toxicomanes et autres soûlards. Si la plus grande partie du minaret reste presque intacte malgré le poids des siècles, sa partie inférieure, quant à elle, commence, peu à peu, à se dégrader conséquemment à l’usure du temps mais aussi à l’action de quelques personnes non conscientes de la valeur culturelle et historique de ce monument. Si aucune action n’est entreprise pour protéger cette construction témoin de l’histoire de la région, le minaret sera, de plus en plus, réduit à la portion congrue jusqu’à ce qu’il soit, un jour, rasé par «des envahisseurs» ou qu’il s’affale de tout son long sous l’effet de l’usure. Espérons que les nouvelles autorités communales se penchent sur son cas et entreprennent les démarches nécessaires auprès des services concernés pour que cette construction séculaire de grande valeur soit restaurée, protégée et classée monument historique relevant du patrimoine national.

R. Zenasni