Tlemcen - Mohammed Ben Ahmed El-Hafid

Biographie de Mohammed Ben Ahmed El-Hafid



Mohammed Ben Ahmed Ben Mohammed Ben Ahmed BEN MOHAMMED BEN MOHAMMED BEN ABOU BEKR BEN MERZOUQ
EL-HAFID (le petit-fils) (1).
Il naquit à Tlemcen: Ce célèbre et très docte imam fut, pour les hommes de son siècle, l'argument même de notre sainte religion,
un hafidh accompli et du mérite le plus éminent; un profond connaisseur, un habile écrivain, un homme pieux, vertueux, mortifié, adonné à la dévotion et entièrement détaché des choses de ce monde ; une vraie bénédiction, un humble fidèle, un maître renommé, un modèle à suivre, un éminent interprète de la loi, un jurisconsulte profondément versé dans les principes fondamentaux du droit; un docte interprète du Livre sacré, un traditionniste, une autorité juridique, un traditeur par excellence, un bon précepteur, un excellent professeur de lecture coranique, un grammairien, un lexicographe, un rhétoricien, un versificateur, un soufi, un homme voué à la pénitence, un ami de Dieu, un saint adonné à la vie contemplative, un maitre versé très abondamment dans toutes les branches de la science et se plaisant à nourrir son esprit des fruits de chacune de ses branches ; un prédicateur, un signe non équivoque de. l'existence de Dieu aux yeux de ses créatures, un muphti célèbre, un professeur vers lequel on accourait de' tous les côtés ; un pèlerin, un orateur qui fit entendre sa brillante éloquence du haut des tribunes de la science, un prédicateur qui occupa avec beaucoup de talent les chaires de l'Islam, un cheikh issu d'une famille des plus illustres, qui est devenu le prince des plus grands savants ; le chef des pontifes de la religion, l'héritier de la science des docteurs les plus éminents ; un homme brillant par son savoir comme une pleine lune, possédant au suprême degré les sciences rationnelles aussi bien que les traditionnelles, et joignant dans son esprit à la connaissance de la vérité absolue celle de la loi positive ; le cheikh des cheikhs, le plus accompli des connaisseurs les plus habiles et de premier rang, l'auteur de raisonnements nouveaux et admirables, de merveilleuses découvertes, de recherches curieuses, et de nombreux et précieux renseignements ; un homme dont personne ne contesta le savoir, un sujet très intelligent, un modèle à suivre, un personnage dont le monde n'enfantera jamais le pareil. Il fut, en effet, l'un des hommes les plus éminents et d'une valeur incomparable, si l'on considère la connaissance qu'il avait de toutes les branches de la loi, ses nombreuses vertus et ses édifiantes actions. On peut dire de lui qu'il fut le pontife de l'Islam, le guide des fidèles musulmans, le muphti et l'oracle des mortels. Il n'y avait point de question obscure dont il ne parvint à trouver la solution ; point d'affaire embarrassée et inextricable qu'il ne vint à bout do débrouiller, Auteur de prodiges et d'actes de droiture, il se faisait encore remarquer par la sublimité de ses sentiments, par le zèle qu'il déployait contre l'hérésie et par les efforts qu'il faisait pour maintenir les traditions orthodoxes.
Glaive toujours dégainé sur la tête des novateurs et des gens qui écoutent leurs mauvaises passions, c'est par lui que Dieu répandit ses bénédictions sur l'humanité ; c'est lui qu'il éleva au-dessus de tous les mortels, et c'est de lui qu'il daigna se servir pour offrir à ses créatures la mine de la science, pour leur allumer le flambeau de l'intelligence, leur faire connaitre l'alchimie du bonheur (2) et les faire jouir du trésor de l'instruction.
« Mohammed ben Merzouq EI-Hafid était fils du cheikh, le jurisconsulte, le savant Abou'l-Abbès Ahmed, fils du docte imam, le professeur vers lequel on accourait de tous les côtés, le pèlerin, le jurisconsulte, le traditionniste, le célèbre prédicateur Mohammed Chems-ed-Din, fils du savant cheikh, le vertueux, l'ami de Dieu, l'habitant des lieux saints, Abou'l-Abbés Ahmed, fils du jurisconsulte, le saint, le vertueux, l'humble Mohammed, fils du grand saint, le vertueux thaumaturge Mohammed, fils d'Abou Bekr Ibn Merzouq El-Adjicy de Tlemcen.
Mohammed ben Merzouq El-Hafid, disons-nous, fut un vrai prodige de zèle et de constance pour l'acquisition du savoir, pour l'étude des sciences traditionnelles et l'assiduité de son application à toutes les branches des connaissances humaines sans exception. Quant à la jurisprudence, on peut dire qu'il la connaissait aussi bien que Malik, qu'il en tenait en main toutes les branches et qu'il s'en était rendu entièrement maître, à telles enseignes que si l'imam Malik avait pu le voir, il n'aurait point hésité à lui dire : « Approche, c'est toi que je désigne comme mon successeur ; tu n'auras qu'à parler et assurément ma doctrine sortira de ta bouche. » Si Ibn El-Qacim l'avait vu, ses yeux l'eussent contemplé avec délices; il lui aurait dit : « Il y a longtemps que tu protèges la doctrine (malékite) contre tout ce qui peut la fausser ou en altérer la pureté. » Si l'imam El-Mazary (3) l'avait vu, il aurait su que notre docteur était l'un de ses émules et de ses rivaux. Si le hafidh Ibn Rochd l'avait vu, il aurait dit: « Viens ici, ô gardien de la droiture et de l'orthodoxie (4). « Si le docteur El-Lakhmy l'avait vu, il aurait entendu sortir de sa bouche les beaux enseignements contenus dans le livre intitulé Et-Tebsira (Aperçu) dont il (El-Lakhrny) est l'auteur. Si le docteur El-Qarafy l'avait vu, c'est de lui qu'il eût appris les Principes fondamentaux qu'il a établis dans l'ouvrage qui porte ce titre , avec tout ce que notre savant a ajouté à cette matière, grâce à la profonde connaissance qu'il avait du sens du texte du Coran et des perles que ce livre sacré renferme, grâce à la science consommée qu'il avait de l'interprétation et de ses beautés. Si Modjahid (5) l'avait vu, il aurait su que notre cheikh était un champion pour les sciences relatives au Coran. Si El-Moqatil (6) l'avait rencontré, il lui aurait dit : « Approche, ô combattant. » Si Er-Zamâkhchary l'avait entendu; il eût avoué sans peine que c'était lui, Ibn Merzouq, qui était le véritable Révélateur des choses cachées , et il aurait dit à son livre: « Ecarte-toi pour laisser la voie libre à ce grand docteur. » Si Ibn Atiya l'avait vu, il aurait su de combien de grâces et de dons le Très-haut l'avait comblé (7). Si Abou Haïyan l'avait connu, il se serait, s'il l'avait pu, caché de lui dans sa Rivière, et aucune goutte d'eau de son Océan n'eût coulé(8), car l'immense savoir d'Ibn Merzouq embrassait le hadith avec ses branches, les explications qu'en donnent les docteurs, la connaissance de ses textes, la classification de ses divers genres et la description de ses catégories; sur ce point, sa réputation était devenue si grande, que l'ou venait du toutes Paris assister à ses leçons, suivre son enseignement, ou bien lui demander la solution des questions difficiles et l'explication des choses obscures.
Le bras (9) se serait rompu en luttant avec celui de notre docteur. Le glaive (10) se serait émoussé eu voulant éprouver son tranchant sur celui du cheikh; il aurait perdu son fil à cet essai et n'aurait fait qu'aider le tranchant de son adversaire à pénétrer le sien. Jamais le secours de La preuve certaine (11) n'eût conduit à la voie que suivait Ibn Merzouq. Celui qui avait cherché à tirér du feu (12), en frottant le bois de ses arguments contre celui des arguments de notre savant, n'aurait pas obtenu la flamme qu'il désirait.
