Messali ou Hadji ,diminutif de Hadj (1898-1974) figure marquante de l’histoire de l’indépendance en Algérie fait partie des monuments qu’on abat souvent dans leurs propres pays. Ce pionnier et l’image qu’il acquit fut hissé par le peuple qui le soutenait en raison de son engagement et sa foi patriotique au rang de chef national ‘’Zaïm’’ a fini, après un long parcours politique sans jamais se renier sur le fond, sa vie à l’abri de la gloire. Le principal enjeu était de l’évincer. Son destin sera celui d’un éternel exilé couvert de torts par des détracteurs dont l’attitude n’est pas également sans reproches et cela, par une sorte de masochisme national. La vraie histoire du pays est encore verrouillée comme dans un coffre-fort d’où ce conflit de mémoires dont on s’aperçoit de plus en plus aujourd’hui et cela, en raison des non-dits, des ratures, des blancs et des vides historiques. Il n’était pas dans la même perception que les Oulémas revendiquant l’intégration impossible dès lors que les Algériens n’étaient pas reconnus en tant que Citoyens par la classe politique.
La liberté d’écrire l’histoire n’a appartenu malheureusement qu’à un camp ce qui fait quaujourd’hui encore le jeu de la vérité et son âpreté reste encore très partagé. Placé pendant presque toute sa vie en étroite surveillance, exilé jusqu’à la mort il ne fêtera pas avec tous les Algériens l’indépendance de son pays qu’il a tant rêvée et pour laquelle il a sacrifié les meilleurs moments de sa vie. Pour ses obsèques, son corps sera rapatrié trois jours après sa mort, le 3 juin 1974, à Gouvieux dans l’Oise, près de Paris, accompagné d’un passeport réservé aux apatrides. Cette injustice a ajouté un supplément d’attachement à l’homme. C’était là une manière de se débarrasser définitivement de son image historique, de son parcours politique. Certes, idéologiquement, le sage et visionnaire leader avait une autre idée de l’indépendance et de la construction démocratique de son pays.Toujours est-il que le message de Messali Hadj est encore d’actualité avec à quand à l’élection d’une constituante et l’instauration d’une vraie démocratie ?Revendications qui étaient siennes en même temps que l’indépendance de l’Algérie formulée pour la première fois lors du congrès anti impérialiste e Bruxelles, en 1927 .
En tant que patriote chevillé au corps il paiera cher son différend avec le F.L.N pour la direction de la lutte armée. Il échappera alors à plusieurs scénarios de meutre. L’histoire traumatique entre les deux camps est restée toujours présente. Abandonnant l’histoire de tout le mouvement national le pouvoir en place depuis l’indépendance a institué un système basé sur l’oubli tournant le dos à ses élites nationalistes laissant place à une mémoire exclusiviste où même le passé ancien est à peine survolé jusqu’à aujourd’hui, en attendant que la vérité historique reprenne ses droits. Le même pouvoir qui n’a pas appris à déculpabiliser sur pas mal d’autres sujets qui fâchent dont les bénéficiaires font de la Révolution un fonds de commerce, usant d’impostures.
Les résistants de toute dernière minute vont ainsi instituer une vision infuse revancharde pour ternir l’image de cette grande figure et de prendre par là, en otage, toute l’histoire du pays débarassée de ses grands hommes. Au pied de la tombe de Messali Hadj Ahmed Benbella viendra s’y absoudre déclarant ‘’ Nous nous sommes trompés, tu avais raison Sid el Hadj’’, en présence de vieux militants. Modestement, Messali Hadj a fait partie de ces héros au parangron de l’histoire du combat du peuple algérien. L’indépendance de l’algérie est le plus grand moment du récit national pour sa liberté. Le récit de indépendance ne devrait-il pas intégrer les grands hommes réhabilitant la vraie histoire de notre pays.
