MOHAMMED BEN ABDERRAHMAN EL-KAFIF (L'aveugle) Es-Soueidy(1)
C'était un docteur très versé dans la science des traditions, dans les diverses branches du droit, ainsi que dans la théologie. Il étudia d'abord sous la direction du cheikh Mohammed ben Abd-el-Djabbar dont nous venons de donner la biographie, puis il acheva son instruction à l'école d'Abou Abdallah Ech-Chamy de Tlemcen. Il se recommandait par ses vertus et surtout par l'éminence de sa sainteté. Il a été durant sa vie terrestre, et est encore aujourd'hui qu'il est mort, regardé comme une vraie bénédiction. Nombreux sont les miracles qu'un lui attribue. Voici, à ce propos, ce qui m'a été raconté par mon père : « Je n'étais pas encore marié quand le cheikh Mohammed ben Abderrahman El-Kafif dit en parlant de moi à ses compagnons : « J'ai entendu dans les reins d'un tel ses futurs enfants qui lisaient le Coran, Ibn El-Hadjib et la Riçala. » Or, sa prédiction s'accomplit à la lettre. « Un jour, me dit encore mon père, j'allai visiter le cheikh en compagnie de mon ami. C'était en automne. Quand nous arrivâmes, le muezzin faisait l'appel à la prière de midi dans la cheriâa (tente qui sert d'oratoire et d'école), au milieu du douar. « Entrons dans la cheriâa, dis-jeà mon ami. Or, juste au moment où nous pénétrions dans la tente, le cheikh en sortait accompagné d'un homme qui portait un plateau sur lequel il y avait du pain et trois grappes de raisin. Nous lui baisâmes la main et le saluâmes. Puis il me demanda des nouvelles de mon père et de ma père, et nous dit : « Attendez, pour manger, l'arrivée d'un troisième convive. » Nous fimes la prière et nous nous assîmes en attendant la personne dont le cheikh nous avait annoncé la venue. Enfin, après une longue heure d'attente, nous vîmes arriver un homme qui essuyait la sueur qui perlait de son front. « Vous pouvez manger, nous dit alors le cheikh. »
Une personne digne de foi m'a raconté le trait suivant : « Un Bédouin étant venu chez le cheikh dans l'intention de le mettre à l'épreuve, s'arrêta derrière lui et fit signe à l'assistance de ne pas l'informer de son arrivée. Alors le cheikh (qui était aveugle) se tourna vers le nouveau venu et l'apostropha en ces termes : « Mulet ! tu es venu m'éprouver, chaussé de souliers et vêtu d'une blouse jaune. Sache donc que tout mon corps n'est qu'yeux ! » Puis il entra dans une violente colère et ajouta : « Je jure ! Je jure ! que si je ne craignais Dieu, je répéterais à cet homme tout ce que sa femme et lui se sont dit cette nuit dans leur couche. »
Sidi Mohammed ben Abderrahman EI-Kafif nourrissait sa dévotion de la lecture assidue du livre sacré. Voici ce qui m'a été raconté par mon professeur, sidi Mohammed El-Attafy, qui a été le disciple et le compagnon inséparable du cheikh: « Lorsqu'il se levait, me dit-il, nous l'entendions réciter le Coran et nous percevions un bourdonnement dans sa poitrine. »
Son disciple, l'homme vertueux et ami de Dieu, Mohammed ben Meç'oud Et-Abdessalamy El-Bouzeïdy, m'a rapporté ce qui suit : « Quand le cheikh fut sur le point de mourir, nous lui dimes : Recommandez-nous, sidi, une pieuse pratique qui nous soit profitable. — Récitez assidûment le Coran, nous répondit-il. »
Il mourut vers l'an 945 (inc. 30 mai 1538).
Note1Voyez sa biographie dans Complément de l'Histoire des Beni-Zeïyan, p. 446.
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Posté Le : 13/09/2008
Posté par : nassima-v
Source : Ouvrage "El Bostan" d'Ibn Maryam, trad par F. Provenzali