Ibn Merzouq était si versé en grammaire qu'on peut dire que si Ez-Zamakhchary l'avait vu, il aurait balbutié en lisant devant lui le Mofassal , et aurait trouvé que le talent qu'il avait acquis était bien peu de chose en comparaison du sien. Si le doc¬teur Ed-Demaminy l'avait vu, il aurait certainement désiré plaisanter avec lui et se serait égayé; il aurait cherché aussi à cueillir les fruits (13) de ses précieux renseignements et à puiser à sa source (14). Si Ez-Zadjjadj (le verrier) l'avait vu, il aurait su que sa verroterie n'est pas comparable à ses joyaux, et qu'il ne pouvait lutter avec lui que dans ce que cette science (la grammaire) a de facile et de clair. Si El-Khalil (15) l'avait connu, il l'aurait comblé d'éloges et aurait dit aux chevaliers de la grammaire (aux grammairiens de premier ordre) : Il vous est impossible d'atteindre son degré de connaissance en langue arabe. »
II était si versé en rhétorique, que la lueur de la Lampe (16) était éclipsée par l'éclat de son aurore, et que l'auteur de l'ouvrage intitulé La clef (17) n'aurait pas pu comprendre avec le secours de sa clef les questions difficiles qu'il exposait. Les étoiles qui brillent au firmament étaient au-dessous du sommet de son intelligence. Les yeux étaient offusqués par l'éclat de suri érudition, et on s'écriait en le voyant : « Ah! de combien de grâces et autres faveurs, de quelle multitude de sciences, de combien de qualités insignes et prêtes à être octroyées Dieu dispose ! » -
Son détachement des biens de ce monde et sa vertu sont notoires. Hommes et génies étaient unanimes à reconnaître sa supériorité et son excellence. C'était, en fait d'érudition, un océan, mais un océan sans rivages. Je le comparerais volontiers à la pleine lune, mais l'éclat de cet astre est moins vif que ne l'était le sien ; au lait (18), mais ses paroles étaient plus éloquentes que le lait. 'En somme, la plume est impuissante à décrire toutes ses qualités, et, parmi les hommes de mérite de son siècle, aucun ne s'est assis sur les sièges d'honneur sur lesquels il s'est lui-même assis. Il fut le professeur des savants de son époque; le doyen des docteurs de son siècle et de son temps ; un miel de sciences dont citadins et nomades venaient tailler les rayons; un océan d'érudition où venaient se désaltérer tous ceux qui avaient soif de savoir. Le Temps avait juré d'en produire un pareil ; Temps, tu t'es parjuré, expie donc ton parjure , et Dieu, généreux et savant, sera, ainsi qu'il l'a dit lui-même, très indulgent. Quel savant ! Quel guide ! Il possédait toutes les sciences sans exception. Hélas! la tombe nous l'a ravi! Que Dieu lui fasse miséricorde et l'agrée ! Qu'il nous fasse profiter de ses exemples! Amen !
Toutes les qualités que nous venons d'énumérer lui ayant été reconnues par tout le monde, il nous semble inutile d'en attri¬buer la description à tel plutôt qu'à tel autre de ses biographes. Quoi donc? Quand l'astre du jour brille au firmament dans toute sa splendeur, qu'est-il besoin que l'on démontre son existence ! (19)
Qu'on nous permette maintenant de transcrire ici les renseignements qui nous sont fournis par quelques uns de ses disciples.
Voici comment s'exprime Abou'l-Faradj ben Abou Yahia, le Chérif de Tlemcen, en parlant de notre cheikh: u J'ai eu pour maître le savant et éminent imam, le docteur qui savait par coeur et comprenait à merveille les diverses sciences juridiques et rationnelles; qui marchait à la tète de toutes les nations en tenant haut et ferme le drapeau de l'imamat ; qui protégeait la religion par ses discours (à la lettre : par sa langue), par son éloquence et par son savoir ; qui vivifiait la loi traditionnelle par ses actes, par ses paroles et ses qualités; qui était le pôle de l'heure présente dans les degrés appelés Hal et Maqam (20); la voie éclairée et droite dont le tracé était bien frayé ; celui qui suivait constamment la bonne direction et s'appliquait à satisfaire les désirs de ses semblables et à leur être utile ; le traditeur par excellence, l'habile connaisseur, l'homme laborieux qui, sans cesse, s'appliquait à l'étude du Livre sacré et de la loi traditionnelle, en suivant la voie tracée par les guides infaillibles, à une époque où, à l'exception de quelques personnes jouissant de la grâce de Dieu, nul n'exécutait les commandements du Très Haut; le cheikh magnanime, sublime, doué d'agréables qualités morales, de talent et de générosité, le plus instruit des docteurs de la loi, le plus savant du peuple musulman ; celui par la bouche duquel la Sagesse parlait; le flambeau de la nation arabe, le rejeton d'une pieuse famille, la gloire la plus pure de la piété et de la religion, l'homme idéal et tel que le concevaient les prophôtes ; l'argument dont Dieu s'est servi pour inviter les mortels à s'instruire et à pratiquer la vertu ; celui qui joignait dans son esprit, à la connaissance de la loi posi¬tive, celle de la vérité absolue, et qui les enseignait suivant la méthode la plus juste, en s'appuyant sur le Livre sacré, de la lettre et de l'esprit duquel il ne s'écartait jamais, le cheikh Abou Abdallah Mohammed ben Ahmed ben Mohammed ben ,Merzouq El-Hafid, de Tlemcen. Arrivé dans cette ville, je dirigeai mes pas vers une colline, lieu de repos et de tranquillité, arrosé par une source d'eau limpide (El-Eubbed). Je n'avais pas d'autre but que celui de me mettre sous la direction du savant professeur que je viens de nommer. Lorsque je me présentai devant lui, ii m'accueillit comme si j'avais été son enfant, avec tous les égards que l'on a pour un client et avec l'intention de me confier le dépôt des doctrines qu'il avait reçu lui-même de ses anciens maitres. C'est ainsi qu'il me fit puiser, dans les océans de son érudition, des connaissances dont aucune description ne peut donner une idée, car la plume lui en entreprendrait l'énumération s'émousserait bien avant de l'avoir terminée. J'ai lu, sous sa direction, une bonne partie du commentaire du Coran ; quant aux hadiths ou paroles de notre législateur, j'ai vu plusieurs fois le Sahih d'El.Bokhary, soit en le lui entendant lire et expliquer, soit en l'entendant lire par un autre sous ses yeux ; et je puis en dire autant du Sahih de Moslim. Pour ce qui est des traditions rapportées par EtTermidhy et par Abou Daoud (21), je les ai lues moi-même devant lui. J'ai étudié le Mowatta d'une manière approfondie, en écoutant les leçons qu'il faisait sur cet ouvrage. J'ai appris de la même manière le Omda, qui traite des paroles de Mahomet ; son petit poème du mètre redjez; intitulé Er-Rauda (le Verger), et une partie de son grand poème du mètre redjez intitulé Er-Manda (le Jardin). Pour ce qui est de la grammaire, j'ai sérieusement étudié la moitié du Moqarrib (22) et l'ouvrage de Sibawe'ihi en entier; j'ai lu aussi l'Alfiya d'Ibn Malik, les premiers chapitres du commentaire de l'idah par Ibn Abou'r-Rabi' (23), une portion de l'ouvrage intitulé : El-Moghni par Ibn Hicham. Sur la jurisprudence, j'ai lu sous lui, d'une manière sérieuse, tout le Tehdhib, une partie du Précis de jurisprudence de Khalil, plus le Talqin et les deux tiers du Djellab, une grande partie de la Matitiya (24), puis le texte de la Rhéthorique d'Ibn Rochd, et une partie de la Riçala. En fait d'ouvrages qui traitent de la secte d'Ech-Chafi'y, j'ai lu le Tenbih. (Avertissement) d'Ech-Chirazy (25) et le Wadjiz (Résumé) (26) d'El-Ghazaly, depuis le commencement jusqu'au livre de la reconnaissance légale ; de ceux qui concernent la secte des hanéfites, j'ai lu d'une manière sérieuse le Mokhtaçar (Précis) d'El-Qodoury (27) et de ceux qui traitent du la secte des hanbalites, le Kafi (le suffisant) (28). Pour ce qui est des principes du droit, j'ai lu le Mahsoul (la Somme) , le Mokhtaçar d'Ibn El-¬Hadjib, le Tanqih , le Kitab-el-Miftah de mon grand-père, le traité des Règles fondamentales par le docteur Izz-ed-Din , le Kitab el maçalih oua'l mafacid (Livre des choses avantageuses et des choses nuisibles) (29), les Règles fondamentales par El-Qarafy , une grande partie du traité des Ressemblances et des conformités par le docteur Sadr-ed-Din (30), l'Irchad par El-Amidy ; sur les fondements du droit, j'ai profondément étudié aussi, sous sa direction, le Mohassal et le traité Irchad (31); sur le soufisme, le traité El-Ihia d'El-Ghazaly, à l'exception 'du dernier quart de cet ouvrage. C'est lui qui me revêtit du froc des soufis, dont il avait été revêtu lui-même par son père et par son oncle paternel. »
Tels sont les renseignements fournis par Abou'l-Faradj ben Abou Yahia le Chérif de Tlemcen. L'imam Ibn Merzouq, qui fait l'objet de la présente notice, a tracé les mots suivants au bas de ces renseignements : « Le cid, fils de cid, fils de cid, Abou'l-Faradj, susnommé, dit la vérité et est sincère en affirmant avoir lu, entendu lire ou sérieusement étudié, sous ma direction, les ouvrages qu'il a énumérés plus haut, et je l'autorise à les enseigner à son tour. En lui accordant après mûre réflexion cette autorisation dont il est digne, je ne fais, du reste, que lui rendre justice. Puisse Dieu nous placer, lui et moi, au nombre de ceux qui s'instruisent et pratiquent la vertu en vue de l'autre monde ! Qu'il nous compte parmi ceux qui réfléchissent ! Ces paroles sont de Mohammed ben Ahmed ben Mohammed ben Merzouq. »
Voici ce que dit son disciple Abou Zeïd Et-Thâaleby : u Quand notre professeur Abou Abdallah ben Merzouq se rendit auprès de nous, à Tunis, où il séjourna quelque temps, j'eus l'occasion d'étudier sous sa direction une foule d'auteurs ; c'est ainsi que je lui entendis expliquer le Mowatta pendant la lecture qu'en fai¬sait notre condisciple Abou Hafs, fils de notre cheikh Moham¬med El-Qalchany. C'est devant lui également que j'ai lu entière ment les Arba'ïniyat (Les 10 hadiths) d'En-Nawawy ; je fis cette lecture dans sa demeure, en me faisant expliquer ce que je ne comprenais pas. Toutes les fois que je lisais devant lui un hadith, il était dominé par un profond sentiment d'humilité ; puis il se mettait à pleurer ; il pleurait ainsi pendant que je continuais à lire, et il ne cessa de fondre en larmes que lorsque j'eus achevé la lecture du livre. Que Dieu l'agrée et nous fasse profiter de ses exemples ! Amen !
