L’environnement dans notre pays se délabre de jour en jour au vu et au su de tous presque dans l’indifférence absolue des autorités concernées et de la population. C’est aussi le rôle d’encadrement échu aux différentes associations du domaine. C’est regrettable qu’elles ne désirent se faire exhiber qu’en compagnie des autorités locales et centrales. Elles confondent entre travail du terrain et celui des salons. Heureusement que ce n’est pas le cas de toutes ces associations mais il reste énormément de chemin à accomplir.
Evoquer évasivement ici les associations ne peut suffire, ça exige des parchemins d’articles. Les authentiques associations existent et elles activement beaucoup plus dans l’ombre sans faire de chahut, leurs efforts sont reconnus par tous. Elles ne cherchent ni la notoriété ni ne sollicitent de quelconques avantages. La question principale est là : pourquoi sommes-nous si hostiles à la propreté et à l’environnement ?
C’est une fatalité à laquelle nous nous sommes résignés depuis belle lurette. Traverser les villes et la campagne nous laisse interrogatifs sur l’étendue du phénomène sans que personne ne s’inquiète ni ne bouge le petit doigt. Franchement j’ai un doute, peut-être par lassitude, sur notre foi en Dieu.
Dans notre religion, la saleté est synonyme de paresse. On n’arrive pas à expliquer l’association de notre religion aux puanteurs que nous respirons de partout. En se référant aux préceptes fondamentaux de notre religion, nous sommes tenus d’être plus soignés mais c’est tout l’opposé qui règne en maître absolu. Que fera-t-on du hadith de notre prophète qui précise nettement que la propreté émane de la foi dont est issue l’amour de la patrie. La propreté, la foi et l’amour de la patrie sont étroitement liés; ils ne peuvent être dissociées dans l’islam.
Ne pas supporter nos gouvernants est une chose qui ne doit en aucun cas signifier le reniement à l’adoration du pays et le laisser-aller. Que dira-t-on sur nous ailleurs à la vue de la décharge publique à ciel ouvert qu’est devenue notre chère Algérie. En effet, les décharges sauvages se sont propagées à une allure sans précédent, conséquences des ordures jetées anarchiquement à n’importe quels endroits.
Il suffit qu’une personne jette un sac rempli d’ordures dans un coin non approprié que tout de suite c’est la ruée vers ce lieu, une journée ou deux journées permettront l’inauguration d’une décharge fraîche. Les Algériens sont devenus des champions de la réalisation furtive de ce type d’avilissantes décharges. Même les décharges officielles sont devenues sauvages. Effectivement, les collecteurs d’ordures larguent les détritus hors des limites prescrites. La décharge publique à la sortie de l’ancien village agricole Hassi Mameche, dans la wilaya Mostaganem, en est une preuve incontestable. Les décharges sauvages foisonnent de nulle part.
Ce véritable fléau, qui s’est développé abominablement dans les villes, touche maintenant de façon critique nos campagnes, sous nos yeux désabusés, impuissants, voire passifs comme si le désastre écologique s’étale sous d’autres cieux. Qu’en sera-t-il pour les années à venir ? Où va l’Algérie avec ce rythme infernal ?
Ce sont de parfaits crimes écologiques contre le pays. Quels sont donc les traitements à prêcher pour retrouver la propreté d’un pays ordinaire ? Doit-on croiser les bras et rester impassibles et inaudibles à l’appel de la nature ? Attendons-nous une ingérence étrangère pour s’immiscer dans nos affaires environnementales ? Sommes-nous aussi incapables de devenir des citoyens civilisés ?
Autant de questions restées suspendues sans réponses. L’aspiration du pays à sortir de son sous-développement passe obligatoirement par l’éradication de cette adversité à la modernité. On ne peut imaginer un instant des détritus déposés anarchiquement sur un endroit de n’importe quelle ville européenne. Pourquoi cette abdication et cette négligence complices ? Pourquoi notre pays est devenu synonyme de malpropreté et l’oued d’El-Harrach symbolisant maladroitement l’icône de cette légende.
