Entre l'essai rigoureux de l'historien et l'autobiographie familiale épicée du témoin, Mansouria Mederreg-Belkherroubi s'est choisi une nouvelle manière de raconter l'histoire qui ne laisse pas indifférent et de par l'approche originale et de par le courage à dérouler des vérités toutes crues sur l'engagement de ces milliers de familles s'étant donné corps et âme pour libérer le pays du joug colonial. Dans un nouvel ouvrage « Devoir de mémoire d'une petite fille à sa famille », récemment paru aux éditions El Ibriz, cette enseignante, titulaire d'une licence en lettres anglaises et d'un magistère en didactique de langues, a brisé les us adoptés jusqu'ici, en décidant de raconter la guerre de Libération nationale par le truchement de flashbacks de l'enfant qu'elle était au sein d'une famille engagée dans les rangs de l'ALN, depuis la base arrière établie sur le sol marocain. Engagement rehaussé par la mort au champ d'honneur de son jeune frère qui a abandonné ses études pour rejoindre le combat libérateur. Dans une conférence-débat animée, mercredi dernier, au Palais de la culture Moufdi-Zakaria, à Alger, en présence de quelques acteurs de la Révolution et des historiens, la conférencière, auteur de plusieurs ouvrages (« Tlemcen, coutumes et traditions », « Djha », conte en trois langues, arabe, français et anglais...) a retracé, de souvenir en souvenir, le rôle joué par sa famille, nationaliste jusqu'à la moelle, durant la Révolution. « Houria est trop jeune pour comprendre ce que font réellement ses parents et son frère (...). Elle ignore que son petit frère est au front, un condamné à mort qui a souffert dans ses entrailles pour que vive l'Algérie. La charmante fille ignore que son oncle pharmacien, membre de l'Organisation Secrète (OS), assure les besoins du front en médicaments », note-t-elle dans la préface du bouquin, en assurant, du haut du pupitre, qu'il s'agit d'une manière à elle de contribuer à la perpétuation et à la préservation de la mémoire de ce glorieux combat et de rendre hommage aux siens, le père en premier, Abdelkader Belkherroubi, normalien dans les années 1920, recherché par l'armée coloniale, lequel en apprenant la mort de son très jeune fils avait dit : « Je l'ai offert à la Révolution. » Etranglée par l'émotion, Mansouria Mederreg-Belkherroubi égrène des faits tragiques surgis dans la foulée de cet engagement dont elle s'était rendu compte de l'importance, souligne-t-elle, qu'une fois adulte. Livre poignant, truffé de matières pour les historiens spécialisés du combat libérateur, mais suggéré également aux initiés dans l'espoir, comme le clame si bien l'auteur, de sensibiliser une jeunesse sur les sacrifices de tout un peuple pour l'indépendance de son pays.
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Posté Le : 30/05/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A G
Source : www.horizons-dz.com