« Ibn Merzouq était l'un des saints à la vue desquels on pense à Dieu ; sa supériorité était reconnue par tout le monde, depuis le Maghrib jusqu'en Egypte, et la Renommée la proclamait dans tous les pays. La mention de son nom était l'ornement des assemblées. Dieu avait inspiré aux cœurs des grands et des petits de l'amour pour cet homme; son nom était en si grande vénération qu'on ne pouvait le prononcer dans une réunion sans qu'aussitôt les esprits fussent attentifs à ce qu'on allait raconter de ce personnage. Sa modestie, son équité et sa probité dépassaient toutes les bornes; et je dois dire que je ne connais aucun de ses contemporains qui, sous ce rapport, lui soit comparable. »
Abou Zeïd Et-Thâaleby énumère ensuite, avec de longs développements, un très grand nombre d'ouvrages qu'il a entendu expliquer par Ibn Merzouq. Voici ce qu'il dit encore dans un autre passage de sa notice : u C'est le seigneur, le cheikh, l'imam, le docteur magnanime, l'argument, le sceau et l'élite des hommes de mérite de son temps, le but de leurs voyages, le chef et l'ar¬bitre des érudits, le grand seigneur, l'or pur, la borne indicatrice que la Distinction a dressée, le professeur issu d'une illustre famille, le prince d'élite, la mine inépuisable de générosité, sidi Abou Abdallah Mohammed, fils de l'illustre imam, l'incomparable et noble cheikh, l'ornement des hommes de talent, le rejeton d'une race de saints, Abou'l-Abbès Ahmed, fils du grand savant, le personnage de marque et de grand renom, la couronne des traditionnistes, le modèle des érudits, Abou Abdallah Mohammed ben Merzouq. »
Ou lit ce qui suit dans un autre passage de la même notice : u J'ai eu pour maitre le personnage remarquable entre tous, le traditionniste digne de foi et exact, l'élite des savants versés dans la science des traditions, le chef des hafidhs les plus éminents, le prince de son temps, le pontife de son siècle, l'homme le plus consciencieux de son époque, le plus méritant da ses émules, la merveille de son temps, l'homme le plus judicieux de son époque ; celui qui avait un naturel agréable, de saintes et subli¬mes qualités ; l'auteur d'actes méritoires et purs, Abou Abdal¬lah, fils de notre seigneur, le jurisconsulte, l'imam Abou'l-Abbès Ahmed ben Merzouq. »
Voici comment s'exprime El-Mazouny, dans les premières pages de son ouvrage intitulé : Cas juridiques : « J'ai eu pour professeur l'imam, le hafidh, l'élite des connaisseurs habiles et des interprètes de la loi, l'auteur de livres merveilleux et de renseignements curieux, celui qui a traité à fond toutes les questions et tous les points de droit, Abou Abdallah ben Merzouq. »
« Interrogé, dit-on, sur 40 questions, Malik aurait répondu à 36 d'entre elles: « J'en ignore la solution » ou plus exactement : «Je jure par le Jardin de science (Dieu) que j'ignore la solution de ces questions » (32). C'est en rapportant cette anecdote que le disciple d'Ibn Merzouq, le très docte hafidh Abou Abdallah Et-Tenessy, dit ce qui suit : « Pour ce qui est de cette noble qualité (la sincérité), nul, parmi nos professeurs, n'en était aussi bien paré et n'en usait autant que notre maître, le docte imam, le doyen des savants du Maghrib sans exception, Abou Abdallah Mohammed ben Ahmed ben Merzouq.»
Voici comment s'exprime le cheikh Abou'l-Hacén El-Qalaçady en parlant d'Ibn Merzouq: «En arrivant à Tlemcen, dit-il dans la Relation de son voyage d'études, je-trouvai dans cette cité une foule de savants, de personnes pieuses, d'hommes dévots et morts au monde; mais celui qui mérite avant tout une mention spéciale, c'est le cheikh, le jurisconsulte, le célèbre et très docte imam, notre professeur et notre source de bénédictions célestes, Abou Abdallah ben Merzouq El-Adjicy. Il était alors en pleine possession de la science et de la gloire. Son mérite l'avait placé à - la tète des hommes les plus illustres et les plus éminents. Ayant passé les nuits dans les veilles, il avait recueilli en abondance les fleurs de la science; puis, à son tour, il avait produit des fruits, poussé des feuilles et des rameaux. Ayant parcouru l'Orient et l'Occident, il était parvenu à pénétrer dans les diverses branches de la science et à s'en rendre entièrement maître. Il s'était levé sur le monde comme une nouvelle lune, apparaissant d'abord à l'Occident, puis s'élevant dans la sphère des âmes et s'y fixant. Il n'y avait rien au monde de plus agréable que sa vue; rien de plus facile à comprendre que ses paroles. Il avait suivi l'enseignement des maîtres les plus illustres. Son éloge reste consigné dans les textes des livres et est proclamé par la langue des plumes et par la bouche des encriers. Le cheikh Ibn Merzouq a été un de ces hommes qui s'occupent à la fois des choses de ce monde et de celles de l'autre. Tous ses moments, la nuit comme le jour, étaient occupés par quelques pieux exercices; on le voyait occupé tantôt à faire la prière, tantôt à lire le Coran, tantôt à donner des leçons, tantôt à donner des consultations, tantôt à travailler à la composition de quelque ouvrage. Ajoutez à cela qu'il s'était prescrit certaines oraisons connues et qu'il s'était réservé des heures pour certaines pratiques non moins célébres. Sou ardeur à l'étude chassait l'ignorance ; son érudition assistait sa science; sa célébrité le mettait à l'abri de toute atteinte. J'ai lu, sous sa direction, quelques fragments de son traité sur les successions, les dernières pages de l'Idah (Elucidation) du docteur El-Faricy , ainsi qu'une partie du commentaire du Teshil (par Ibn Malik). J'ai assisté à ses leçons sur le I’rab el-Qor'an (L'analyse grammaticale du Coran, par Abou Zakaria Yahia Ibn Aly Et-Tebrizy)(33), et le Sahih d'El-Bokhary; à la plupart de celles qu'il fit sur le Précis de jurisprudence d'lbn El-Hadjib..Je lui ai entendu expliquer le Talqin, le Teshil d'Ibn Malik, I'Alfiya, la kafia, Ibn-es-Salah sur les hadiths , le Minhadj d'El-Ghazaly (34), une portion de la Riçala et autres ouvrages. Il mourut le jeudi (lisez : vendredi, d'après les tables de Wüstenfeld), à l'heure de l'Asr (trois heures après midi), le 14° jour de Châban de l'an 842 (30 janvier 1439) (35). On fit la prière pour lui dans la grande mosquée, après la prière solennelle du vendredi. Le sultan (36) assista avec toute sa cour à ses funérailles, dont je n'avais jamais vu les pareilles. Sa perte fut vivement regrettée et tout le monde en fut affligé. Voici le dernier vers qu'on lui a entendu réciter :
« Je vous aime tant, que s'il vous arrivait jamais de me demander que je répande mon sang pour vous, je ne considérerais pas votre demande comme excessive. »
Tels sont, résumés, les renseignements fournis par El-Qalaçady.