Ses odeurs nauséabondes illustrent parfaitement bien notre défaillance nationale face à la crasse submergeant de partout dans le pays. En tous les cas, l’oued d’El-Harrach n’est pas exclusif, des clones prospèrent dans toutes les villes. Chacune d’elles possède son offense. On se précipite de boucher le nez dès le passage de la zone taboue.
Quelle déchéance ! De l’aveu même des spécialistes et de hauts responsables, notre capitale se trouve pointée aux premières loges des villes les plus encrassées au monde. Le superlatif d’« Alger la blanche » ferait ironiser plus d’un aujourd’hui. N’a-t-on pas encore acquis la conscience collective nécessaire pour prendre en charge sérieusement et efficacement cette catastrophe des humains ? Prions Dieu de nous épargner de cette tare volontaire pour notre pays ajoutée à ses problèmes multidimensionnels politiques, sociaux et culturels. Pourquoi ce signe indien qui nous poursuit de partout ? Sommes-nous inaptes à solutionner cette néfaste déficience qui ne semble émouvoir aucune âme sensible ? Sommes-nous condamnés à rester ainsi jusqu’à l’éternité ?
Ça y va de notre santé et de notre survie. Ce sont là toutes des questions crues et brûlantes, parmi d’autres plus abondantes, que se posent depuis plusieurs décennies bon nombre d’Algériens soucieux du devenir de leur espace. Les campagnes sporadiques d’assainissement de type « Blanche Algérie » lancées ici et là à coup de milliards ont plus contribué à l’aggravation du mal qu’à sa disparition, on a récolté l’effet Boomerang.
Il faut un véritable plan ORSEC permanent pour dénouer ce malheur dans la durée où tous les présumés citoyens doivent être fortement impliqués. Il y a à peu près une vingtaine d’années, le comédien Mohamed Fellag, dans un de ses célèbres sketchs, avait osé comparer l’Algérie à la Suisse dans un humour propre à l’Algérien typique. Il a même révélé la cohabitation en parfaite symbiose de l’Algérien avec la malpropreté et ses odeurs.
Ainsi, nous sommes devenus immunisés contre tout ce qui est ordures. Que dire aujourd’hui de ce négatif tableau brossé par Fellag à l’époque. Nous avons vu et revu cette scène et nous en avons raffolé. Fellag aurait aujourd’hui simplement mesuré le creuset qui nous sépare de la mitoyenne Tunisie pour ne pas aller plus loin. Nos concitoyens de retour de vacances de la Tunisie n’arrêtent pas de vanter la propreté des lieux qui sévit là-bas. Encore une fois, nous sommes battus par la petite Tunisie. Le complexe d’infériorité continue hélas de perpétrer son chemin.
Les étrangers en visite dans notre pays sont sidérés par notre carence à abandonner un si beau pays en pleine déconfiture écologique. Le malheur est plus profond que l’on ne s’imagine si nous n’arrivons pas à sortir de ce m...(il n’y a pas d’autre mot plus qualificatif). Une véritable révolution des esprits s’impose. La propreté est l’affaire de tous. Sans des citoyens éduqués ayant un sens profond et évident du civisme, on ne peut faire long feu. Rendre nos rues propres, c’est entretenir l’espoir de développement du pays. Avec cet encombrant lourd fardeau, il est illusoire pour notre pays de rêver à rejoindre les nations en voie de propreté.
Dans ce qui suivra, on va essayer de donner quelques exemples qui ne sont qu’un simple petit échantillon représentatif de notre débâcle écologique. LE CONTRASTE DU CHEZ SOI C’est avec un plaisir certain que nous allons commencer par le chez soi de tout Algérien respectueux des moindres préceptes de la propreté. Les Algériens dans leur grande majorité ne badinent pas avec la propreté à l’intérieur de leur demeure. Immédiatement, lorsque l’eau arrive au robinet, c’est le grand toilettage au dessus des normes. La ménagère algérienne est très maniaque, nettoyant dans les moindres recoins faisant fuir la saleté de partout.
