El-Aricha, commune à vocation agropastorale, est située à 85 kilomètres au sud du chef-lieu de la wilaya (Tlemcen) et à 46 km de celui de la daïra de Sebdou, dont elle relève. Elle abrite une population de plus de 10.000 âmes, qui s’accroît selon les saisons par des nomades, transhumance oblige.
Dans cette contrée déshéritée où la steppe domine, la majorité de la population tire ses revenus de l’élevage et de ses produits dérivés. Si le jeune maire de la commune, Ameur A., affiche ses ambitions en matière de projets à redémarrer, tels la nouvelle unité de protection civile qui a vu ses travaux stagner à 80%, alors que son lancement date de l’année 2002, ou le fameux lycée qui n’a pas encore été concrétisé et traîne depuis 04 ans, en raison d’une ligne de haute tension à dévier de l’assiette, mais dont l’étude tarde à se faire.
Quant au projet de la nouvelle polyclinique, inscrit en mai 2007, il a encore du mal à sortir du brouillard…
Lycée ou… projet fantôme ?
Tous ces retards de concrétisation font que la population subit de plein fouet les conséquences d’une stagnation chronique, dans laquelle elle végète depuis l’indépendance. Sinon, comment expliquer que la commune d’El-Aricha n’a bénéficié, en tout et pour tout, que d’un simulacre de développement, loin d’être visible à l’œil nu? Si cette commune n’arrive toujours pas à clôturer les dossiers de ses projets laissés en souffrance, à leur tête le fameux lycée fantôme, il n’empêche que la population maintient dans le courant de ses revendications, la concrétisation formelle de cette infrastructure et pour cause. Il y va de l’avenir de centaines d’élèves, guettés par la déperdition scolaire, qui menace surtout les filles, victimes du conservatisme traditionnel des familles.
En effet, pour ces dernières, il n’est pas question que leurs filles soient hébergées en internat dans l’un des lycées de Sebdou. Que doit-on penser alors de ces brillantes élèves, issues de la même région et qui ont décroché leur Bac et des prix d’excellence, au début des années 1960, alors qu’elles étaient internes au futur Lycée Maliha Hamidou de Tlemcen ?
Et dire qu’un penseur bien connu dans les colonnes de la presse a osé parler de «Régression positive»… Par ailleurs, cette commune accuse un déficit important en matière d’infrastructures scolaires, car les six (6) établissements existants, un CEM et cinq écoles primaires, restent en deçà des besoins réels de la scolarisation au sein d’El-Aricha, que l’on souhaite voir renforcer son patrimoine par un nouveau CEM et bien sûr, le fameux lycée, qui tel le vaisseau fantôme, a de la peine à sortir de la légende.
Bitumage et couvertures sanitaires inadéquats
Parmi les autres priorités et elles sont nombreuses, citons le bitumage des souks et des rues, l’aménagement urbain, la création de structures sportives et culturelles, l’emploi, le logement, les moyens de transport, etc. La santé souffre énormément de l’absence d’une structure à même de prendre en charge la population. La salle de soins existante au chef-lieu de commune, est néanmoins très loin de satisfaire la population, en matière de couverture sanitaire, croit-on savoir de la bouche même d’un médecin qui souligne, que pas moins de 60 consultations et 120 soins divers sont donnés quotidiennement aux patients d’origine sédentaire ou nomades. De part sa position géographique, qui la place au carrefour de la route nationale RN22, menant à Naâma puis à l’extrême Sud-Ouest et de la RN13 menant d’une part à la capitale de la Mékerra via Ras El-Ma, et d’autre part vers la bande frontalière ouest, les accidents de la circulation y sont légions.
Ceci pour dire qu’El-Aricha dispose d’une unité de soins inadaptée aux besoins d’urgences. Un déficit criard, auquel s’ajoute le peu de moyens de transport d’évacuation. Pire, les accouchements se font encore à domicile voire même sous les tentes de nomades, avec tous les risques pendants à ces conditions de vie.
Habitat, transport et agriculture, parents pauvres des secteurs
Le logement reste évidemment une priorité, malgré les premiers 170 logements et les 800 autres consacrés à l’habitat rural et attribués à la commune d’El-Aricha cette année. Ce secteur reste tout de même le parent pauvre dans cette commune, dont un grand nombre de nomades se sont plus ou moins sédentarisés, sous la pression des hordes terroristes, dont les exactions les ont incités à se rapprocher des agglomérations urbaines offrant plus de sécurité.
