Il y a 39 ans, le samedi 1er décembre 1962, après une ultime parade des dernières
unités françaises quittant définitivement Tlemcen, le capitaine MOINE
du 63e bataillon du génie français, représentant le général L’ENNUYEUX
qui avait demandé la 12e division d’infanterie stationnée à Tlemcen,
remettait solennellement les clés du prestigieux palais du Mechouar
entre les mains de Sid Lakhdar Fodil représentant le préfet de Tlemcen
et le gouvernement algérien de l’époque.
coulant aujourd’hui des jours paisibles, savourant une retraite bien méritée, Sid Lakhdar, anciennement chef de la délégation d’air Algérie jusqu’en 1995, était chef de cabinet de M.BELKHERROUBI, préfet de Tlemcen en 1962. Il se souvient encore avec un pincement au cœur de ce mémorable événement. « La cérémonie débuta par la visite des lieux, dira-il, puis la descente du drapeau français, un moment inoubliable mais néanmoins émouvant, devant les dernières unités blindées ».
« A titre anecdotique, le capitaine MOINE à ce moment là me glisse fièrement à l’oreille : voyez-vous, nous vous laissons un mât tous neuf. Une satisfaction éphémère puisque quelques instants après, au moment ou nous nous trouvions dans la salle des cartes d’état-major, un véhicule blindé qui venait de quitter l’alignement, percuta le mât en question et le détruisit ».
« Le capitaine MOINE, le visage rouge de colère, se tourne vers moi et me dit tout confus : je vous promets que le coupable sera sévèrement puni dés notre arrivée à Bousfer (Oran). Ma réponse a été quelque peu cinglante car je lui répondais : n’en faites rien, que peut représenter un mât devant les immenses pertes que le peuple algérien a subies ».
« De retour chez moi, je raconte à ma mère l’immense honneur dont je venais d’être l’objet en représentant l’état algérien et en recevant de la main de l’armée française les clés de Mechouar. Elle se mit aussitôt a pleuré de joie. Le lendemain, 02 décembre 1962, je remettais à mon tour et officiellement à l’armée nationale populaire(ANP), les clés du Mechouar ».
Historiquement, c’est en 1842 que le Mechouar évacué par les Turcs, fut investit par l’armée française qui y installait ses postes de commandement. Ce fait historique que nous nous devions de relever aujourd’hui, ce geste purement symbolique, mais combien évocateur pour tous les férus d’histoire, les étudiants et la nouvelle génération qui ne doivent pas ignorer le rôle joué par ce célèbre palais et a sa forteresse, qui a connu tant de guerres et de conquérants dans la joie et dans la misère.
Tlemcen a toujours joué un rôle de ville capitale connaissant tour à tour sièges, massacres, invasions d’Est en Ouest mais aussi fêtes fastueuses et commerce abondant. De toutes les villes d’Algérie, Tlemcen est certainement et certainement celle qui a conservé les monuments les plus riches et les plus précieux. Aujourd’hui, le vieux Mechouar n’est pas très aménagé. Ce monument historique fut construit à l’endroit ou Abou Tachfine avait installé son camp pour assiéger Agadir.
Edifié vers 1280 de notre ère par Yaghmouracène, fondateur de la dynastie berbère de Béni Zyane, cette citadelle de forme rectangulaire s’étend sur une superficie de 1,5 Km², en plein cœur de la ville. Elle comprenait le palais du roi, des boutiques des bains et de somptueux jardins ainsi, qu’une mosquée.
Très attachantes par des souvenirs historiques et ses monuments, Tlemcen est une cité qui reste singulière et envoûtante. C’est une charmante ville, avec ses rues piétonnes et ses grandes artères. Pendant la promenade, en ne peut s’empêcher de s’installer dans l’un de ces rassurants cafés qui se trouve autour du Mechouar pour rêvasser ou simplement ‘’ regarder’’ battre le cœur de la ville.
Il est vrai qu’a Tlemcen, le charme de ses ruelles suscite des rêveries. A pied, on ne peut manquer le Mechouar qui se trouve en face de la maison de la culture et dans lequel on peut s’y enfoncer pour une petite visite. Le Mechouar fut le témoin de tous les fastes et de tous les deuils dont été tramé le passé de Tlemcen. Des premiers princes, Abdel Ouadides à leurs cousins ennemis les Mérinides de Fez, qui occupèrent le Mechouar à deux reprises, jusqu’au turcs Aroudj chef des pirates venus de l’Est en 1518 qui chassât les Espagnols.
A cette même époque, commençait à briller la renommée de l’Emir Abdelkader. En dépit de son incontestable valeur d’homme, l’Emir deviendra maître de Tlemcen mai non du Mechouar où pendant six années 800 Kouloughlis protègent la garnison turque commandée par Mustapha Ben Smail. Pour la France, les Turcs lutteront durant deux années contre l’Emir Abdelkader.
Après l’indépendance, le Mechouar deviendra une grande école des cadets de la révolution. Il abritera également une garnison de l’armée nationale populaire (ANP), pour finalement être restitué à la ville de Tlemcen en 1990.
Le Mechouar est aujourd’hui un temple de l’artisanat tlemcénien avec les nombreuses expositions permanentes au niveau de la chambre régional des métiers de Tlemcen installée sur les lieux.
Le Mechouar doit sa célébrité à sa superbe architecture et à la beauté du site. Pour s’en convaincre, il suffit de déambuler à l’intérieur pour retrouver non sans émotion, mais dans une somnolence imposée par un environnement parfois hostile, les vestiges du palais royal et de la citadelle dont quelques-uns sont dans un état vétuste et délabré. Une meilleure prise en charge de restauration ne serait pas utile. Les tlemcéniens se doivent aussi de manifester un peut plus d’intérêt à leur histoire.
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Posté Le : 28/02/2008
Posté par : hichem
Ecrit par : Amine BEDJAOUI , Le Petit Tlemcénien n°7