Du matin au soir, elle mène une guerre sans merci contre l’insalubrité. Les invités doivent avertir les propriétaires avant de rendre visite. Même s’ils atterrissent chez soi à l’improviste, dans un branle-bas de combat tout sera remis en ordre en un quart de tour. Les nôtres sont bien rodées. La maîtresse de la maison a horreur qu’on émette une quelconque remarque négative sur la netteté des lieux. Si vous vous hasardez à faire rentrer une personne étrangère sans avertir madame, alors il ne vous reste plus qu’à boucher les oreilles. La règle du jeu est de ne pas refaire ce coup considéré comme blessant par toutes les femmes algériennes.
D’ailleurs, les familles algériennes font le grand ménage, de fond en comble, quelques jours avant le mois sacré du Ramadhan, c’est la grande lessive. Cela prouve leur profond attachement aux fondements de la clarté. Si les maisons des Algériens sont très bien entretenues, c’est toute l’étrangeté avec l’au-delà du palier. Ce sont deux mondes complètement différents, collés l’un à l’autre. Pourquoi cette proximité contre-nature ? L’Algérien n’a aucune confusion à vivre simultanément dans deux univers contradictoires.
C’est aussi ça le paradoxe algérien qui peut faire l’objet d’un bon sujet de recherche pour les sociologues, les psychologues et pourquoi pas ... les psychanalystes et les psychiatres puisqu’on est en pleine détresse. LES VILLES DÉPOTOIRS La première constatation que font les visiteurs nationaux de passage à Mostaganem, est la propreté de la ville comparativement aux leurs. Mais lorsqu’on veut translater cette remarque par rapport aux villes de nos voisins immédiats marocains et surtout tunisiens, on s’aperçoit amèrement que l’on est loin du compte. On ne rêve même pas d’entretenir l’espoir de pousser la comparaison avec les pays développés, c’est comme le jour et la nuit. Alors la question révoltée qui me vient à l’esprit est la suivante : pourquoi nos villes sont-elles aussi sales et abîmées ? Pourquoi cette indiscipline collective ?
La propreté de la rue ne concerne apparemment que les collectivités locales. Il n’y a qu’à voir lorsque les services d’hygiène tardent à ramasser les ordures ménagères. Certes, les responsables locaux ont une responsabilité incontestable dans ce désordre écologique mais de très très nombreux « citoyens » n’ont pas encore atteint le degré de citoyenneté qui fait encore défaut chez un grand pourcentage d’entre nous. Les premiers galons de la citoyenneté doivent être obtenus en nettoyant notre entourage d’abord avant d’ambitionner à aller purifier ailleurs.
Sans un environnement sain, c’est chose perdue d’avance. Rappelez-vous, à une certaine époque, on apprenait à la population le volontariat qui était une bonne manière d’apprentissage du civisme. On a même perdu la « Touiza » de nos aïeux, dommage qu’elle ne fait plus partie de nos traditions sauf peut-être rarement en milieu rural. Les bennes des ordures, déposées dans les quartiers, offrent un visage affligeant de la ville. Parfois, une poubelle d’environ un mètre cube pour plus d’une centaine de foyers. Quant aux balayeurs d’antan de la municipalité, on les a perdus de vue depuis la nuit des temps sauf peut-être dans les centres-villes; tant pis pour les banlieusards. Les constructions à l’Algérienne ont accentué l’état pitoyable de nos cités.
La clochardisation a achevé le reste. De hideux immeubles, sans aucune forme architecturale, meublent notre affreux embellissement. Lorsqu’on visite les nouveaux quartiers de nos villes, les repères sont inexistants, on ne sait même pas dans lequel on se trouve. Il est amer de le dire, et tant pis pour le nationalisme et le nif, que si nous n’avions pas hérité les constructions des villes coloniales, quels genres de villes aurions-nous construites aujourd’hui ?
