La Grande Mosquée de Nédroma s’apparente par sa forme à celle de la Grande Mosquée de Damas dans des proportions plus modestes, mais elle appartient à la famille des mosquées de type andalou à l’instar de la grande mosquée de Cordoue caractérisée par les travées perpendiculaires à la qibla. De forme rectangulaire, on accède à l’édifice par des entrées situées dans les angles du mur nord, ouvrant sur des nefs perpendiculaires au mur qiblî, qui se prolongent de part et d’autre de la cour quadrangulaire, formant des portiques latéraux triples. La cour, située dans l’axe du mihrâb, ouvre sur la salle de prière dont les neuf nefs comptent trois travées. Les arcs outrepassés retombent sur des piliers. L’espace qui précède le mihrâb est couvert d’une voûte en arc de cloître ; on a tout lieu de croire que ce carré ne fut jamais couvert par une coupole. Le mihrâb est constitué d’une niche polygonale, comme dans de nombreuses mosquées médiévales de l’ouest algérien influencées par la Grande Mosquée de Cordoue.
Le minbar[1], dont il ne reste que le dossier et les joues, porte une belle inscription en graphie kufique de style qarmatique, apparue pour la première fois au Xe siècle en Tunisie. Les joues sont analogues à celles des chaires de la mosquée omeyyade de Médine et de la mosquée des Andalous à Fès[2].
Le minaret est situé dans l’angle nord-est de la cour, particularité des édifices ‘Abd al-wadides, certainement influencés par les Almohades si l’on en juge par l’emplacement de ceux des mosquées de la Kutubiyya et de Séville, placés dans l’angle nord-est. Son fût carré est surmonté d’un lanternon. Son décor s’organise au sein d’un compartimentage rectangulaire. Dans la partie inférieure, deux arcs polylobés se déploient (comme dans le minaret d’Agadir) surmontés d’un important réseau losangé issu d’arcs curvilignes entrecroisés. Aucun décor n’est visible dans le bandeau supérieur, qui était peut-être occupé par une frise en mosaïque de céramique, comme sur le minaret de la mosquée d’al-‘Ubbâd (proche de Tlemcen, 1339). Le décor en réseau losangé a été utilisé pour la première fois par les Almohades dans le minaret de la Kutubiyya, puis dans les ceux de la Qasaba de Marrakech, de la mosquée de Hasan à Rabat (1196-1197) et de la Giralda à Séville (fin XIIe siècle).
L’architecture de la grande mosquée de Nédroma présente des éléments architectoniques spécifiques, comme l’arc outrepassé à deux centres. L’origine de l’arc plein-cintre outrepassé est controversée. L. Golvin pense que les Byzantins le connaissaient déjà au IVe siècle, comme l’attestent le baptistère de Mar Ya‘qûb à Nisibin et celui de Khuja Kalesi (VIe siècle) et H. Terrasse évoque son usage fréquent en Espagne wisigothique.
NOTE
[1] Actuellement conservé au Musée national des Antiquités et Arts islamiques d’Alger.
[2] Fès, musée Dâr Batha, s.n.
BIBLIOGRAHIE DE REFERENCE
Bourouiba, R., Les inscriptions commémoratives des mosquées d’Algérie, Alger : OPU, 1984, p. 81-86.
Bourouiba, R., L’art religieux musulman en Algérie, Alger : S.N.E.D., 1983.
Bourouiba, R., Apports de l’Algérie à l’architecture religieuse arabo-islamique, Alger : OPNA, 1956.
Marçais, G., « La chaire de la Grande Mosquée de Nedroma », in Revue Africaine (cinquantenaire de la faculté de lettres d’Alger), 1881-1882, p. 321-342.
Marçais, G., L’architecture musulmane d’occident, Tunisie, Algérie, Espagne et Sicile, Paris : Arts et Métiers Graphiques, 1957, p. 87.
« Cinquantenaire de la faculté des lettres d’Alger (1881-1931) », in Revue africaine, 1932, p. 321.
Marçais, G., Le musée Stéphane Gsell, Alger : Imprimerie officielle, 1950, p. 17, pl. IV.
Posté Le : 24/08/2010
Posté par : tlemcen2011
Source : www.qantara-med.org