Tlemcen - MUSIQUE

Les trois tomes « El mouwachahats oua el azjal الموشحات و الاْزجال » Par Mouats Hafid



Les trois tomes « El mouwachahats oua el azjal الموشحات و الاْزجال » Par Mouats Hafid
Imprimés par la SNED, N° 418/75

Sous la tutelle du ministère de l’information et de la culture, 3 tomes sur la poésie de la musique andalouse algérienne ont été édités en 1975.

Parrainés par M Djelloul Yelles : directeur de l’institut national de la musique et M Amokrane Hafnaoui : Conseiller culturel à l’institut national de el musique.

Bien avant l’édition de ces trois tomes, une grande polémique s’était alors installée durant des décennies entre les adeptes de cette musique. Les textes en leur possession étaient nuancés d’un cheikh à un autre. Beaucoup de nos maîtres avaient des recueils (Sfinas ou Kounèchètes) rédigés en français « charabiya ». La plupart ne maitrisaient pas bien la langue arabe, d’où les erreurs et les confusions dans les textes sauvegardés. La sortie de ces trois tomes avaient vraiment rendu service aux adeptes de la nouba. Ainsi on pouvait parcourir aisément les poésies grâce à leur classement par ordre alphabétique. On a même eu droit à une classification par nouba, selon les trois écoles : Malouf, Gharnata et Sanaa, selon leurs modes et leurs mouvements aussi.

Il faut rappeler qu’il y a avait un autre répertoire édité à l’époque coloniale sous le parrainage du musicien Algérois : Nathan Edmond Yafil dit « Ibn Chabab ». le livre intitulé « sfinet Yafil », est un recueil fourre tout, sans classification et plein de fautes d’orthographe constatées par des littéraires. Il y a eu peu - être précipitation pour son édition mais il fallait sauvegarder cet héritage enfoui dans les tiroirs. C’est l’unique répertoire qui réunit autant de textes transcrits avec machine à écrire, publié, puis vendu chez les libraires d’Alger. Ainsi nous devons reconnaissance à Yafil pour ce travail considérable, même s’il a oublié (ou omission volontaire) de mentionner les noms des chouyoukhs de la sanaa et les donateurs anonymes qui l’avaient aidé à réaliser ce recueil. Ce n’est que quelques années après que le musicologue français Jules Rouanet (dans son ouvrage sur la musique maghrébine andalouse) citait deux noms qui avaient collaboré avec Yafil pour recueillir tous les textes : Il s’agit de Bentafahi et Sfindja.

Pour l’élaboration de ces trois consistants tomes sur les noubas, les deux membres de l’institut national de la musique (voir plus haut) ont créé une commission nationale de supervision, de rassemblement et d’enrichissement de textes. Cette commission de travail était composée des trois écoles de la musique andalouse :

De Constantine : (Annaba, autre pôle du malouf était absente ( ? ) )

- Cheikh Hassouna El Khodka

- Cheikh Abdelkader Toumi

- Kddour Darsouni

De Tlemcen :

- Cheikh Abdelkrim Dali

- Cheikh Abdelrahmane Sekkal

- M Kheireddine Aboura

- M Mohamed Abou Ali

- M Amine Kalfat

- M Yahia El Ghoul

D'Alger :

- Cheikh Ahmed Serri

- Cheikh Dahmane Benachour (Blida)

- Cheikh Mahieddine Bachtarzi

- Cheikh Abderezak Fakhardji

Dans le préambule de ces trois tomes de poésie andalouse, le mouwachah a été bien défini sur le plan historique, linguistique et technique. La nouba a été décortiquée selon la tradition, la terminologie avec tri et classification en se basant sur des textes ramenés d’abord de chez les chouyoukhs des trois régions du pays, puis comparés avec les textes des maghrébins qui ont partagé cet héritage, dont la Ala marocaine, le malouf tunisien et Libyen.

Ainsi, il a été déterminé le vrai sens du mot « nouba » qui veut dire « c’est mon tour, ou le tour du chanteur suivant qui va se produire devant un auditoire » (on se reléguait autrefois devant les émirs).

Né à Baghdad aux temps des Abbassides, la nouba se composait alors de quatre mouvements :

- El qawl القول

- El Ghazl الغزل

- Etarana الترانة

- El fourdach الفرداش


Puis au troisième siècle hidjri, un cinquième mouvement a été ajouté par le musicien Abdelkader Ben Aibi El Baghdadi, il s’agit du Moustazad المستزاد . Plus tard en Andalousie musulmane et au Maghreb arabe la nouba a eu une autre caractérisation, elle fût désormais désignée comme le déroulement d’une prestation musicale ou un programme de chant pour chaque chanteur. Elle était structurée en mouvement :

- istihlal = derdj ; el khatim etc.

- Inchad etaqil, el bassit et el khafif

Le légendaire musicien Zeriab à Cordoue au 9eme siècle avait donné une autre dimension à la nouba en faisant des classifications des textes pour chaque mode ( tab3s), pour chaque rythme lent, modéré ou léger. La nouba de Zeriab débutait avec un chant religieux sans mesure (sans percussion). Puis une progression de chants et de musiques sur différents mouvements et de modes. Cette façon de procéder a été exportée vers les autres émirats andalouses : de Cordoue à Tolède, Séville, Grenade et aussi au Maghreb arabe. De nos jours, cette prédisposition est toujours en vigueur, progression rythmique, mode unique pour chaque nouba et exclusivement une poésie du type Mouwachah. Bien sûr chaque région avait adopté des styles différents tout en gardant la structure des mouvements comme autrefois et ce jusqu’à la capitulation du dernier émirat en 1492 : Grenade (Gharnata).

Après la déposition de l’héritage lyrique andalou principalement sur les côtes maghrébines avec le retour (ou migration) des morisques (musulmans d’Andalousie chassés par la reconquista), chaque région avait sa spécificité. Ayant subi des influences au point de structurer différemment leurs noubas et tout ce qui tourne autour. Comme le choix des instruments, les modes, les rythmes, la diction dans le chant etc. Seule la poésie a gardé son authenticité de par l’écriture de la langue. Là, je souligne avec conviction l’erreur de ne pas avoir adopté la transcription musicale de l’occident, résultat, notre héritage musical a perdu certainement de son originalité.

En Algérie, on ignore très exactement quand la structure de la nouba avec ses trois écoles avait pris forme, par qui et quelles sont les circonstances qui ont poussé les musiciens à adopter les schémas actuels.

Il y a eu certainement consensus à partir du 1er festival de musique andalouse qui s’était déroulé à Alger en 1967. Les trois écoles avaient eu connaissance du règlement intérieur du festival et où M El Boudali Safir a été l’instigateur et le catalyseur de ce premier rendez-vous historique.




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