Elles seraient certainement toutes semblables. C’est même triste d’avouer que les Chinois ont quelque peu soigné l’image architecturale durant ces quelques dernières années comparativement à nos immeubles cubiques. Ne parlons même pas des passages souterrains édifiés dans certaines villes, il faut se boucher le nez pour les emprunter. Ils sont tout simplement devenus des toilettes publiques. Lorsqu’on visite un quelconque marché, la première chose qui frappe les esprits, c’est toujours la laideur déplorable. Le détail importe peu, tous les Algériens connaissent ces lieux du fait de leur quotidienne fréquentation. Le marché, avec ses alentours, est l’un des centres de gravité de la saleté. Se hasarder à aller dans les restaurants est une autre galère, l’appétit est brutalement coupé si jamais on se hasarde à visiter les cuisines. On est loin, à des années lumière du mythique guide Michelin. Idem pour les cafés où les tasses sont nettoyées selon des règles propres à nous.
Il faut aussi remarquer le tablier du serveur qui ne sent que très rarement la lessive. Que dire de ces multiples gargotes, la plupart ne respectent aucune norme d’hygiène. Les microbes pullulent dans ces endroits très prisés par les citoyens. Les atteintes de maladie sont légion dans ces milieux incontrôlables. Dès qu’un léger vent se lève, le ciel de nos cités se transforme en un ballet incessant de papiers et sachets volants, de toutes sortes, en plus de la poussière.
Les rues n’ont pas été nettoyées depuis la dernière visite d’une autorité. Quant aux éboueurs, ils oeuvrent dans des conditions déplorables en plus des moyens dérisoires dont ils disposent pour accomplir cette tâche ingrate. Parfois, ils ramassent les ordures à même le sol et de leurs propres mains en prenant des risques avérés au détriment de leur santé. On ne les a jamais vus porter des masques, il ne manquait que ça ! Il y a également d’autres éboueurs d’un type particulier, ce sont les fouineurs des poubelles. Ils éventrent tous les sacs poubelles en opérant surtout la nuit cherchant la moindre occasion.
Ils récupèrent tout ce qui peut servir mais abandonnent derrière eux un autre affreux spectacle. Dans les pays développés, une poubelle vaut de l’or. Des usines de traitement de déchets sont plus que souhaitables dans le pays où beaucoup de choses intéressantes seront ainsi récupérées comme matière première pour l’industrie. Des emplois peuvent être également créés. On pourra faire d’une pierre plusieurs coups. Mais notre pays est encore loin du recyclage de ses déchets car notre défaut provient de nos réactions tardives. Les déchets ferreux et non ferreux ramassés dans tout le territoire ont fait de nombreux milliardaires. Les récupérateurs des objets en plastique suivent le même cheminement.
Si on continue à décrire l’état de nos villes, un véritable réquisitoire n’assouvit nullement notre peine tellement le cataclysme est énorme. On peut citer dans le désordre les stations de taxis et de cars, les écoles, les hôpitaux, les universités, etc., et tout le reste. Les conséquences de la salissure sont assez nombreuses. Les médecins sont plus aptes à nous faire de longues explications sur la question. Une conséquence directe de cette hécatombe provient des petites bestioles qui hantent nos nuits et aussi nos jours en toutes saisons. Il s’agit bien sûr de nos compagnons nocturnes les invulnérables moustiques, les mouches font aussi partie de la fête du festin de notre chair.
Elles font quand même des heureux, ce sont les vendeurs des pastilles et du « Flytox » qui crèvent le budget de nombreuses familles et menacent la santé. Il fait tard au moment où j’écris ces lignes, un moustique s’est soudainement attaqué à moi pour défendre sa croûte. C’est un combat de longue haleine qui n’est pas prêt de prendre fin sans s’attaquer aux racines de notre supplice. Enfin, excusez-moi si j’évoque ici les crachats d’une catégorie de citoyens parachevant le reste. En effet, nos rues se sont converties en d’authentiques crachoirs. Baladez-vous en ville et constatez de vous-même l’étendue de la pourriture. Ça crache de partout surtout avec le tabac à chiquer. En hiver, on évite le pire surtout avec les épidémies de la grippe.
Encore qu’ici, les bidonvilles accrochés à de nombreuses villes n’y ont pas fait l’objet, c’est une autre histoire sans doute très difficile à décrire, encore faut-il un long reportage pour brosser la pénible vie régnante en ces lieux. Finalement, je pense que l’Algérie ne pourra espérer sortir de son sous-développement écologique que si elle arrivera à gérer ses ordures et devenir saine. C’est une question de longue haleine demandant la participation effective de tout le monde.