Le transport reste également un secteur à développer, pour satisfaire les besoins d’une population adulte et du monde scolaire. L’agriculture qui connaît un semblant de développement, plus particulièrement dans le domaine de l’arboriculture, bute sur une non-assistance technique de la part des services concernés et reste cautionnée par les conditions climatiques.
En effet, la région d’El-Aricha est réputée pour son climat sec, glacial en hiver et torride en été, avec des vents de sable par-dessus le marché. «Nous avons besoin de conseils éclairés, pour planter tel ou tel type d’arbre, qui pourrait s’adapter à notre sol et à notre climat, autrement, l’argent consacré à l’arboriculture ne sera que simple gaspillage de plants», souligne un fellah, qui sollicite une orientation dans ce domaine, pour mieux maîtriser cette technique.
Il faut dire à sa décharge, que contrairement à la région de Béni-Snouss, dont les fellahs sont passés maîtres dans l’acclimatation de la culture arboricole, si l’on se réfère à la variété et à la qualité de leurs pêches, les fellahs de la région d’El-Aricha avaient orienté leurs activités vers l’élevage. Autrement dit, ils ont tout à apprendre dans le domaine de l’agriculture en général et dans celui de l’arboriculture en particulier.
Des perspectives insoupçonnées, malgré les inquiétudes
Du côté des jeunes, gros pourvoyeurs de main d’œuvre non qualifiée, le chômage frappe fort et la seule activité qui reste à leur portée, est celle que leur offrent les travaux saisonniers et l’élevage, et cela, faute d’entreprises ou autres projets structurants pouvant l’absorber. Et dire que le territoire de la commune ferait rêver plus d’un pharmacologue spécialisé dans la reconnaissance et l’exploitation des plantes médicinales. Voilà une activité qui pourrait générer la création de petites entreprises de conditionnement, au même titre que les produits dérivés du cheptel lainé, comme la peau de mouton et ses cornes pour la confection des peignes traditionnels. Faute de mieux, les jeunes tuent leur temps dans les cafés, en attendant un emploi aléatoire dans le cadre de l’emploi des jeunes, seul créneau entrevu pour le moment.
Les éleveurs quant à eux, commencent à reprendre espoir avec la régénération des parcours de pacage, après avoir souffert de la flambée des prix des aliments du bétail en période de sécheresse et de leur exclusion d’une réelle politique de soutien. Là aussi, il y aurait sûrement à faire, comme par exemple la création de zones de pâturage autorisées et de sones de mise en défens. A l’écoute des uns et des autres, plusieurs questions se posent, tant sur l’absence de réalisations socioculturelles, que sur celle d’un développement économique consistant, en matière d’activités industrielles et commerciales, dans cette contrée semblant condamnée à l’oubli.
Qu’est devenue la nouvelle ville d’El-Aricha ?
Selon certains de nos interlocuteurs, parmi eux des Moudjahidine, il y a quelques années de cela, un ministre du Gouvernement leur aurait promis, à l’instar d’autres villes de la région Ouest, la construction d’une nouvelle ville à El-Aricha. Une cité qui devait constituer, à ses dires, une plaque tournante de liaison entre le Sud et le Nord. A ce jour, aucun écho ne leur est parvenu de cette promesse. On ne sait même pas ce qu’est devenu le ministre de ces fausses promesses… Pourtant, cette région qui a subi les affres du colonialisme, a sacrifié les meilleurs de ses fils, pour défendre une noble cause.
Certains diront que les âmes des Colonels Larbi Ben M’hidi, Boussouf et Boumédiène et autres responsables de la Révolution, hantent toujours cette terre où ils avaient trouvé asile et soutien sans faille. Eux vivants n’auraient jamais d’ailleurs toléré que cette région reste ainsi marginalisée. Et ce n’est que lui rendre justice, que de lui appliquer rapidement le plan de développement, initié par le président de la République, pour qu’elle soit enfin prise en charge dans tous les domaines.
Toujours est-il que l’urgence de cette application s’impose, pour diminuer l’inquiétude née de l’incertitude qu’on ressent parmi les citoyens, et tout cela, «parce que certains responsables de la wilaya, rechignent même à fouler le sol d’El-Aricha, comme n’hésitaient pas à le faire en leur temps, leurs illustres prédécesseurs, sans lesquels ils n’auraient pas existé…», conclura avec amertume un vieux militant de la cause nationale.
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Posté Le : 16/10/2013
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : A. Rahmouni
Source : La Voix de l’Oranie 03/03/09