A l'ancienne! La méthode est sienne.
Face au temps qui court, au monde qui se brusque et aux gens qui se hâtent, il propose de faire une pause, de souffler et de prendre son temps pour redonner du mérite à ce qui a été dévalorisé. Monsieur Adem Omar, 77ans, prestigieux photographe revient sur son parcours et c’est avec bonté et humilité qu’il nous a reçus.
Elève ambitieux, Adem Omar a été à l’école franco-musulmane. Avant de se consacrer entièrement à la photographie, il a étudié la mécanique-auto et a exercé dans le domaine de la montre à Besançon puis surtout en Suisse là où il a résidé un bon bout de temps. C’est également un homme téméraire et déterminé qui a participé à plusieurs concours notamment des concours photo en Allemagne et en Roumanie. Pionnier de la photo argentique aux cotés de Mghili, Zmirli et Beghdad, Il a réalisé des expositions ainsi que d’incroyables clichés dont un des cascades de l’Ourit en 1967 lors de la fonte des neiges. En outre, il a travaillé comme reporter-photographe pour le journal « La République », où il a longuement accompagné l’équipe du WAT. De plus, une fois rentré définitivement à Tlemcen, il ouvrit des studios photos un peu partout, dont un nommé « Photorama », appellation qu’il avait ramené de Suisse.
« Quand quelqu’un veut manger, la nourriture ne viendra jamais vers lui, il doit aller la chercher ». Avait-il confié.
Chaque fabuleuse histoire a un commencement fortuit et inattendu, un évènement dont les circonstances ne semblent pas adéquates au début, or le futur démontrera tout l’inverse. C’est à l’âge de 27 ans qu’Adem Omar retourne en Algérie pour la première fois en 1955, il s’était rendu à Oran et avait visité une maison d’un espagnol, maison qui abritait un laboratoire photo, chose méconnue pour notre photographe à cette époque. Le concept l’avait intrigué, l’idée lui a plu. Toutefois, ce n’est qu’en 1963 qu’il se lance officiellement dans la photographie, il avait des cours par correspondance, durant 2ans de l’euro-technique photo à Dijon, au sujet de la chimie, l’optique, les mathématiques, la théorie et l’esthétique.
« La photo c’est cette lumière qui est réfléchi par le sujet et qui donne cette image, c’est la curiosité, ça parle de l’histoire. C’est un charme et une nostalgie ». Mots d’un grand maitre.
Un réel artiste a du hasard dans son talent et du talent dans son hasard, Adem Omar a su rester traditionnel tout en adoptant une méthode indémodable qui connait d’innombrables admirateurs : la fameuse photo en noir et blanc, confectionnée dans une chambre noire, qui détient un charme éternel.
« Elle se banalise et perd tout son prestige, la photo numérique ». S’était-il prononcé avec vivacité.
Peu importe la dimension que pourrait prendre la photo numérique de nos jours, l’argentique demeurera unique, car enfin de compte, la récompense d’un dur labeur est fort impressionnante.
Il a de même su demeurer humble, généreux et principalement attentif aux désirs d’une foule qui l’acclame. Ce qui compte particulièrement pour lui c’est la satisfaction de sa clientèle de voir ses clichés réussis ou de réussir elle même les siennes.
Il est un contact et un silence, un mouvement et un échange. Il est un savoir faire et un souvenir, un passé, présent et avenir. Il est une technique et une expression, une révolution et une réflexion. Il est une mémoire et une évolution, une profession et une passion. Tel est le huitième art.
La photographie, un art révolutionnaire et une invention novatrice depuis 1839. Elle exige de son adepte de s’armer de patience, d’être innovateur, créatif et ambitieux mais surtout d’être un fanatique du métier, puisque sans amour ou dévotion porté au travail que l’on fait, l’échec pointera sûrement le bout de son nez tôt ou tard. Telle est la devise de Monsieur Adem Omar.
Reportage photo réalisé par : Taleb Bendiab Saad Allah
Texte : Merad Boudia
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