LE CALVAIRE DES IMMEUBLES Un collègue enseignant m’a fait l’amère constatation : les « citoyens » cohabitant à l’intérieur d’un même immeuble s’en foutent quasiment de la propreté de leur cage d’escalier commune paradoxalement à leur intérieur tenu propre comme décrit ci-haut. Si la cage d’escalier est bien entretenue, c’est certainement grâce à des voisins tenaces de bonne volonté.
Certains immeubles ont des caves inondées par les déversements d’égouts et qui dégagent à longueur d’années des odeurs à vous couper le souffle. C’est le refuge idéal des taupes et des rats et sans oublier les fameux moustiques. L’enfer sur terre ! L’immeuble de Hadj Lakhdar n’existe que dans l’imaginaire de notre orpheline unique télévision nationale. Il y a un proverbe lourd de sens bien chez de nous qui démontre une fois de plus le dessus de l’individualisme sur le collectif : « Lorsque tu constates que quelque chose marche bien quelque part, il faut conclure que tout repose sur une personne ». Avec cet adage, l’on ne peut aller loin dans la construction d’une vie collective citoyenne. Tout ce qui dépasse leur devanture ne les concerne point. LE PARADOXE DES SALES BELLES PLAGES L’Algérie possède de très nombreuses plages sur un littoral de 1.200 km, les unes plus belles et sales que les autres. Certaines sont paradisiaques, enchantant tous les estivants.
Mais lorsque vous déambulez sur le sable doré, vous mesurez bien l’insensibilité des baigneurs. Un véritable bijou transformé en vidoir. Les bouteilles de plastiques servent comme décoration, les boîtes de sardines jetées un peu partout, des déchets orduriers, des débris de verre de bouteilles, des sachets d’emballage, etc. s’entassent perpétuellement depuis des années. C’est rare où les municipalités, dont dépendent ces plages, s’inquiètent de leur sort. elles louent les parkings et les plages mais l’argent engrangé dans les caisses ne part pas là où il le faut. Les plages abandonnées par les APC et récupérées par des bandes organisées sont aussi dans un état lamentable. EN RASE CAMPAGNE Le monde rural est en train de suivre malheureusement le même chemin.
Dans la campagne, les sachets de toutes les couleurs forment le champ visuel lorsqu’on prend la route. Des kilomètres et des kilomètres d’ordures sur les 2 chaussées de la route donnent un aperçu sur le massacre de l’écologie en Algérie. Les souks hebdomadaires comme celui situé à 2 kilomètres à peine de Sidi-Khettab, dans la wilaya de Relizane, en est un exemple frappant. Des hectares et des hectares chargés de milliers de sachets accrochés sans que la municipalité n’utilise ses ouvriers communaux pour les ramasser. Une partie de l’argent des droits d’accès et du parking peut commodément régler ce problème. Un balayage est indispensable chaque semaine pour mettre un terme à cette propagation du fléau.
L’Algérie est pleine d’encombrants souks du même type que celui de Sidi-Khettab. Si vous prenez le train, le même spectacle lamentable vous plonge dans l’amertume et la désolation. Est-ce que les responsables concernés ont la cécité ? A ce que l’on sache, l’Etat algérien dispose d’un ministère de l’Environnement et des directions dans toutes les wilayas. N’ont-ils pas le budget nécessaire pour le faire ou sont-ils dans l’incapacité de gérer ce secteur stratégique ? Ce n’est pas pour lancer des polémiques mais la question nous rend malades. C’est vrai que le secteur de l’environnement active à foison mais on le voit surtout à la télévision nationale et dans la presse, la virtualité est une chose différente du vécu quotidien.
