Dans cet ouvrage paru aux éditions Enag, l’historienne et sociologue revient sur la dynastie zeiyyanide, qui façonna entièrement la vie culturelle et cultuelle de l’Algérie.
Licenciée en économie, en droit, en sociologie et en histoire, Fatima-Zohra Bouzina-Oufriha usera de ses connaissances des deux dernières disciplines afin de consacrer une trilogie dédiée au royaume des Zeiyyanides. Deuxième partie de sa trilogie, dont le premier opuscule s’intéressait à l’histoire politique de cette dynastie, “Au temps des Zeiyyanides, la vie culturelle” est consacré, comme son nom l’indique, à l’organisation et l’apport culturel de cette dynastie, “une dimension importante mais méconnue” qu’elle décortique à travers “Un brillant tableau des institutions et des personnages de savants qui ont illuminé ces siècles”. Des siècles traversés par un important apport “culturel et linguistique”, soutenu par des souverains, que l’autrice analyse et ressuscite. Introduit par une citation de Goethe : “Celui qui ne comprend pas son passé est condamné à le revivre à jamais”, qui devient le fil conducteur de cet ouvrage, Bouzina-Oufriha avoue que son étude n’est pas exhaustive, notamment en ce qui concerne la poésie. Elle tente néanmoins de “dresser un panorama objectif”. Dans le premier chapitre, elle s’intéresse au berceau de ce savoir, Tlemcen, en axant son travail sur la profusion intellectuelle et scientifique qu’a connue la ville autrefois, et qui fut le carrefour des savants. Elle passe ensuite à l’enseignement dispensé, qu’elle dit “axé sur la religion”, comme l’étude “du Coran et du tafsir (exégète), des hadiths, et de la Sira (biographie du prophète”, qui étaient accompagnés de l’étude de “la grammaire, la littérature, la dialectique, l’histoire, la jurisprudence, la rhétorique ou encore des sciences naturelles”. Les figures emblématiques de cette science sont également répertoriées, à l’image des Maqqara, des Oqbani, des Maraziqa, et d’autres, comme Abou Abdellah Ech-Chérif Et-Tilimçani ou encore Sidi Zekri. La classification de ces savants comportait deux aspects selon l’historienne : le premier était relatif aux compétences scientifiques “du ‘ilm de chacun et du degré qu’il a atteint”, le second “résulte de l’exercice des vertus en acte, prônées par l’Islam et dont ils s’étaient faits les ardents défenseurs”. Ce sont justement ces deux aspects, explique Bouzina-Oufriha, qui ont bâti la grandeur de cette période et dont ils étaient indissolublement liés. Dans sa dernière partie enfin, elle consacre son analyse à “la montée de l’Islam mystique, et ce, du Malékisme à la montée du maraboutisme et du chérifisme”. Même si, “aux XIVe et XVe siècles, la plupart des habitants du royaume zeiyyanide étaient musulmans sunnites, de madheb malékite”, c’est à partir du XIIIe siècle que la propagation de l’islam mystique eut lieu. Ce fut alors l’avènement du culte des saints, la “multiplication des ribats” - de l’ancienne appellation de Rabat, Ribat el feth - ou couvents fortifiés, la montée des marabouts, ainsi que l’essor des “toroquiyates”. Cet islam mystique suscita, d’un côté, l’adhésion de certains savants, “qui autorisèrent la vénération des mrabets”, explique l’autrice, et de l’autre, de fouqaha qui voyaient en cette pratique une “hérésie”. En guise de conclusion, elle revient sur cette période bénie en reprenant les propos de Brosselard, qui disait : “Le monde musulman était un monde de libres penseurs, et ce fut de lui que l’Europe reçut la secousse intellectuelle qui la réveilla de sa léthargie”.
Yasmine Azzouz
“Au temps du royaume zeiyyanide, la vie culturelle”, de Fatima-Zohra Bouzina-Oufriha, éditions Enag, 289 pages, 2017.
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Posté Le : 20/08/2018
Posté par : tlemcen2011
Ecrit par : Yasmine Azzouz
Source : Liberte-algerie.com