On lit dans la Fihriça (Index) du cheikh Ibn Ghazi, dans la notice qu'il a consacrée à son professeur Abou Mohammed El-Ouriadjly (37), les lignes suivantes : « Parmi les maîtres dont il a suivi les leçons à Tlemcen, il convient de citer le remarquable, le très docte, l'éminent, l'incomparable et érudit imam, l'habile connaisseur, l'argument, le savant, le divin Abou Abdallah ben Merzouq. Il m'a parlé de ses nombreuses vertus, de sa méthode d'enseignement, de sa puissance de travail, de sa modestie envers les étudiants, de sa sévérité pour les novateurs, de ses aventures avec l'un d'eux, de ses glorieuses et nobles actions et de ses magnifiques qualités. »
« II suivait, dit un certain auteur, les traditions de ses ancêtres sous le rapport de la science, de la douceur, de la compassion et de l'amour pour les malheureux. Sa patience, sa sagacité, sa sincérité, son équité, la pureté de ses moeurs, l'orthodoxie de ses paroles et de ses actes, la bienveillance qu'il témoignait en toutes circonstances à ceux qui suivent les prescriptions de la loi traditionnelle, la haine qu'il éprouvait pour les novateurs, son obligeance, toutes ses qualités, en un mot, étaient autant de merveilles de la puissance divine. Il fit plusieurs prodiges. »
Il avait fait ses études auprès d'une foule de professeurs, tels que: le noble seigneur, le très docte. Abou Mohammed Abdallah, fils du savant imam, le Chérif de Tlemcen ; le savant imam du Maghrib, Said El-Oqbany ; l'ami de Dieu, le vertueux Abou Ishaq El-Masmoudy dont il a raconté la vie dans un ouvrage spécial ; son oncle paternel et son père, fils d'El-Khatib ben Merzouq ; l'imam Ibn Arafa; le très docte Abou'l-Abbès El-Qassar de Tunis (38); à Fez, il avait eu pour maîtres: l'imam et grammairien Ibn Haïyaty, le pieux cheikh Abou Zeïd El-Makoudy, le hafidh Mohammed ben Meç'oud Es-Sanhadjy El-Filaly et autres doc-teurs; au Caire: le cheikh Siradj-ed-Din El-Balqiny (39), le hafidh Abou'l-Fadhl El-Iraqy, Chems ed Din El Ghomary-, Siradj¬ed-Din ben El-Molaqqin, Medjd-ed Din El-Firouzabady, l'auteur du Qamous (40); l'imam Mohibb ed-Din Ibn Hicham, fils de l'au¬teur du Moghni ; le cheikh Nour- ed-Din En-Noueïry (41), l'ami de Dieu Ibn Khaldoun, le très docte cadi Nacir-ed-Din Et-Tenessy
et autres.
De son école sont sortis plusieurs savants distingués, parmi lesquels nous citerons : le cheikh Abderrahman Et-Thâaleby, le cadi de la communauté Omar El-Qalchany (42), l'imam Abou Abdallah Ibn El-Abbès, le docte Nasr Ez-Zouawy; l'ami de Dieu, le vertueux El-Hacèn Aberkan, le cheikh Abou'l-Barakat El-Ghomary, l'imam Abou'l-Fadhl El-Mecheddaly; le noble seigneur, le cadi de la communauté de Grenade, Abou'l-Abbès ben Abou Yahia Ech-Chérif et son frère Abou'l-Faradj ; le cheikh Ibrahim. ben Faïd Ez-Zouawy (43), Abou'l-Abbès Ahmed ben Abderrah¬rnan En-Nedroumy (de Nedroma); le très docte cheikh, l'écrivain Ali ben Thabit; son fils Mohammed ben Mohammed ben Mer¬zouq El-Kafif (l'aveugle); Chihab-ed-Din Ibn Koheïil Et-Tidjany, le très docte Ibn Younès El-Qocentiny (de Constantine) (44), le savantissime Yahia ben Ydir, Abou’l-Hacèn El Qalaçady, le cheikh Iça ben Selama El-Beskry (de Biskra), le hafidh Et-Te¬nessy Et-Tlemcèny, l'imam Ibn Zékri et autres.
Le hafidh Es-Sakhaouy s'exprime ainsi en parlant de notre cheikh: « C'est Abou Abdallah, plus connu sous le nom de Hafid (petit-fils de) Ibn Merzouq ; on le désigne aussi sous celui d'Ibn Merzouq. Il apprit le Coran sous la direction d'Othman En-Noueïry et la jurisprudence auprès d'Abou Abdallah ben Arafa. Abou'l-Qacim Mohammed ben EI-Khechchab (45), Mohammed ben Ali El-Haffar El-Ansary (46) et Mohammed El-Qidjaty lui conférèrent chacun un diplôme de licence. C'est en 792 (inc. 20 décembre 1389) qu'il accomplit le devoir du pèlerinage en compagnie d'Ibn Arafa. Pendant son séjour à La Mecque, il suivit les leçons de Beha-ed-Din Ed-Demaminy et celles de Nour-ed-Din El-Aqily. C'est également dans cette ville qu'il lut le Sahih d'El Bokhary sous la direction d'Ibn Sadiq et qu'il fréquenta le cours que professait Mohibb-ed-Din ben Hicham sur la langue arabe. Dans un autre pèlerinage qu'il entreprit en 819 (1416), il eut le bonheur de se rencontrer aussi à La Mecque avec le docteur Ez-Ziny Ridhouan et le jurisconsulte Ibn Hadjar. »
Citons parmi ses nombreux ouvrages :
1° Trois commentaires sur la Borda ; le grand, intitulé : Démonstration d'un sincère amour touchant l'explication de la Borda, travail très complet, où chaque vers est expliqué à sept points de vue différents; le moyen, et le petit qu'il a désigné sous
le nom d'Exposé complet de la rhétorique et de l'éloquence de la Borda ;
2° Les clefs fournies par les papiers touchant l'explication de la Chougrateciya (47) ;
3° Les clefs d'Ibn Merzouq servant à expliquer les énigmes contenues dans la Khaaradjiya ;
4° Un poème sur le mètre redjez traitant des sciences qu'il
faut connaître pour étudier les hadiths, et intitulé : Le jardin;
5' Un abrégé du poème précédent, qu'il a nommé : Le verger;
6° Un autre poème du mètre redjez sur l'art de dresser les
calendriers servant à indiquer les heures de la prière, intitulé: Le livre parfaitement suffisant (48);
7° Un commentaire sur le sommaire d'El-Khounedjy, intitulé: Le comble des espérances touchant le Sommaire ;
8° Occasion que l'on a été heureux de saisir pour se mettre en relation avec le savant de Gafsa. C'est un recueil de réponses sur diverses questions scientifiques qui lui avaient été adressées par
un docteur de la ville de Gafsa, le docte Abou Yahia Ibn Oqeïba, et auxquelles il avait répondu ;
9° L'échelle pour atteindre et faire pleuvoir les renseignements fournis par le docteur Ibn Es-Serradj, en un cahier et demi. C'est une réponse faite par l'auteur à l'imam Ibn Es-Serradj El Gharnaty (de Grenade) (49), qui lui avait adressé plusieurs questions sur la grammaire et la logique ;
10» La lumière de la certitude ou commentaire des paroles traditionnelles des pieux amis de Dieu ; c'est un ouvrage composé eu l'honneur des Soufis Remplaçants, dans lequel il traite du
hadith qui commence par ces mots: « La première parure sera pour les Remplaçants »;
11° Guide pour s'assurer de la pureté du papier fabriqué par les chrétiens;
12° Avis désintéressé servant à réfuter les assertions de ceux qui, étant imparfaits, prétendent avoir atteint le rang d'homme parfait. L'ouvrage se compose de sept cahiers. L'auteur se fit un devoir de le composer, afin de réfuter les assertions de son contemporain l'imam Qacim El-0qbany dans une décision juridique qu'il avait donnée au sujet des fakirs de l'ordre des soufis. Ce docteur, qui avait approuvé les pratiques de ces derniers, trouva un contradicteur dans la personne d'Ibn Merzouq ;
13° L'Abrégé du. Recueil de décisions juridiques d'Abd-en-Nour (50);
14° Le magnifique parterre touchant les questions que traite le livre intitulé: El-Khalidj, ouvrage consistant en quelques feuillets seulement ;
15° Les étoiles brillantes sur les passages obscurs d'El- Bokhary; 16" Le livre suffisant et parfait touchant la science du temps.
C'est un poème sur le mètre redjez, qui se compose de mille sept
cents vers;
17° Le Telkhis du cheikh Ibn El-Benna, mis en vers sur le mètre redjez ;
18° Telkhis el Miftah (Abrégé du Miftah); c'est un abrégé de l'introduction à l'Éloquence (par El-Qazouiny), également mis en vers sur le mètre redjez ;
19° L'amulette des désirs (ouvrage du célèbre docteur Abou'l-Qacim Ibn Firroh Ech-Chatiby, mort au Caire en 590=1194), mise en vers du mètre redjez;
20° Le traité du docteur El-Khounedjy, intitulé : Le Sommaire, mis en vers du mètre redjez ;
21° Il a résumé et mis aussi en vers du mètre redjez l'Alfiya d'Ibn Malik ;
22° Un ouvrage qui traite des qualités et des vertus de son maitre, l'ami de Dieu, le pieux et dévot Ibrahim EI-Masmoudy. Il consiste seulement en quelques feuillets ;
23° Un commentaire de la sourate : La sincérité (exil), d'après la méthode des philosophes.
