Pour accéder à Honaine il faut ralentir au carrefour de Hadjrat Al-Gatt (pierre du chat) où un barrage de gendarmerie permanent vous contraint de ralentir après avoir roulé sur du velours dans la double voie de la RN 22 de Tlemcen jusqu'à la déviation allant sur Béni Saf. A partir du repère routier de Hadjret el-Gat, on découvre, après avoir traversé le pont de la Tafna où les fellahs du coin lavent leurs carottes, un paysage féerique, verdoyant.
A noter que le chemin de Wilaya ( W104) traverse la commune d'est en ouest et la route arrive jusqu'au parking de la plage. Pour y accéder depuis la RN22, il faut parcourir 27 Km à partir du village Hadjret el Gat par la W104 ( en passant par " Souk El Khemis "),ou par la RN22 et la RN35, en parcurant 32 Km depuis le village " Émir Abdelkader " puis par la W1 ( en traversant par Souk El Thenin). Si vous empruntez la RN98, vous devez parcourir 24 Km par la W103B puis la W104 ( en traversant une dense forêt).
Si vous êtes dans la région Beni-Saf, vous y arriverez après 33 km depuis l'intersection de Rachgoun en empruntant la N22 puis la W1 et enfin la W104. Vous pouvez aussi accéder par les différents chemins ( mal-entretenus mais carrossables ) qui longent le littoral.
Pour arriver, après avoir gravi une côte des monts Traras à la commune des Béni Khellad en pleine expansion, démographiquement parlant. Là-bas se trouve nichée la belle plage d’Agla abritant la ferme aquacole Aquadora(Sarl) où avait été lancée en juillet 2017 la 3ème opération d'ensemencement de 6 cages flottantes par 1 140 000 alevins de Daurade royale en provenance de Grèce. La ferme s'étend sur 2 ha et génère 100 emplois. Un projet d'un coût de 234 404 000 DA qui est confronté à deux problèmes, à savoir l'absence d'électrification et sa proximité d'une décharge publique.
Des cultures sous serre s’offrent à perte de vue ; les champs de pastèques invitent à la récolte. Parallèlement aux cactus sauvages ornés de figues de barbarie : « el hindi wa mous men indi », une prestation dédiée à titre de bonus par les vendeurs informels installés sur le bas-côté de la route. De Béni Khellad, il faut «dégringoler» et avoir de bons freins pour arriver au village de Sidi Driss où sont alignés les vendeurs de pain de maison en passant par Sidi Ali où le commerce du charbon pour barbecue semble rentable.
Puis enfin Tafsout-plage(Tafsout signifie « printemps » en amazigh), où est lovée la station de dessalement de l'eau de mer. Nécessité oblige, il fallait choisir entre l'eau potable pour alimenter toute une partie de la wilaya de Tlemcen jusqu'à Remchi ou garder le paysage sauvage et vierge d'une plage prisée par les connaisseurs. Le montant de l'investissement est estimé à 291.253.502 USD et le tarif d'eau dessalée à 0,8299 USD. La station, qui a une capacité de production de 200.000m3/j, alimente en eau potable les communes de Honaïne, Remchi, Béni-Ouarsous, Hennaya, Aïn Youcef et le Grand Tlemcen (Chetouane, Mansourah et Tlemcen). A noter que, depuis sa mise en service, ladite station a fait plusieurs fois des siennes pour cause de maintenance, générant ainsi un « stress » hydrique chez les ménages.
Ancien plongeur en apnée et visiblement au fait de la chose environnementale, Miloud Bouazza, avait posé en 2009, en sa qualité de P/APC de Honaïne, le problème du projet sous le double angle, écologique et économique. « Il n'est pas logique qu'on extrait l'eau à 1.200 m et que les rejets se fassent à 500 m, la faune et la flore seront menacées par le sel et le chlore d'autant que cette baie est une pépinière... ». Il proposa dans le même ordre d'idée la récupération du sel par l'unité de Mostaganem par exemple. Interdite à la baignade durant 5 ans depuis l'année 2007,en raison de travaux,elle fut finalement de nouveau accessible depuis le début de la saison estivale 2012.Elle redevint la sublime plage qu'elle était, aménagée et accueillante, dans une somptueuse ambiance estivale. Une très belle plage, se trouvant à moins de 2 km à l'est du centre-ville de Honaine.
