Dans ces classeurs de photos qu’il garde précieusement, celle de sa classe de lycée... elle date de 1958.
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Trois pianos, des pipes accrochées au mur, une pièce remplie d'archives, de sa collection de timbres et des tableaux, dont il est l'auteur, dans toute la maison. Le lieu est à l'image de l'homme : multiple, passionnant, cultivé et riche d'une histoire.
Son histoire justement, il la consigne dans de grands classeurs. Si sa bibliothèque est pleine de livres sur l'Algérie, Gérard Gouzes a aussi son propre recueil : un album de photos, prises durant trois voyages (entre 1995 et 2006) à Tlemcen, sa ville natale. « À l'époque de l'Algérie française, il y avait 150 000 habitants, raconte t-il en feuilletant les images. Aujourd'hui, ils sont un million ! » Là, une photo de la rue du Général-Claverie et le balcon de la maison où il est né et a grandi. « Quand ma fille a vu ça, elle m'a dit : ‘‘Il n'y avait pas de quoi en faire toute une histoire !'' »
Pour archiver la vie
Mais pour lui, si. Plus loin, un cliché de son école Jules-Ferry et le cimetière de Tlemcen où est inscrit en latin « Souviens-toi que tu es né poussière et que tu redeviendras poussière », qu'il a fait inscrire sur le tout nouveau cimetière de Patras à Marmande. Une enfance en Algérie ponctuée de nombreuses scènes de violence qui marqueront ces années et son engagement futur : « J'ai fait de la politique pour essayer de comprendre. Ce climat de terreur m'a obligé à me poser des questions très jeune sur l'histoire ou encore la philosophie. »
Un autre classeur retrace les recherches de Gérard Gouzes sur sa famille. Des Gouzes, il en a retrouvé dans l'Aude, au XVIe siècle. « Puis, petit à petit, ils se rapprochent des alentours de Carcassonne où mon père était installé avant son départ en Algérie. » Le travail de généalogie se transforme au fil des pages en album de famille : ses arrière-grands-parents, ses grands-parents, son oncle curé qui a provoqué le départ du clan de l'autre côté de la Méditerranée, ses parents et bien sûr son frère (médecin mais aussi maire, conseiller général et régional), parti trop tôt, à l'âge de 46 ans.
En levant le nez, dans la bibliothèque, des ouvrages en bataille : « La politique pour les Nuls », pour le clin d'œil, des romans de Dan Brown, des livres d'histoire et du Camus, beaucoup de Camus. « Parce que j'ai cette sensation qu'il a eu une vie semblable à la mienne. Il est né en Afrique du Nord d'un père français et d'une mère espagnole, comme moi. Et puis nous avons la même manière de voir la guerre d'Algérie. »
Peintures, timbres et piano
Aux murs, des photos. La première élection en tant que maire de Marmande, en 1983 « la gauche était mal pourtant et, à la surprise générale, je gagne la mairie ! » Pas très loin, entre les photos de ses quatre petits-enfants, une Une « Marmande, fidèle à Gérard Gouzes », « parce qu'elle m'avait beaucoup plu », confesse t-il. Des pipes, couvertes de poussière, mauvaise habitude de jeunesse.
À l'écart de la maison, dans une grande pièce « où ma femme ne va jamais », des quantités astronomiques d'archives. Il garde tout. Une manie qui devient passion avec la collection de timbres, qui occupe un placard entier. Car l'homme, bien que très occupé et fervent des journées sans fin, garde le temps de cultiver ses passions. La peinture déjà, qu'il a parfois exposée sous le nom d'artiste de Cyprien Clarence. Le piano aussi, il y en a trois dans son salon, dont un qui vient d'Algérie : « C'est le seul meuble que nous avons ramené de là-bas, j'ai appris à jouer sur ce piano. Après, j'ai joué dans un groupe, les Black feet's boys, on faisait des kermesses et des bals… »
Dans cette maison, entouré de tous les souvenirs et toutes les traces de sa vie familiale et politique à Marmande, on devine cette volonté de s'ancrer quelque part qu'il explique lui-même simplement : « J'ai toujours eu un besoin de racines parce que j'avais perdu les miennes. »
Posté Le : 15/02/2014
Posté par : guerredalgerie
Ecrit par : Léa aubrit
Source : http://www.sudouest.fr/