Les ouvrages que nous venons d'énumérer sont tous complets. Citons parmi ceux qui sont restés inachevés:
1° Le commerce lucratif, l'effort qui l'emporte, le vaste espace ou Commentaire du Diami'Es-Sahib (Le recueil de traditions authentiques, titre de l'ouvrage d'El-Bokhary et de celui de Moslim) ;
2° Le parterre de l'homme instruit ou commentaire du Tehdhib;
3' La flèche de l'archer habile ou commentaire du Précis de Khalil (51). Cet ouvrage se compose de quatre volumes: deux gros et deux moyens; dans les deux premiers, il a commenté le chapitre de la Pureté du Précis de sidi Khalil, et, dans les deux autres, tous les chapitres à partir de celui des Jugements ;
4° Claire indication des voies ou commentaire de l'Alfiya d'Ibn Malik; cet ouvrage se compose de deux volumes; dans le pre¬mier, dont j'ai lu les premières pages, il a commenté l'Alfiya jusqu'au chapitre du Pronom démonstratif ou jusqu'à celui du Pronom relatif ; dans le second, il a commenté les exemples donnés par les commentateurs de l'Alfiya jusqu'au chapitre du verbe kana et de ses analogues.
On a aussi de lui d'admirables prônes ou allocutions religieuses qu'il a prononcés dans les mosquées les jours du vendredi. Quant à ses réponses et à ses décisions juridiques, les cavaliers de la renommée leur ont fait faire le tour du monde musulman, si bien qu'il n'est personne, ni en Orient ni en Occident, ni dans les villes ni dans les campagnes, qui les ignore. El-Mazouny et, après lui, El Ouenchericy en ont transcrit un grand nombre dans leurs livres respectifs.
Font également partie de ses ouvrages :
l' L'acte de foi intitulé : Acte de foi des unilarisles qui, clans l'interprétation de la loi, fait sortir des ténèbres de l'imitation ;
2' Le signe qui brille sur le visage de la Preuve apportée par le Miracle ;
3' Le guide clair et connu pour s'assurer de la pureté du papier fabriqué par les chrétiens;
4" L'ouïe rendue aux sourds pour établir que la noblesse peut provenir du côté maternel (52) ;
Es-Sakhaouy lui attribue un commentaire sur le Précis de jurisprudence d'Ibn El-Hadjib, et un autre sur le Teshil (d'Ibn Malik).
Ibn Merzouq naquit à Tlemcen, comme il nous l'apprend lui-même dans son commentaire de la Borda, dans la nuit du diman¬che au lundi, 14 de Rebi' Premier de l'an 766 (9 décembre 1361, sous le règne du sultan Abou ltammou I[).
« Ma mère Aicha, fille du savant cadi Ahmed lien El-Ilacên El-Mediouny (53), était, dit-il, une femme pieuse et vertueuse. Elle a réuni dans un livre un certain nombre de prières qu'elle avait elle-même choisies. Elle savait expliquer les songes ; c'est un talent qu'elle avait acquis en lisant de nombreux ouvrages sur cette matière. Elle m'a raconté que, peu de temps après ma naissance, je [us atteint d'une grave maladie qui faillit m'emporter. Il est bon que l'on sache, à ce propos, que presque tous les enfants que ma mère mettait au monde mouraient et que le premier nom qu'on me donna fut celui d'Abou'l-Fadhl (L'homme de mérite). Or, il arriva que le père de ma mère, Ahmed, susmentionné, vint me voir pendant cette maladie, et qu'ayant constaté l'extrême gravité de mon mal, il s'écria : « Ne vous avais-je pas dit de ne pas donner à cet enfant le nom d'Abou'l-Fadhl.; quel mérite lui avez-vous donc reconnu pour le nommer ainsi? Appelez-le désormais Mohammed, et que je n'entende plus personne lui donner un autre nom que celui-ci, sinon gare ! » Puis il se mit à faire des menaces en des termes polis et convenables. Nous t'appelâmes, dit ma mère, du nom de Mohammed, et Dieu te délivra de ta maladie. »
Tels sont, résumés, les renseignements biographiques qu'Ibn Merzouq nous fournit sur lui-même.
Selon El-Qalaçady, le cheikh Zerrouq, Es-Sakhaouy et autres, Ibn Merzouq mourut le jeudi (D'après les tables de Wustenfeld, le 14 Châban 842 est tombé le vendredi) 14 de Châban de l'an 842 (30 janvier 1439), et fut enterré le lendemain, vendredi, dans la mosquée de Tlemcen. Que le Très-Haut lui fasse miséricorde'
Ou lira plus loin, s'il plait à Dieu, la biographie de son fils Mohammed ben Merzouq Et-Kafif (l'aveugle), et celle de son petit-fils: le fils de sa fille, Mohammed ben Merzouq El-Khatib.
Renseignement utile. — Ibn Merzouq, qui est l'objet de la présente notice, a dit dans l'une de ses décisions juridiques : « J'ai suivi les cours de notre très docte professeur, le don du Temps, Ibn Arafa. Que le Très-Haut lui fasse miséricorde ! Dans la première leçon que je lui entendis faire, il lut ce passage du Coran : Celui qui se soustraira aux exhortations du Très-Haut, nous lui attacherons Satan avec une chaîne ; il sera son compagnon inséparable (sur. 43, v. 35), à propos duquel nous entamâmes, mes condisciples et moi, une foule de discussions et de disputes plus belles et plus admirables les unes que les autres. Nous disputâmes, notamment, sur ces paroles d'Ibn Arafa : « On lit les verbes se soustraira et nous attacherons, le premier à l'aoriste indicatif et le second à l'aoriste conditionnel. Abou Haïyan a d'ailleurs donné les raisons pour lesquelles ces deux verbes doivent être lus ainsi, mais je n'ai pas compris ses paroles, le manuscrit qui les rapportait étant, à mon avis, fautif. » Comme il nous cita une partie de ces paroles, en me guidant sur certains mots que je compris, je pus rétablir entièrement le texte du discours d'Abou Haïyan et je dis: « Le verbe nous attacherons est à l'aoriste apocopé à cause du conjonctif (celui qui), parce que ce pronom, renfermant le sens de la condition, ressemble en outre, comme expression, à (quiconque) qui est, lui, un pronom essentiellement conditionnel. D'ailleurs, ajoutai-je, puisqu'on traite parfois comme un véritable pronom conditionnel le conjonctif dont l'expression ne ressemble pas au pronom conditionnel, à plus forte raison doit-on traiter comme tel le conjonctif dont l'expression lui ressemble. Ibn Arafa approuva mes paroles et fut content, car il était très équitable par instinct. Mais un certain nombre d'étudiants qui assistaient à la séance trouvèrent ma théorie mauvaise et me demandèrent de prouver que le conjonctif peut étre traité comme un pronom conditionnel. Je leur répondis : « Ce que disent les grammairiens qu'il faut placer la conjonction fa devant l'énonciatif du conjonctif (Voyez Alfiya, vers 700), comme dans cet exemple : Celui qui viendra me trouver aura un dirhem, est une preuve de ce que j'ai avancé. » Ils me contredirent de nouveau ; or, comme il y avait peu de temps que j'avais lu le Teshil (d'Ibn Malik), je leur répondis : « Dans une question analogue à celle qui nous occupe, Ibn Malik dit ceci : « II arrive parfois qu'on met à l'apocopé le verbe de la proposition qui est motivée par celle de (elladhi, celui qui), à cause de la ressemblance de cette proposition avec la compensative des phrases conditionnelles. » Puis je leur citai comme exemple ces paroles du poète : u Il en sera de même de celui qui se montrera injuste envers ses semblables en leur faisant du tort : les conséquences de ses actions l'atteindront malgré lui », où le verbe atteindront est à l'apocopé; or, cet exemple convenait parfaitement à la question controversée. »
Ce qui précède a été rapporté par El-Mazouny, disciple d'Ibn Merzouq (54).