La plage est une baie naturelle et ce qui ajoute à son charme, cette belle forêt de pins maritimes. Son majeur atout est sa proximité de la ville, en outre de la beauté de son site. Cet endroit était encore plus beau avant l'installation de l'unité de dessalement, qui à notre humble avis, a totalement défiguré le paysage, sans parler des méfaits écologiques. Actuellement plusieurs mètres cubes d'eau dessalée sont déversés dans le petit oued qui traverse la plage. Des rejets hydriques appelés par dérision « les chutes de Niagara ».
Un barrage de police accueille le visiteur à l’entrée de la plage « secondé » par un parking.Accès payant : 100 DA. Son sable est mélangé à de la terre et parsemé de petits galets noirs ou blancs de la taille d'un gravillon. Ces galets forment une ceinture tout au long du rivage.La plage mesure 300 mètres de long et entre 12 et 25 mètres de largeur. Le site est calme est sécurisé. On y trouve 2 parkings, des douches et de toilettes.
Aux côtés de la protection civile où trône un camion anti incendie, est implanté un poste de police « touristique » avec une équipe d’agents relevant de la sûreté de daïra de Remchi, en service commandé à Tafsout dans le cadre du plan Bleu.Un chapiteau blanc est destiné à l’information et la sensibilisation du citoyen sur la drogue, la sécurité routière, la formation…Nous avions (re)trouvé une plage calme, propre, invitant à la villégiature et la farniente. Accompagné d’un subalterne(policier de plage), le chef de poste en tenue de combat bleue sillonnait sans se lasser la plage, accomplissant un travail de proximité louable, réalisé avec professionnalisme et pédagogie. Une traduction concrète du slogan porté bien en vue sur une grande banderole : « La sûreté nationale veille sur votre sécurité et votre tranquillité ».Le camping est interdit sur cette plage.Outre le périmètre de sécurité signalé par les balises flottantes rouges, une clôture grillagée est implantée à hauteur des rochers pour éviter des chutes depuis un chemin escarpé. Une ambiance familiale régnait aussi bien sur le sable que dans l’eau. Exit les solariums qui ont visiblement adopté un profil bas en cette saison estivale. L’estivant s’est réapproprié son espace naturel, son environnement balnéaire. Et pour cause. Ici, on ne badine pas avec la loi, en l’occurrence l’instruction du MICL interdisant formellement toute concession en la matière. A noter l’intrusion de la mode de la chicha(usage du narguilé) sur la plage. Discrètement et un tact professionnel, l’agent s’assure qu’il ne s’agit pas d’une « couverture » licite pour une consommation illicite de haschich. Nous avons également relevé l’absence de jet-ski par mesure de sécurité. Quid du joli spectacle des cerfs-volants manipulés par des enfants ? A noter aussi « l’éclipse » de jeunes colons pour cause de pandémie du Corona virus. Dans ce sillage, le camp de colonie de vacances Messali Hadj et le centre familial Naftal sont désertés.
A quelques encablures, le chef-lieu, Honaïne, et plus exactement le port de pêche annoncé par la caserne des garde-côtes. Accès : 100 DA pour les visiteurs. Un abri qui ne serait exploité qu'à 20 % de sa capacité, du fait des conditions nautiques défavorables (accès difficile), nonobstant la production halieutique qui est estimée à 5 696 kg/an...Le nouveau port de pêche de Honaine réceptionné au courant du premier semestre 2015, possède une capacité d’accueil de 256 embarcations de pêche(dont 55 unités pour petit métiers) et 64 autres de plaisance. Par ailleurs, un projet d'atelier de construction et de maintenance navale dans le port de Honaine, ainsi que d'autres projets d'aquaculture, sont en cours de réalisation par des investisseurs dans le même port. Ce port haut standing contribuera au développement de la pêche hauturière.
Cette infrastructure portuaire avait abrité le 20 mai 2017 les festivités officielles de la cinquième édition de l'opération ports et barrages bleus 2017 organisée par le Ministère de l'Agriculture , du Développement Rural et de la Pêche, en collaboration avec la Chambre Nationale de la Pêche et de l'Aquaculture avec, au niveau local, le concoursdes Gardes côtes, l'EGPP, l'Ecole de Pêche de Ghazaouet, les associations sportives, culturelles .Cette opération a permis à l'abri de pêche de Honaine d'être classé premier au niveau national où un trophée a été remis au PDG de l'EGPP pour tous les efforts fournis pour l'aménagement de l'abri de pêche.La plus grande quantité de déchets (15 tonnes) fut ramassée au port artisanal de Honaine, suivi du port maritime de Ghazaouet (3 tonnes), et du port de plaisance de Marsat Ben M’hidi (1,5 tonne). En marge de cet événement, une vente promotionnelle du poisson d’élevage de la ferme aquacole de Honaine (Daurade royale et Loup de mer) avait été organisée. Par ailleurs, Honaïne compte une association de pêche sportive active qui organise souvent des concours dans cette spécialité. Il faut savoir que Honaïne, abstraction faite de son statut de commune éponyme, est une ville portuaire de la rive sud-ouest de la mer Méditerranée. Elle est située au nord du massif des Trara, distante de 60 km au nord-ouest de Tlemcen.
