Tlemcen - Fellaoucene

La bataille de Fellaoucène : Les héros de Ramadhan 1957



La bataille de Fellaoucène (daïra de Nedroma, Tlemcen) est sans doute l’un des plus importants hauts faits de la guerre qu’a connus la Wilaya V durant la guerre de Libération nationale. Le 20 avril 1957, la chaîne montagneuse des Traras orientales a été le théâtre d’une rude bataille menée par les trois principaux chefs militaires de l’A.L.N Moulay Ali, Tetouane et Mouh Abdellah (nom de guerre) contre les forces de l’occupation française.L’enjeu militaire de cette bataille fut tellement important que les forces de l’armée coloniale ont utilisé tout leur arsenal militaire pour déloger l’Armée de Libération Nationale de ce bastion imprenable dans l’espoir de mettre fin à l’action militaire de l’A.L.N., en la coupant de sa base populaire qui lui apportait tout le soutien.
A l’aube du jour «J», coïncidant avec le 16e jour du mois de Ramadhan, l’armée française engagea deux bataillons d’infanterie, munis de chars et de blindés couverts par une trentaine d’avions de combat et de reconnaissance et 12 hélicoptères, pour venir à bout de la Révolution armée dans cette zone.
La bataille fut âpre et les pertes humaines matérielles du côté de l’ennemi furent aussi importantes. Selon des bilans contradictoires, l’armée française aurait perdu entre 500 et 700 hommes, et du côté de l’A.L.N, une trentaine de chahids seraient tombés au champ d’honneur.
Le récit le plus fidèle sur le déroulement de cette bataille vient d’un témoignage vivant accordé en 1993 à l’APS par le Moudjahid Si Ahmed Sarhane, membre de l’A.L.N, de la zone 2 Wilaya V, qui a survécu à ce haut fait de guerre, dont on reproduit les différentes péripéties.
«Le 20 avril, c’était le mois de Ramadhan, le commandement des troupes de l’A.L.N., constituées de trois compagnies, dirigée par Moulay Ali, Tetouane et Mouh Benabdellah—les deux premiers sont morts au combat—s’est réuni et a décidé de faire échec à l’opération de ratissage menée par les forces de l’armée française. Notre effectif était de 19 sections comprenant chacune 18 hommes. Les armes dont nous disposions se limitaient à quelques fusils-mitrailleurs automatiques et de fusils ordinaires. Quelques jours auparavant, l’ordre fut donné aux sections de se disperser sur toutes les crêtes afin de prendre les positions stratégiques, de creuser des tranchées et de n’ouvrir le feu qu’une fois les troupes françaises suffisamment engagées dans la zone montagneuse».
«La journée du 14 avril, les sections se sont dispersées en direction de divers endroits pour mieux recevoir les troupes du général Salan, qui avait juré après un accrochage le 17 avril à Oued Sbâa (Beni-Ouarsous) d’assainir la région en mobilisant deux bataillons de 25.000 hommes environ».
«A l’aube du 20 avril, vers sept heures du matin, les forces de l’armée française ouvrirent un feu nourri de tirs de mortier dans notre direction. 30 à 40 batteries tirèrent à la fois. Nos sections essayèrent de descendre un peu plus, mais nous fûmes surpris par l’infanterie et le nombre impressionnant de soldats. Certaines de nos sections s’accrochèrent avec l’ennemi et les autres se replièrent vers les positions initiales. Les salves d’obus reprirent et redoublèrent d’intensité pour briser l’encerclement des troupes françaises par les djounouds mais elles ne parvinrent pas à desserrer l’étau. C’est à ce moment qu’intervint l’aviation. L’action destructrice de celle-ci avait visé nos positions arrières, particulièrement nos soldats qui sont restés dans leurs tranchées.
L’erreur que nous avions commise et dont nous ne nous étions aperçu que tardivement, c’était celle d’avoir utilisé les branchages d’arbres pour couvrir les tranchées. Une fois asséchées et fanées, celles-ci étaient devenues facilement repérables d’en haut par l’aviation, du fait du contraste de couleurs avec la verdure fraîche de la forêt. Malgré cette erreur tactique, nos troupes ont tenu jusqu’à la tombée de la nuit et ont édifié les troupes ennemies sur le courage et la résistance de nos valeureux combattants.
«La pénombre a permis au restant des sections de l’A.L.N de se replier de la zone de combat et de se disperser vers d’autres points. Ce n’est que durant la journée du 21 avril que l’ennemi a commencé à évacuer ses morts et ses blessés par hélicoptère . Ce même jour, 8 de nos hommes restés sur place se sont accrochés avec les forces adverses et ont tenu longuement contre elles. Cinq d’entre eux sont tombés au champ d’honneur et trois sont retournés sains et saufs».
Selon le même témoin, «il était difficile au commandement de l’A.L.N d’établir le bilan des pertes humaines». Ce qui nous a été rapporté quelques jours après par les civils, c’est que nos troupes ont perdu une centaine d’hommes dont les deux chahids, les commandants Moulay Larbi et Tetouane».
Du côté français, un civil ayant assisté à la bataille raconte «que le succès de la bataille de Fellaoucène a été immense». «J’ai vu, dit-il, les hélicoptères de l’armée française transporter par dizaines les corps de soldats tués au cours de cette bataille. Le sang coulait même du ciel à chaque décollage des aéronefs».
L’impact de la victoire remportée par l’A.L.N. au cours de la bataille de Fellaoucène a consolidé le moral des combattants de la juste cause et revigoré la foi des populations civiles de la région en leur armée de libération. La réaction sauvage de l’occupant était prévisible. Quelques jours après, la région de Fellaoucène fut brûlée par des bombardements au napalm, les maisons détruites et les populations transférées aux centres de regroupement pour mieux les contrôler.



IL est quand meme regrettable que les Francais ne parle jamais de leurs exploits en Algérie!!!!
Famille de braja ain fethoun - INgénieur - Lille, France

02/08/2011 - 17575

Commentaires

il est regrettable que ni les livres scolaires ni les historiens ni les médias ont laissé sous l'ombre une telle bataille qui témoigne le courage et le sacrifice des habitants de cette région de 'l'ouest algérien
amine CHAOUI - ouvrier - Alger
19/05/2009 - 3403

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