Le cheikh Ibn Ghazi a reproduit cette discussion grammaticale dans sa Fihriça (Index), dans la biographie de son professeur El-Oustadh Es Seghir. Comme son récit diffère sur certains points de celui que nous venons de transcrire, nous demandons la permission de l'exposer ici :
« Mon professeur El-Oustadh Es-Seghir m'a dit qu'on lui avait rapporté, qu'Ibn Arafa donnait des leçons depuis l'heure de la prière du matin jusqu'à celle où le soleil commence à décliner, et que ses cours, qui roulaient sur diverses sciences commençaient toujours par l'explication du Coran. Or, il arriva, dit-il, que lorsque l'imam Ibn Merzouq se présenta pour la première fois à l'école d'Ibn Arafa, celui-ci était en train d'expliquer le verset du Coran que nous avons cité plus haut (Celui qui se soustraira, etc.). Les premières paroles qu'Ibn Merzouq adressa à son nouveau maitre furent celles, ci : « Est-ce que (min) ne pourrait pas, dans cet exemple, être valablement employé comme conjonctif ,' — Comment voulez-vous qu'il en soit ainsi, lui répondit lbn Arafa, puisque ce pronom régit les verbes de la phrase à l'aoriste apocopé ! — C'est vrai, répliqua Ibn Merzouq, mais c'est parce qu'on l'assimile ici au pronom (min) du. conditionnel. — Je n'admettrai votre théorie, reprit le professeur, que lorsque vous l'aurez préalablement appuyée sur un texte précis de grammaire ou sur un exemple tiré des paroles des Arabes. — Pour ce qui est du texte, dit alors Ibn Merzouq, le Teshil dit telle chose ; quant à l'exemple, je le prends dans ces paroles du poète :
« Ne creuse point de puits dans l'intention d'y précipiter ton frère, car c'est plutôt loi qui y tomberas.
« Il en sera de même de celui qui se montrera injuste envers ses semblables en leur faisant du tort : les conséquences de ses actions l'atteindront (à l'apocopé) malgré lui. »
— Vous êtes donc Ibn Merzouq ? lui demanda Ibn Arafat.
— Vous ne verts trompez pas, répondit l'interpellé.
— Soyez donc le bienvenu, ajouta le professeur.
Comme on le voit, ce récit diffère du précédent. J'ai lu dans certain recueil, dit Ahmed Baba, l'addition suivante : « Après la séance, Ibn Arafa offrit un repas d'hospitalité à Ibn Merzouk. »
Autre renseignement. — Le cheikh Ibn Ghazi rapporte également, d'après son professeur El-Oustadh Es-Seghir, que l'imam Ibn Merzouq, qui est l'objet de cette notice, prononçait le nom propre composé Abou Horeïra (55) en fléchissant chacune de ses parties, et disait : Abou Horeïratin, au lieu de Abou Horeï¬ratou ; et que les professeurs de Fez, ayant appris cela, furent d'un avis opposé au sien. Un de nos maîtres, le cheikh E1-Qaoury, dit encore Ibn Ghazi, penchait vers la doctrine des professeurs de Fez, pour des raisons que j'ai longuement discutées avec lui, mais qu'il ne convient pas de donner ici. »
Ahmed Baba ajoute ceci : « L'imam Ibn El-Abbés El-Tlemcêny a composé un livre intitulé : Exposé impartial de ce qu'il y a de flexible dans l'expression Abou Horeïra, où il a admirablement traité cette question. Au surplus, Dieu sait le mieux ce qu'il en est » (56).

Notes

1 Voyez sa biographie dans Complément de l'Histoire des Beni-Zeïyan, p. 208 et suiv.
Le tombeau de Sidi Mohammed ben Merzouq El-Hafid a été retrouvé à Tlemcen, dans l'ancien cimetière royal du Vieux-Chàteau (EI-Qasr el-Qedim). Voyez Mémoire épigraphique et historique sur les tombeaux des Emirs Beni-Zeïyan, par Ch. Brosselard, p. 137-138. Cf. Annuaire archéologique de Constan¬tine (1854-55), une notice sur Ibn Merzouq El-Hafid et ses ouvrages, par Cherbonneau.
2 C'est-à-dire pour leur fournir le moyen secret et infaillible d'être heureux.
3 El-Mazary est l'imam Abou Abdallah Mohammed ben Ali ben Omar Et-Temimy, connu également sous le simple nom d'Imam. On lui doit un commentaire sur le Précis de Jurisprudence de sidi Khelil, intitulé : El-Maqoul oue'l-qaoul.
El-Mazary est un nom ethnique qui signifie originaire de Mazara, ville de l'île de Sicile. Ce docteur mourut à Mestir, port de Tunisie, l'an 536 de l'hégire (inc. 6 août 1141). Voyez sa biographie dans le Dibadj, p.253, et dans Ibn Khallikan, tome II, p. 287.
4 Ces paroles roulent sur un jeu de mots: le nom du docteur Ibn Rochd signifiant en arabe le fils de la droiture.
5 Jeu de mots résultant de la signification du nom d'Elmodjahid, qui veut dire le champion de l'Islam, ou celui qui fait la guerre sainte.
Abou Abdallah Mohammed ben Modjahid était natif de Bassora, mais il habita Bagdad. Il était très versé en théologie scolastique et dans les fondements du droit malékite. On lui doit de beaux ouvrages sur ces matières. Voyez sa biographie dans le Dibadj, p. 238.
6 Allusion .au nom du docteur El-Moqatil, qui signifie le combattant.
Abou'l-Hacén Moqatil ben Soléïman El-Azdy, surnommé El-Moqatil, natif de Belkh, est l'auteur d'un Tefsir. II fut expulsé de la ville de Merw, où il enseignait, à cause de son opinion touchant la corporéité de Dieu. Ses partisans soutenaient même que Dieu avait une barbe noire et fort épaisse qui couvrait toute sa poitrine. S'étant rendu à Bagdad, il y enseigna les traditions qu'il avait reçues d'Ed-Dahhaq, de Modjahid et d'Ez-Zohry. Il mourut à Bassora l'an 150 de l'hégire (inc. 6 février 767): Voyez sa biographie dans Ibn Khallikan, tome II, p. 567.
7 Allusion au nom d'Ibn Atiya qui veut dire Fils du don.
Abou Mohammed Abd-et-Haqq ben Ghalib Ibn Atiya El-Magriby El-Andaloucy, né en 481 (inc. 27 mars 1088), mourut à Lorca, en Espagne, en 516 (inc. 20 avril 1151). Il est l'auteur d'un commentaire sur le coran, qui porte le titre de El -Ouadjiz /i't-le fsir (Commentaire succiut du Coran). Voyez sa biographie dans le Dibadj, p. 182; dans Es-Sila, d'Ibn Bachkoual, p. 380; dans Dhabbi, éd. Codera, p. 376 ; dans Eunouan ed-diraia, d'El-Ghebriny. Cf. Ez-Zerkéchy, Chronique des Almohades et des Hafcides, p. 10 de la traduction.
8 Voyez la note 666. Allusion aux ouvrages d'Abou Haiyan qui portent les titres de El-Bahr (l'Océan) et de En-Nahr (la Rivière).
9 Allusion à un livre qui porte ce titre.
10 Allusion à un des nombreux ouvrages qui portent ce titre.
11 Allusion à un des nombreux ouvrages qui portent ce titre.
12 Allusion à un livre qui porte le titre de El-Mogtadih, qui signifie: « Celui qui cherche à tirer du feu en frottant un morceau, de bois contre un autre ».
Hadji Khalfa ne fait aucune mention de ce livre.
13 Allusion à un ouvrage en prose et en vers d'Ed-Demaminy intitulé El. Faouakih el-bedriya (Fruits ou Facéties de Bedr¬eddin).
Voyez supra, note 813, et Hadji Khalfa, t. IV, p. 315, n" 8688.
14 Allusion à un ouvrage d'Ed-Denraniny, intitulé Ain el-Haïat. Voyez supra, note 843
15 « Khalil est le nom du naître de tous les grammairiens arabes et en particulier de Sibaoueïhi. Son nom plein est Abderrahman Khalil ben Ahmed El- Basry El-Ferhoudy El-Yahmèdy.- II est' souvent cité sous le nom de Ben Temima. Il disait à ses disciples' que l'on ne sait jamais le faible de son maître Si l’on n’en fréquente quelque autre. Et pour les exciter à lui fairé des demandes, et à ne se lasser jamais de l'interroger, il leur disait: Les' sciences sont des serrures et les interrogations en sont les clefs. C'est lui qui découvrit les règles de la métrique arabe. Il naquit en l'an 100 de l'hégire (inc: 3 août 718) et mourut en 174 (inc. 20 mai 790). » (D'Herbelot, Bibliothèque orientale, article Khalil).
16 La Lampe est un traité de grammaire par El-Motarrizy. Ce, docteur, dont le nom entier est Abou'l-Fath Nacir ben Abou'l-MeKarim Abd-es-Seïyd ben Ali El-Motarrizy, naquit dans le Kharezm en 538 de l'hégire (inc. 16 juillet 1143), l'année même de la mort de Zamakhchary. C'était un grammairien de talent, un lexicographe, un poète et un littérateur. Il fit ses études dans son pays natal, sous la direction de son père, et reçut les traditions de la bouche des plus illustres docteurs. On lui doit plusieurs ouvrages utiles, entre autres, un commentaire sur les Séances, d'El-Hariry; El-Moghrib fi tertib el-mo'rib, dans lequel il expli¬que les expressions techniques employées par les juristes, et El¬Iqna qui est un lexique de synonymes. Il mourut dans le Kharezm eu 616 (inc. 19 mars 1219).
