Ce n’était pas un village, mais un domaine fondé en 1883 par une famille d’origine alsacienne, les Dolfuss.
Sa récente création, par rapport aux villages de colonisation, avait permis de l’organiser d’une façon rationnelle et de l’embellir en conséquence.
Une magnifique allée de bambous nous faisait accéder au Domaine, et plus loin, à une plantation de plus de six cents palmiers. Cette allée traversait ensuite la propriété où trouvaient la place la polyculture, mais aussi l’élevage.
Le Domaine de Lismara s’étendait sur 1200 hectares dont 600 étaient réservés pour les céréales et 250, plantés de vignes. C’est l’élevage du mouton mérions (un troupeau de plus de 500 têtes) qui se pratiqua sur des terrains de parcours crées à cet usage. Des terres étaient aussi réservées , d’une part pour la culture des prunes , transformées en pruneaux à la conserverie d’Ain sultan , D’autre part , pour les oliviers qui produisaient près de 3000 quintaux d’olives .
N’oublions pas que Lismara fut renommé pour ses vins de qualité, faits à partir de cépages, comme le Carignan, le cinsault , le grenache , l’alicante et le farana .
Le Domaine fut un bel exemple de philanthropie où employés et ouvriers pouvaient vivre en circuit fermé : boulangerie, épicerie, école, cinéma, permettaient aux seize familles européennes et aux soixante familles musulmanes de vivre dans des maisons pour elles. A coté des habitations, on pouvait découvrir le terrain d’aviation de Jean Dolfuss qui réalisa en 1935 un premier vol. Parti avec son avion de Paris-Le Bourget à 5h30, il se posait sur son terrain de Lismara à 16h30. Ce terrain d’aviation servit aussi à des appareils équipés ^pour pulvériser des hormones désherbantes sur les cultures du domaine.
La prise en charge humaine et sociale de cette communauté ouvrière comporta aussi la dimension religieuse. Les Dolfuss avaient donné à leur domaine le nom de grand évêque berbère d’Hippone (Bône) : Saint Augustin. Elle fut édifiée en 1933, sous la direction de l’abbé Douteau , desservant de Lismara et bénite le 6 juin 1934 par Monseigneur Durand , évêque d’Oran
Posté Le : 11/06/2007
Posté par : h-b-k
Ecrit par : Louis Abadie
Source : TLEMCEN au passé retrouvé