Opérons pour la circonstance une plongée rétrospective dans les tréfonds de l’histoire de cette région, qui reste cependant un creuset d'histoire. Honaïne, escale phénicienne, cité numide, important port de l'Oranie qui était celui de Tlemcen au XIIIe siècle. Ce petit port de pêche à l'Ouest du pays fut la voie méditerranéenne pour le commerce avec Tafilalet et l'ancien Soudan (actuel Mali). Cette ville dispose de vestiges arabo-berbères datant de la période Almohade, du temps de l'essor florissant de la ville qui fut un important centre de flux commerciaux entre les deux rives de la Méditerranée. Les remparts de la ville témoignent encore aujourd'hui de la splendeur et de la puissance passées de cette contrée. Le fondateur de la dynastie des Almohades, Ibn Ali El Koumi, établi plus tard à Marrakech, est né à Tajra, une colline surplombant Honaïne, à deux kilomètres à l'ouest. En 1162, Oran et Honaïne s'associèrent pour construire les cent vaisseaux commandés par Abd El Moumen Ben Ali.Elle abrita le port des Ifrenides, lequel deviendra plus tard le port plus important des Almohades en Afrique du Nord, qui sera par la suite l'un des deux ports des Zianides de Tlemcen. Le port sera partiellement détruit en 1534, après une brève occupation espagnole. Honaine a vu débarquer un nombre important de réfugiés Morisques.Que reste-t-il de cette épopée guerrière depuis le grand Abdelmoumène né à Tadjra (montagne forestière qui domine la baie de Tafsout) et qui a été le grand unificateur du Maghreb pour la période des Almohades. Avant son appellation de Honaine, ce joli site a porté les noms romains de Artisiga, Gypsaria. Les Espagnols la nommaient « Hone » qui signifie « pierre à aiguiser »(meule), d’où à priori l’appellation hypocoristique de « Honaïne ».Les fouilles archéologiques menées par le chercheur Abderrahmane Khelifa dans les années 1970 ont pu sauver quelques ruines comme la Casbah connue sous le nom de Dar Es-Soltane, mais aussi les remparts Bordj El-Bahri et une tour de guet(en principe une zone non edificandi où l’urbanisation sauvage n’a pas droit de cité, n.d.l.r).Ces ruines rappellent que de durs combats ont eu lieu lors de l'occupation de Honaine par les Espagnols en 1531 et sa destruction totale en 1635.
Une association culturelle dynamique, en l’occurrence « Les Traras » s'active à Honaine pour relater les grands moments d'histoire de ces monts des Traras et leur massif forestier qui recèlent de grands atouts touristiques : mer, montagne, sites historiques, si les APC reçoivent les moyens humains et financiers pour revaloriser cette région qui pourrait devenir un pôle touristique attrayant. D’autre part, une bibliothèque communale a ouvert vaille que vaille ses portes en 2015.
Le circuit entre la plage de SidnaYouchaâ, Ghazaouet et Honaine est d'une beauté naturelle où le visiteur fera une promenade en haute montagne avec des forêts abritant toutes les espèces d'arbres et surplombant une côte maritime unique au monde où viennent se réunir en congrès annuel différentes espèces de phoques appelés par les riverains Ben-nemri(la plage de SydnaYoucha’ est surplombée par une grotte appelée «GharBenmenri» ou « DrezBenemri » en raison du bruit trépidant qui provenait de ce site, où vivait autrefois, selon la légende, un phoque surnommé «Benmenri»).Pour terminer, nous proposons une formule esthétique, à l’instar d’ « Hollywood », de graver, peindre ou placarder le nom des plages au niveau des sites balnéaires(falaise ou colline).
Posté Le : 13/07/2021
Posté par : tlemcen2011
Ecrit par : par Allal Bekkaï