A l’heure où l’on parle d’usines de traitements de déchets ou de centres d’enfouissement des déchets à la TV et dans les journaux, la réalité du terrain est tout autre. Elle sévit dès lors qu’on quitte le domicile. Le tourisme, dont on est en train de nous enivrer à chaque occasion à la TV, ne marchera qu’avec la propreté. LA SALETÉ ENNEMIE JURÉE DE LA NATURE La propreté est l’alliée par excellence et évidente de la nature. Là où la saleté sévit, la nature a pris un sérieux coup. Je vais vous raconter une anecdote vécue il y a quelques années dans une de nos cités, quelque part en Algérie. Par la force des choses, ce fait divers n’est pas unique chez nous, il est devenu quasi fréquent. On avait alors planté des arbres avant la distribution des logements de la dite cité.
Juste avant l’inauguration, le premier responsable de l’époque est venu inspecter la cité avec ses proches collaborateurs. Pour une raison ou une autre, une demi-heure après son départ, on avait assisté bouches bées à l’arrachage sauvage de ces arbres. Les ouvriers affectés à cette ignoble tâche avaient même fait appel aux enfants des quartiers avoisinants pour accomplir la sale besogne contre nature. Voilà comment on apprenait aux enfants à protéger la nature. Ces arbres n’ont jamais été remplacés dix ans après ! Au lieu de déraciner ces arbres délicatement et les replanter ailleurs, on assista passivement à cet acte délibéré qui aurait constitué un délit grave, passible de la prison assortie d’amendes conséquentes.
Rappelons-nous, dans les années 70, le programme du barrage vert réalisé par les premiers contingents des appelés du service national. On se lamente aujourd’hui qu’il n’a jamais été suivi depuis. L’Algérie doit concentrer ses efforts pour mettre en place un programme raisonnable pour rattraper le retard. La 2ème histoire date d’il y a deux années ou trois; la télévision nationale en avait fait, ce jour-là, la une de son journal de 13h et dans celui de 20h.
C’était quelque chose d’inédit dans nos moeurs qui, hors de notre pays, est une chose banale. En effet, l’événement national se passait dans un quartier de la ville de Sidi Bel-Abbès où une personne a édifié à elle toute seule un jardin et des aires de jeux pour les enfants de son quartier. Le passage à la une du journal télévisé a prouvé la frustration profonde des Algériens qui souffrent du manque des espaces verts. Le personnage de Sidi Bel-Abbès sort de l’ordinaire et paraît même bizarroïde aux yeux de notre société trop individualiste. Pourquoi un citoyen peut-il consacrer volontairement du temps à cette entreprise insolite ? Voilà une autre preuve éclatante de la primauté du travail individuel sur celui du collectif. Ces jardins, qui faisaient jadis la fierté de nos villes, ont disparu à jamais de notre vue. Dommage pour nous tous de l’état dans lequel nous les avons rendu.
Certaines villes ont choisi de fermer ce qui reste comme jardins publics. Par crainte de dégradation, ils ne sont ouverts qu’à des horaires précis. De plus, ce n’est même pas la peine de s’y aventurer à cause des clochards qui ont élu domicile. Ce n’est même pas la peine de s’interroger sur le nombre de jardins publics dignes de ce nom que l’Algérie a érigés depuis notre indépendance. La moindre parcelle utile a été sujet de convoitises diverses. Même des places publiques ont été squattées. Inscrire un jardin public dans le programme d’une APC relève de l’utopie. C’est un phénomène très rare pour ne pas dire inexistant de trouver comme jadis des maisons à devant-villa fleuri. Pire encore, celles qui l’étaient à l’indépendance ne le sont plus depuis longtemps.
Elles ont été tout simplement démolies pour devenir des commerces afin d’assurer l’avenir et ses arrières comme on le dit si bien chez nous. Les rues fleuries, on ne les reverra pas de sitôt peut-être jamais même dans la capitale des roses. Heureusement nous comblons ce manque de la nature lors de la saison printanière lorsque le Bon Dieu nous accorde de nous abreuver de ses précieuses pluies pendant l’hiver. Enfin en sport, jusqu’à présent, nous sommes incapables de fournir à notre équipe nationale un terrain de football à la hauteur des équipes africaines pour ne pas dire européennes. Ça ne doit pas sortir de l’impossible de doter notre porte-flambeau footballistique d’un terrain gazonné de 120 mètres sur 60 mètres sur la seconde grande superficie africaine. Justement, les équipes africaines jouent dans de superbes terrains comparativement aux nôtres. C’est fini pour eux les terrains de champ de patates, c’est nous qui les avons hérités.
