Tlemcen - Langues et dialectes

Kalou Koulna, oralité et moralité



Dixième Khaldiya :
Khaldiya N° 10
Oralité et moralité
Kaoulou el aouline, ils ont dit les anciens… Koulna.....

Pour faire vite et bien, les anciens avaient le don et la faculté d’imager les propos. C’est ainsi qu’ils produisaient des adages, dictons, maximes qui se vérifiaient au fil du temps. Ces dits étaient répétés et l’oralité a effectué le reste. Leur application était directe dans le champ des situations rencontrées. Dans le registre des actions où pouvaient s’exercer ces « koules », ces adages se sont étendus, développés au fil des ans. C’est dire que certains parents, grands-parents excellent dans l’adaptation, encore dans l’art de trouver la maxime qu’il faut à la situation moderne, actuelle rencontrée.
Courtes, imagées, forts, ces sentences proverbiales dites de différentes façons et convergeant vers le même sens sont riches chez certains. Elles semblent couler de source, comme des gouttes fraîches, au point d’étancher la soif , de faire partie des programmes de l’éducation des enfants .A à leur tour, nos enfants apprennent à leur descendance ces références jalousement gardées et surtout bien utilisées. Brèves, mettant en situation des personnages, des objets et des animaux, voire des plantes, ces « koule » -proverbes locaux sont d’une richesse inouïe. Propos très moralisateurs, ils ont frayé leur chemin dans le temps.
Même à l’ère d’Internet, ils sont encore, pour certains plus qu’actuels et pourraient même résumer parfaitement une situation, voire proposer la conduite à tenir, la solution, aider à la décision ou méditer longuement sur des comportements. L’expérience, le savoir-faire, savoir-être semblent être des vecteurs importants dans la rédaction, ou plutôt la conception et l’expression ô combien imagée de propos oraux, verbaux justes et convenables
Je suis sûr que chacun de vous, de nous, en possède une petite partie qui, réunie, complétée, nourrira notre mémoire collective et nous permettra encore d’apprendre davantage…Ne dit-on pas à Ghazaouet que « l’oreille ne vieillit pas » (el ouadane matchrafche)…Donc si la vue diminue, si nous n’arrivons plus à lire de près, au moins écoutons !Que vous les écriviez en phonétique , en langage ghazaoui ou traduites fidèlement, écrivez, répétez ces amtale chaabïa, ces akoual, kaoule, ces phrases que l’entend à tout bout de champ, qui tombent serrées, saccadées, comme des bulles images et qui donnent à penser, à réfléchir.
En 2003, je lançais naïvement un appel dans le forum WBG » à vos plumes ! à vos claviers ! En 2017, j’ai fini par comprendre que chacun veut garder chez lui, ses écrits, jalousement et surtout ne pas les partager, de peur que d’autres » fassent fortune sur son dos. Ainsi, tout se perd et c’est normal, nous sommes dans des temps de « béni ghefloun », des affairistes où le plagiat, le copier-coller, la duplication, le téléchargement illégal sont un commerce juteux , idéal mais illicite et contre nature…Alors, mon appel sera différent aujourd’hui. Au moins, écrivez, laissez une trace chez vous, pour les vôtres, en choisissant des moyens pour les garder protégés mais écrivez chez vous, enregistrez…
Je ne suis pas intéressé, à titre personnel par ce projet car par rapport à l’écrit, je pense avoir assez donné. Des jeunes qui étudient, qui préparent des magisters, des thèses doctorales devraient se saisir de ces sujets locaux. Certains ont d’ailleurs, déjà commencé à s’y atteler. Allah iaounechem ! Souhaitons leur la force, l’énergie, l’inspiration et la volonté pour réaliser ces études, ces recherches .
Rapportez ce qu’ont dit nass ezemane pour comprendre le présent en admirant ces orateurs capables de cisailler un discours juste par le pouvoir d’une phrase. Des paroles d’or qui font fondre le métal et encourager les hommes et les femmes, laisser les esprits en pleine méditation…et aussi injecter de l’humour local Et proverbial dans des discours parfois bruts et empreints de colère. C’est une bouchée de miel, un sucre, une confiserie dans ou sur un gâteau, pour ne pas dire la cerise sur le gâteau !
En avant koulou ma kalou el koudama ! et que « koul tair yalgha bi elghahe ! » (que chaque oiseau chante son air, son refrain !)
par khaled Sidhoum

[Texte écrit et publié dans le site WBG, le 23/08/2003. Réactualisé le 31/5/2017.Comme quoi, en quatorze ans, même si des choses changent, d’autres restent. « Ma ibeka fi el oued ghire ahejarrou »- (Ne restent dans la rivière, que ses pierres …)



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