En 1079, la ville renaît après les malheurs du siège et de la défaite. Ce fut l'année de sa conquête par les Almoravides. Ils venaient de loin, de la Mauritanie et du bas-Sénégal. C'était là qu'un chef énergique et en même temps un apôtre, avait groupé ces grands nomades Sahariens et leur avait enseigné les vérités de l'Islam.
Youssef Ben Tachfin fera de ces chameliers des combattants qui portèrent la lutte jusqu'en Espagne où ils rétabliront la situation compromise par l'effondrement du califat de Cordoue.
Le royaume de Youssef Ben Tachfin devait s'étendre de l'Atlantique jusqu'à Alger. Les Almoravides se présentèrent devant la ville, montés sur des chameaux au flanc desquels pendait un grand bouclier de cuir. Un long voile noir couvrait le bas de leur visage et descendait sur leur poitrine, tandis qu'un autre leur couvrait le front et ne laissait voir que les yeux. La ville tomba entre leurs mains et assura aux conquérants une tête de pont indispensable à leurs conquêtes futures, c’est à cette époque que s'érigea Taghrart, la Tlemcen actuelle. Le chef almoravide, venant du Maroc, a installé son camp à l'ouest de vieille cité.
Après la chute d'Agadir, le camp des assiégeants devint la nouvelle ville. C'était là un fait habituel de l'histoire de l'Islam, qui fut à l'on ne de villes comme le Caire et K rouan. A Taghrart, on construit d'abord une demeure pour le gouverneur et surtout une grande mosquée, manifestation de la ferveur religieuse des conquérants. Youssof Ben Tachfin instaurait partout l'Islam ascétique et rigide dont il avait fi pour lui-même une règle de vie. L chroniqueurs disent de lui qu'il dépeignait les plaisirs du monde: quelque que grande que fut la puissance que Dieu donna, il ne se vêtit jamais que de laine, il ne se nourrit que d'orge, de viande et de lait de chameau. De fait les mosquées semblent naître soi les pas de ce conquérant et on dit qu'il y travaillait de ses propres mains. L'Algérie lui doit la Grand Mosquée d'Alger, celle de Nédromah et celle de Tlemcen. Les deux premières ont subsisté avec la sobriété et la simplicité propres à l’art almoravide. Celle de Tlemcen fut profondément remaniée par les successeurs de Youssef Ben Tachfin.
Quoi qu'il en soit, avec la fondation de Taghrart, s'ouvre un nouveau chapitre dans l'histoire de Tlemcen. Un demi-siècle plus tard, le géographe El-Idrissi la décrivait ainsi au roi Normand de Sicile : C'est une cité très ancienne entourée d'une forte muraille et divisée en deux villes séparées lune de l'autre par un mur .Les deux villes séparées de quelques bonds de cheval selon les estimations d'un historien arabe, formaient un tout et le va-et-vient de l'une à l'autre devait être incessant. Le palais Almoravide Qsar-El-Quadim a disparu mais la mosquée subsiste encore.
Posté Le : 15/12/2010
Posté par : tlemcen2011
Source : Tlemcen, collection Art et Culture, éditée par le ministère de l'information - Décembre 1971