Il y a quelques années, l’équipe du Nigéria avait joué un match officiel contre notre équipe nationale à Oran. Lorsque les visiteurs avaient demandé de mettre à leur disposition un terrain en gazon pour s’entraîner, les responsables de la FAF leur avaient alors proposé d’aller soit à Mostaganem ou Sidi Bel-Abbès. Croyant à une farce pour les déconcentrer, ils s’étaient plaints à la FIFA mais ils avaient tort. La seconde ville d’Algérie ne disposait pas d’autres terrains corrects en herbes. L’histoire n’a pas été retenue et les verts continuent de vagabonder d’une ville à une autre en quête d’une potable pelouse.
D’URGENTS REMEDES Les remèdes existent pourvu qu’on les applique à la lettre. Tout le monde connaît les gestes nécessaires à l’éradication du mal, ils empruntent la logique et le bon sens. Si l’on arrive à organiser et à sensibiliser les citoyens. Tout le reste sera évident. La sensibilisation doit être faite selon des canaux qui peuvent toucher la population. Ce sont les adultes algériens qui accusent un déficit flagrant; il faut commencer par cette frange de la population pour passer ensuite aux adolescents et aux petits. Un matraquage médiatique sans cesse est plus que capital avec l’aide des radios locales, de la presse, de la télévision et des placards publicitaires dans les villes, sur les routes, etc. Les spots publicitaires nécessitent le changement de look à chaque période pour captiver l’attention.
Les opérateurs de téléphonie mobile sont aussi bien placés pour participer à un espace sain en adressant des SMS à leurs abonnés pour les appeler à contribuer efficacement à cette noble tâche. Même l’outil internet, qui est en train de se développer, doit être pris en considération en développant des sites sur les bienfaits de l’écologie en général. Il faut en faire une affaire de vie ou de mort.
Les mosquées peuvent aussi jouer le rôle, à bon escient, d’éducateurs de la société. Les imams sont là pour rappeler aux fidèles ce principe fondamental dans la religion musulmane. Le vrai musulman doit être l’exemple du summum de la propreté. On ne peut pas laisser passer sans parler du rôle essentiel de l’école, dans l’éducation, où le rôle de l’instituteur est primordial. L’école vantera les bienfaits de la propreté et apprendra les petits gestes de la pureté. Les lieux de l’éducation (écoles, collèges, lycées, instituts, universités,...) sont à l’avant-garde de l’éducation civique et citoyenne. Les associations, avec leur approche, sensibiliseront les citoyens par l’utilisation de tous les bons moyens. Elles participeront à l’encadrement des citoyens volontaires pour le nettoyage de leurs cités.
Des cités pilotes doivent être lancées pour servir d’exemple et de modèle. La concurrence peut être ainsi provoquée entre les cités avec à la clé des récompenses comme pour les tournois de quartiers de football organisés dans tout le pays. Un téléphone vert, comme celui des pompiers ou de la police, doit voir le jour en permettant aux citoyens de signaler tout manquement au devoir environnemental. Les différents services de l’environnement ont également besoin d’un renforcement pour assurer pleinement leur mission. Ce ne sont là que quelques aperçus tirés au hasard dans la foulée du sujet. Les concepts de l’écologie sont nombreux et diversifiés. L’Algérie a de nombreux spécialistes dans le domaine qui sont mieux placés pour aborder le problème de l’environnement sous tous les angles. Il suffit de leur donner tous les moyens pour se mettre réellement au travail. L’ÉVEIL POUR DEMAIN ?
Il y a un indice de prise de conscience qui commence à gagner les Algériens. Pour le moment, il touche une certaine frange de la population et c’est tant mieux pour l’avenir. Il s’agit bien sûr de l’autoroute Est-Ouest du côté de la région protégée d’El-Kala grâce à l’alerte et à l’appel d’une association qui a pris ses responsabilités. Ce qui retient l’attention dans cette affaire, ce n’est pas celui qui a tort ou a raison plus que la prise de conscience qui commence à prendre forme.