Il y a aussi un livre intitulé Misbah fi'l-ma’ani, etc.; c'est un livre de rhétorique divisé en trois parties, lesquelles sont, selon les Arabes: Ma'ani, Baïan et Badi', c'est-à-dire le Sens ou explication du sens, l'Eclaircissement ou amplification, et le Merveil¬leux ou figuré. C'est un ouvrage d'Ibn Malik.
17 Il y a plusieurs ouvrages qui portent le titre de Mi ftah.
18 Le lait est le symbole de l'éloquence.
19 Allusion à ce vers dEl-Motanabbi:

« Rien ne saurait être vrai pour les intelligences s'il fallait prouver l'existence du jour » (c'est-à-dire l'évidence).
20 Le Hal (état) et le Maqam (station) sont, dans le langage des soufis, deux des degrés successifs qui amènent l'âme à l'état parfait.
D'après le livre des définitions de Sehrourdy ('Aouarif el¬ma'arif, Bibliothèque nationale, n" 375), il y a cette différence entre les Hal et les Maqam que « les Hal sont de purs dons de Dieu et que les Maqam sont le fruit du travail; les Hal viennent de la pure libéralité de Dieu, les Maqam s'obtiennent à force d'efforts. »
Le Hal exprime aussi un état transitoire ou passager, le Maqam un état fixe et durable. Voyez Rinn: Marabouts et Khouan, p. 65, note 1, et Dozy, Essai sur l'Histoire de l'Islamisme, Paris et Leyde, 1879, p. 338.
Ibn Araby, dans ses définitions qui font suite aux Définitions (Ta'rifal) d'El-Djordjany (Le Caire, 1306 de l'hégire, p. 115), dit : « Le Hal est un état d'esprit du soufi, qui survient en dehors de sa volonté et sans qu'il l'ait recherché. Sa condition est la suivante: « Il doit cesser et être suivi d'un autre pareil ; mais il peut durer et n'être pas suivi d'un autre semblable. S'il est suivi d'un autre semblable, le soufi dit que son Hal dure ; dans le cas contraire, il dit que son Hal ne persiste pas. »
« Le Maqam est l'état de celui qui remplit toutes les conditions du soufi. »
21 Abou Daoud Soleïman ben EI-Ach'ath es-Sidjistany, fondateur de l'école des Dhahirites, c'est-à-dire extérieuristes, qui négligent l'esprit de la loi pour s'en tenir à la lettre, naquit à Koufa l'an 202 (inc. 20 juillet 817). Il fit ses études à Bagdad ; il y enseigna ses doctrines et y mourut en 270 (inc. 11 juillet 883). Ou lui doit un ouvrage intitulé Kitab es-sonan (Livre des coutumes), qui a été commenté par EI-Khattaby. Voyez sa biographie dans Ibn Khallikan, tome I, p. 381, et celle d'El-Khattaby, à la page 296.
22 Le Moqarrib est un ouvrage de grammaire d'In Asfour. Voyez supra, note 238.
23 Abou Abdallah Mohammed ben Soleïman El-Mo'afery ech-Chatiby, surnommé, Ibn Abou'r-Rabi mourut à Alexandrie en 672 de l'hégire (inc. 18 juillet 1273).
24 Hadji Khalfa mentionne cet ouvrage dans la liste des ouvrages classiques du Maghrib (lin du VI° volume). El Matity, qui en est l'auteur, a écrit aussi un livre de droit, intitulé : En-Nihaïa ou'at-tamam (Le terme et la tin), et un traité qui porte le titre de El-Oualhaïq (Les pièces authentiques):
Abou'l-Hacen Ali ben Abdallah ben Ibrahim ben Mohammed ben Abdallah El-Ansary El-Matity, plus connu sous le nom d'El-Matity, parce. qu'il naquit à Matita, bourgade des environs d'Al¬gésiras, habita d'abord la ville de Fez., où il suivit les leçons de son oncle maternel Abou'l-Hadjdjadj El-Matity ; puis il vint à Ceuta, où il se fit le disciple d'Abou Mohammed Abdallah, fils du cadi Abdallah ben Iça. Nommé cadi à Xérès, il mourut dans cette ville le le° Cha'ban 570 (25 février 1175). Voyez sa biographie dans Neïl el-ibtihadj, p. 185.
25 Le Tenbih fi'l forou' ech.-chafi ya (Avertissement sur la jurisprudence chafé'ite) est un livre composé par Abou Ishaq Ibrahim Ben Ali-Chirazy et Firouzabady, mort à Bagdad le 6 novembre 1083 de .J -C. Il a été publié par H. Keijzer, à Leyde, en 1853.
Voyez la biographie d'Abou Ishaq Ech-Chirazy dans Ibn Khallikan, tome I, p. 6.
26 Voyez supra, note 134. C'est un ouvrage d'El-Ghazaly.
27 El Qodoury est le surnom d'Abou'l-Hacen Mohammed, docteur hanéfite, qui naquit l'an 362(inc.12 octobre 972) et mourut à Bagdad en 428 (inc. 25 octobre 1036). Le Mokhlaçar qui porte son nom contient les dogmes d'Abou Hanifa, comme celui de Qodama comprend ceux d'Ibn Hanbal. Ce livre est en si grande vénération chez les musulmans hanéfites, qu'ils l'apprennent ordinairement par cœur et le lisent par dévotion pour obtenir de Dieu leurs besoins et particulièrement pour être préservés de la peste. Il a été commenté par Abou't-Tadjiya Mokhtar ben Mohammed Ez-Zahidy, qui mourut l'an 658 de l'hégire (inc. 18 décembre 1259).
Son livre, El-Djauhra en naïra (le Diamant -lumineux), est un livre de dévotion. Le Raudh el-Ach'ary assure aussi que le nom de Qodoury lui a été donné parce qu'il avait fait un trafic de chaudrons de cuivre. Voyez la biographie d'El-Qodoury dans Ibn Khallikan, tome 1, p. 36.
28 Le Neïl el-ibtihadj porte : Mokhtaçar El-Khiraqy :au lieu de El-Kafi.Le Mokhtaçar d'El-Khiraqy est un abrégé des doctrines d'Ibn Hanbal. El-Khiraqy mourut à Damas en 945 de J.-C., venant de Bagdad, qu'il avait quitté à la suite de troubles ayant éclaté dans cette ville.
Le Kafi (le Suffisant), dont le nom entier est El-Kitab el-kafi fi'l-forou' el-hanbaliya (Livre suffisant touchant la jurisprudence hanbalite), a pour auteur le cheikh Mouaffiq eddin Abdallah ben Ahmed ben Qodama de Jérusalem, mort en 620 de l'hégire (inc. 4 février 1223).
29 C'est un ouvrage d'EI-Ghazaly. Voyez Hadji Khalfa, tome. V, p..576, n° 12,146.
30 Voyez Hadji Khalfa, tome I, n° 775.
Sadr-eddin Mohammed ben Omar, plus connu sous le nom d'Ibn El-Ouakil, docteur chaféïte, mourut en 716 de l'hégire (inc. 26 mars 1316.
31 Irehad en noddar ila lataif el.asrar (Guide des gens d'esprit dans les mystères les plus subtils) est un ouvrage de Fakhr eddin Er-Razy. Ce docteur recherche, dans ce traité, des raisons philosophiques pour prouver et pour expliquer les principes de l'islamisme
32 On lit dans la Bibliothèque orientale, par d'Herbelot, à l'article Gehel :
« Quoique les Orientaux fassent grand état de la science, ils disent cependant que les plus grands docteurs ne doivent point avoir honte de confesser leur ignorance en beaucoup de choses, et de dire souvent La adri je ne sais pas ; car Ali ben Yezid ben Hormouz disait qu'un habile docteur devait laisser à ses disciples cette maxime pour héritage.
« Ali ayant fait une pareille réponse à une question qui lui fut faite, un impertinent lui dit qu'il donnait une marque d'ignorance. Alors Ali lui répliqua : « Ma réponse marque que je sais
« quelque chose, et que j'en ignore quelqu'une ; or il n'y a que « Dieu qui sache et qui n'ignore rien ».
« Un docteur ayant fait la même réponse qu'Ali, un de ses collègues lui reprocha qu'étant le chef d'une école célèbre, il ne devait pas avouer ainsi son ignorance, et que cette façon de parler le surprenait fort. Ce docteur lui répliqua : « Il y aurait
« lieu de s'étonner beaucoup plus d'un homme qui parlerait sans
« savoir, et qui citerait et alléguerait sans autorité, comme font
« plusieurs docteurs ».
« L'on rapporte d'Ibn Meç'oud, qu'il avait coutume de dire, que le bouclier qui met à couvert un docteur est de savoir dire ce mot: la adri, je ne sais pas; car lorsqu'il se trompe en disant ces paroles, il vaut beaucoup mieux. »
33 Yahia ben Ali ben Mohammed ben El-Hacen ben Bestarn Et-Tebrizy, plus connu sous le nom d'El-Khalib et-Tebrizy, le Prédicateur de Tauris, naquit à Tauris l'an 421 de l'hégire (inc. 9 janvier 1030). C'était un docteur très versé en lexicographie, en grammaire et en d'autres sciences. Il fut le disciple d'Abou'l-'Ala el-Ma'arry, d'Ibn Mohammed al-Dahhan, et d'autres savants, et forma un grand nombre de personnages distingués.