Messali Hadj totalement dévoué, durant sa vie, à la cause de son peuple pour l’indépendance continue inflexiblement, en homme libre, son sacerdoce et sa pensée droite, fidèle toujours à son combat de toujours prenant fait et cause pour les peuples opprimés. En cela, il était en rupture avec la doxa idéologique des tenants du pouvoir post indépendance. L’histoire qui ne peut liquider de cette manière le mouvement national en tant que moment générationnel important de l’histoire contemporaine du pays a besoin aujourd’hui d’une dimension de catharsis et de libération. Certes, aujourd’hui le pays ressent fortement ce besoin d’en finir avec l’hégémonie du politiquement correct, confisquant le système politique, tendant à éradiquer son nom du mieux que pouvait le faire déconstruisant l’histoire du pays s’assurant aussi, qu’aucune information ne soit donnée rappelant son passé de lutte. La méfiance des messalistes rescapés, longtemps surveillés, a perduré longtemps après sa mort continuant à payer le prix fort d’emprisonnements et d’exils.
La mémoire gardera pour toujours le souvenir de ce moment poignant lorsque Messali Hadj en visite au Maroc chez sa fille Djenina qui à Rabat, après l’indépendance, passa à côté de l’ambassade d’Algérie voyant flotter à l’entrée le drapeau dont il a dessiné lui-même les formes et choisi les couleurs s’est fondu en larmes envahi à la fois par un sentiment de fierté et la douleur profonde d’un pays qu’il n’allait plus revoir goûtant à sa liberté et enfin, d’ y mourir après tant d’années de lutte et tant de sacrifices durant toute sa vie de lutte par un pouvoir déterminé à se débarrasser de son nom. Son cercueil couvert de l’emblème national fut, au-delà de l’ingratitude officielle, porté en reconnaissance à son œuvre de sacrifice par de milliers de personnes venues de tout du pays dont ses anciens avocats, des vieux militants nationalistes, pour un dernier hommage Par ces funérailles grandioses le peuple voulait ainsi honorer sa mémoire, une mémoire que le peuple tient inlassablement à sa réécriture. La crise que traverse aujourd’hui le pays est aussi celle de son histoire.
L’admiration pour ce grand personnage de l’histoire de l’Algérie est restée entière. Les prières, les chants patriotiques et religieux firent de son enterrement, placé sous haute surveillance, cercueil couvert du drapeau national et hissé sur les épaules sur un parcours de près d’un demi kilomètre, un moment mémorable vécu au passage de son cercueil recevant. D’un autre côté les troupes de sécurité était partout massées sur son passage laissant croire que le régime en place continuait à craindre le leader même mort. Lui ont rendu un dernier hommage, les vieux militants et hommes historiques du P.P.A-M.T.L.D, du F.L.N, du M.N.A s’y recueilleront pour un hommage. Les chefs historiques de l’organisation secrète (O.S) et du mouvement national : Houcine Aït Ahmed, Ahmed Benbella... Les éloges funèbres prononcées à l’occasion de ses funérailles évoqueront son patriotisme sans failles au prix de sacrifices pour le pays au-delà du soutien, jusqu’à la fin de sa vie, qu’il apporta à la cause des peuples opprimés, dont la Palestine. Les hommes du coup d’état de 1965 avaient commencé tout d’abord par refuser sépulture au leader nationaliste sous le prétexte effarant qu’il était un opposant de l’indépendance de l’Algérie. Son enterrement qui a eu lieu au frais des Citoyens, sans révérence officielle par les médias officiels, pratiquant la chasse aux sorcières, a mérité les honneurs du peuple lui réservant des funérailles grandioses. Le pouvoir qui avait très peur de l’émotion populaire avait soumis l'évènement à une grande surveillance en l’absence bien sûr des grands corps d’Etat. La foule était telle que lorsque la tête du cortège arrive au cimetière ‘’Cheikh Sanoussi’ la moitié du chemin qui était encore à faire pour le reste des citoyens venus en masse lui rendre un dernier hommage.
L’Algérie doit tirer une conclusion de son histoire et l’écriture de celle-ci doit être une œuvre de clarté, de vérité et cela, pour fonder une Algérie forte, unifiée capable d’établir une véritable identité démocratique et des libertés pour le pays a besoin encore aujourd’hui d’écrire une nouvelle page de son histoire ancienne et moderne.
La tombe de Messali Hadj ne cesse à ce jour de faire l’objet de nombreuses visites de recueillement.
Photo: Messali Hadj membre du Foot ball club tlemcenien, créé en 1917. Assis, 2ème à gauche.
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Posté Le : 03/06/2020
Posté par : tlemcen2011
Ecrit par : Benali El Hassar
Source : https://www.facebook.com/benali.elhassar.3