Le second signe est l’opération «une école, un enfant, un arbre, un double cadeau, pour la nature et l’enfance» du ministère de l’Education nationale de planter, par nos élèves, 8 millions d’arbres fruitiers (oliviers, figuiers, grenadiers et palmiers) sur une période de 6 mois à partir de cette rentrée scolaire 2008/2009 dans le souci de sensibiliser les plus jeunes sur la nécessité de préserver l’environnement, au développement durable et au respect de l’arbre et des aménagements paysagers. Avant de réfléchir à la plantation des arbres, il faut d’abord la faire germer dans les têtes avant de passer à l’acte.
Quoique l’idée de cette opération soit bonne, on dirait même une excellente initiative si on tient compte du désert écologique qui nous entoure. L’extravagance se situe sur le nombre d’arbres à planter. D’un coup et sans transition, on veut passer de zéro à 8 millions ! Mais au fait une question fondamentale me taraude l’esprit, on ne nous a pas donné le secret de la trouvaille des 8 millions de plants destinés à ce colossal projet. Planter 8 millions d’arbustes équivaut à 44.444 par jour !
Ce chiffre donne déjà le tournis. Si l’on ôte les 15 jours de vacances de l’hiver suivis au moins d’une semaine du printemps sans compter les week-ends ainsi que les jours fériés, le taux de plantation par jour va encore s’accroître. Encore faut-il se demander où va-t-on les planter ? Quand même pas dans les cours des écoles mais certainement sur des terres agricoles qui devraient être déjà réservées. A-t-on songé à l’après-plantation ? Qui est-ce qui va les entretenir et les irriguer en permanence ? Les concepteurs ont-ils bien réfléchi sur le devenir de ces pauvres arbustes ? Un brin d’arbre c’est comme un bébé, il faut en prendre bon soin en le soignant et l’allaitant autrement c’est la perte évidente. ENFIN UNE DERNIÈRE QUESTION, VA-T-ON LES SEMER OU LES JETER ?
On ne peut compter le nombre d’arbres effectivement plantés qu’à l’issue de la fin de cette titanesque entreprise. Ne parler d’arbres fruitiers que lorsqu’ils commenceront à donner effectivement leurs fruits. Tout le monde connaît le début de programme du million d’arbres plantés dans le cadre du fameux et célèbre PNDRA du ministère de l’Agriculture. L’opération a débuté avec un grand vacarme médiatique mais après quelques années, l’Algérien n’a aucune statistique sur le nombre d’arbustes qui sont effectivement devenus des arbres fruitiers. Les leçons avec des slogans démesurés sont à méditer. Il vaut mieux aller doucement mais sûrement. La plaie de notre pays se situe singulièrement dans le suivi dans tous domaines confondus. Les actions de type folklorique ont déjà montré leurs limites. Elles ne servent généralement qu’à faire du «tape à l’oeil» et qui ne s’intéressent qu’au présent en chauffant la galerie. Des immeubles, des écoles, des universités, des structures sportives,... deviennent laids, en piteux état, dégradés après seulement quelques années de leurs réalisations. Personne ne rend compte de ses actes, c’est l’une des blessures engendrée à l’Algérie.
Pour l’opération du ministère de l’Education, je souhaiterais de tout coeur être contredit, désavoué et démenti au soir de la journée mondiale de l’arbre. Même si on perd la face, pourvu que l’Algérie gagne. Nous espérons que ces deux initiatives presque fictives dans notre pays seront suivies dans le futur par un palpable éveil en attendant le réveil réel de la société algérienne pour l’écologie et l’environnement en général. La prise de conscience même minime est primordiale pour l’avenir. C’est l’appel au secours de la nature qui nous interpelle de toutes ses forces. Ne la décevons pas, soyons attentifs à ses multiples SOS. La situation n’est pas irrévocable, on peut mieux faire. Un sursaut écologique citoyen est plus que souhaitable pour le bien-être des Algériens et de l’Algérie. Il faut laisser une Algérie propre aux futures générations.
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Posté Le : 02/03/2009
Posté par : nyhel
Ecrit par : mohamed baghdad
Source : le quotidien