L'I'rab el-Qoran n'est pas son seul ouvrage, car il a commenté le Hamaça, le divan d'El-Motanabby, le divan d'El-Ma'arry, les Mo'allagat, les Mofaddeliyat, le livre d'Ibn Sikkit, intitulé Islah el-mantiq, le Sekht ez zend d'Abou'l-'Ala, etc.
Et-Tebrizy professa la littérature au Collège Nidhamiya à Bagdad ; puis il alla en Egypte et en Syrie, d'où il revint à Bag¬dad qu'il habita jusqu'à sa mort, survenue en 502 de l'hégire (inc. 11 août 1108).
Voyez sa biographie dans Ibn Khallikan, tome III, p. 204.
34 Le titre complet de ce livre est Minhadj el-'abidin (La voie des dévots); c'est, dit-on, le dernier ouvrage écrit par El-Ghazaly. Voyez Hadji Khalfa, tome VI, p. 210, n° 13,243.
35 D'après les Tables de Wüstenfeld, le 30 janvier 1439 est tombé un vendredi.
36 Ce sultan était Aboul'-Abbès Ahmed, fils d'Abou Hamrnou II ; il régna de 1431 à 1461.
37 Abou Mohammed Abdallah ben Abd-el-Ouahid EI-Ouriadjely El-Facy vivait encore à Fez en 876 de l'hégire (inc. 20 juin 1471).
Voyez sa biographie dans Neïl el-ibtihadj, p. 132, et dans Djedhouat el-iqtibas, p. 249.
38 Aboul-Abbés Ahmed ben Mohammed ben Abderrahman El-Azdy Et-Tounecy, plus connu sous le nom d'El-Qassar, fut le contemporain d'Ibn Arafa. Il était très versé en grammaire. On lui doit un commentaire sur la Borda, un autre sur les exemples du Moghrib, d'El-Motarrizy, et des annotations sur le Kechchaf, d'Ez-Zamakhchary. Il vivait encore postérieurement à l'année 790 de l'hégire (inc. 11 janvier 1388). Voyez sa biographie dans Neil el-ibtihadj, p. 55.
39 Siradj eddin Abou Ali Omar ben Nasr ben Salih El-Balqiny est mort au Caire en 806 de l'hégire (inc. 21 juillet 1403). Il était né en 724 (inc. 30 décembre 1323).
40 Medjd eddin Mohammed ben Yaqoub El-Firouzabady naquit à Firouzabad l'an 729 de l'hégire (inc. 5 novembre 1328). Il est l'auteur d'un dictionnaire très étendu qu'il compila en 60 volumes, et lui donna le titre de Lamat el-mo'allim (la Terreur du professeur); mais étant lui-même épouvanté de la grosseur énorme de son ouvrage, il en retrancha toutes les autorités et le réduisit à deux seuls volumes sous le nom de El -Qamous el-mohit (l'Océan environnant). Medjd-eddin mourut l'an de l'hégire 816 (inc. 3 avril 1413) et composa son dictionnaire après celui de Djauhary, dont la grosseur n'était que la soixantième partie du sien.
41 Nour-eddin 'Othman ben Abou Bekr En-Nouéïry professa. le droit malékite au Caire. Voyez sa biographie dans Neïl el¬ibtihadj, p. 182.
42 Omar ben Mohammed ben Abdallah El-Badjy Et-Tounecy, plus connu sous le nom d'El-Qalchany, était originaire de Béja (Tunisie). Il fut cadi de la communauté, à Tunis. On lui doit un commentaire sur le livre intitulé Taouali' el-anouar. Il mourut en 748 de l'hégire (inc. 13 avril 1347). Voyez sa biographie dans Neil el-ibtihadj, p. 180. Cf. Ez-Zerkéchy, Chronique des Almoha-des et des Hafsides, p. 210 et 218 de la traduction.
43 Ibrahim ben Faïd ben Mouça ben Hilal ez-Zouawy El-Qocen¬tiny, l'auteur d'un commentaire sur le Précis de sidi Khelil, .naquit dans le Djurdjura l'an 796 de l'hégire (inc. 6 novem¬bre 1393). Il se rendit à Tunis, où il fit ses études; puis, il vint à Constantine, où il séjourna huit mois. Sa mort arriva en 857 de l'hégire (inc. 12 janvier 1453). Voyez sa biographie dans Neil el¬iblihadj, p. 22.
44 Ahmed ben Younès ben Saïd El-Qocentiny est l'auteur d'un livre sur la formule Que Dieu bénisse et salue le Prophète, intitulé Riçala fi terdjih dhikr es-siada fi's-salat al en-naby. Il naquit en 813 (inc. 6 mai 1410) et mourut en Chawal 878 (ce mois a commencé le 19 février 1474). Voyez sa biographie dans .Neil el ¬ibtihadj, p. 68.
55 Abou'l Qacirn Mohammed ben Mohammed ben Youçof ben Mohammed ben Mohammed ben Ali El-Ansary, plus connu sous le nom d'Ibn El-Khechchab El-Gharnaty, eut près de quatre cents professeurs dont il a retracé la vie dans un gros volume. Il vivait encore l'an 772 de l'hégire (inc. 26 juillet 1370). Voyez sa biographie dans Neïl el-ibtihadj, p. 277:
45 Mohammed ben Ali ben Mohammed ben Ahmed ben Sa'd El-Ansary, plus connu sous le nom d'El-Haffar El-Gharnaty, était un savant de Grenade. C'est lui qui était chargé de la distribution des aumônes royales. Il mourut l'an 811 de l'hégire (inc. 27 mai 1408). Voyez sa biographie dans Neïl el-ibtihadj, p. 291.
46 El-Qacida ech-Chougrateciya est un poème en l'honneur du Prophète, composé par Abou Mohammed Abdallah ben Mohammed Ech-Chougratecy.
Ech-Chouqratecy était originaire de Chouqrates, qui est une bourgade, des environs de Touzer, en Tunisie. Il mourut en 466 de l'hégire (inc. 6 septembre 1073).
47 Ce poème parait être le même que celui cité plus loin sous le n° 16.
48 Abou'l-Qacim Mohammed ben Mohammed ben Serradj El-Andaloucy El-Gharnaty, cadi de la communauté à Grenade, a composé un commentaire sur le Précis de Khelil. Il vint à Tlem¬cen où il rencontra Ibn Merzouq et-Hafid et eut avec lui plusieurs disputes scientifiques. Sa mort arriva l'an 848 de l'hégire (inc. 20 avril 1444). Voyez sa biographie dans Neïl el-ibtihadj, p. 323.
49 Abd-en-Nour ben Mohammed ben Ahmed Ech-Cherif El-'Amrany El-Facy a annoté la Modawuana. On lui doit aussi des décisions juridiques qui ont été transcrites dans le Mi'iar, d'El-Ouenchericy. Il était né en 685 de l'hégire (inc. 27 février 1286). Voyez sa biographie dans Neïl el-ibtihadj, p. 167 et dans bjed¬houat el-igtibas, p. 276.
50 Hadji Khalfa (tome V, p. 447) donne à ce commentaire le nom de Menzeh en-nabil (Lieu d'agrément de l'homme habile).
51 Voyez supra, note 728. Mohammed El-Marrakechy est l'auteur d'un livre qui porte le même titre. Voyez Neïl el-ibtihadj, p. 293.
52 Ahmed ben El-Hacèn ben Safi.' El-Mediouny avait été le disciple d'Abou Djafar. ben Ez-Zobéïr, d'Abou Hayyan, de Djelal eddin El-Qazouiny, des deux fils de l'Imam, etc. Le sultan Abou'l-Hacen le mérinide l'employa d'abord en qualité de percepteur de l'impôt sur les animaux ; puis il le chargea de recevoir les plaintes adressées au sultan. Ahmed ben El-Hacèn El -Mediouny occupa celte charge jusqu'au jour où il fut nommé cadi à Tlemcen. Il mourut l'an 768 de l'hégire (inc. 7 septembre 1366). Voyez sa biographie dans Neïl el-ibtihadj, p. 54.
53 Le Neil el-ibtihadj dit que cette discussion grammaticale est extraite de l'Ightinam el-forsa, par Ibn Merzouq el-Hafid.
54 Le traditionniste Abou Horéïra mourut l'an 58 de l'hégire (inc. 3 novembre 677).
55 Cette notice biographique est extraite du Neïl el-ibtihadj, p. 304.
56 Voyez sa biographie dans Complément de l'histoire des Beni-Zeïyan, p. 25 et suiv.



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