Tizi-Ouzou - COMMUNES

Taourirt Moussa (Tizi Ouzou) Grandiose hommage à Matoub Lounès


Publié le 29.06.2024 dans le Quotidien l’Expression

Vivant, Matoub était un rassembleur ; mort, il l’est toujours.
En plus des citoyennes et citoyens venus des quatre coins du pays, on a noté la présence de nombreuses personnalités comme El Hadi Ould Ali, président de la Jeunesse Sportive de Kabylie, Nabila Goumeziane, directrice de la Culture et des Arts de la wilaya de Tizi Ouzou, Mohamed Klalèche, président de l'Assemblée populaire de la wilaya de Tizi Ouzou, Dahmani Belaïd, l'un des plus anciens chanteurs kabyles et également l'un des plus prolifiques...
Taourirt Moussa à Ath Douala a accueilli, mardi, des centaines de visiteurs venus rendre hommage à l'artiste militant Matoub à l'occasion de la commémoration du 26ème anniversaire de son assassinat.
Comme chaque année, depuis 26 ans, ils sont venus de partout d'Oran, d'Alger, de Bouira, de Béjaia, Tipaza, de Boumerdès, afin de se recueillir à la mémoire du militant de la cause amazighe, de la démocratie et des causes justes.
En l'espace de quelques minutes, le village natal du Rebelle est devenu un lieu de convergence et de rassemblement d'Algériens provenant de tous les horizons.
Vivant, Matoub était un rassembleur, mort, il l'est toujours. Pendant toute cette journée commémorative, l'ombre de Matoub n'a pas cessé de planer. Sa voix rauque retentissait à gros décibels durant toute la cérémonie de recueillement où les visiteurs déposaient sans discontinuité des gerbes de fleurs sur le tombeau d'un artiste qui a marqué comme aucun autre tous les esprits, son temps, sa société, sa culture et son pays, l'Algérie, qu'il a tant aimé et tant chanté. Un premier recueillement s'est déroulé à Tala Bounane, lieu de l'assassinat du rebelle en présence de Malika, sa soeur ainsi que des fans, des amis et d'anciens militants de l'amazighité.
La majorité des visiteurs marquaient inéluctablement une halte sur le lieu de l'assassinat du poète, situé à mi-chemin entre la ville de Tizi Ouzou et le village où habitait Matoub et auquel il était tellement attaché. Faut-il rappeler qu'en dépit de toutes les menaces qui pesaient sur lui, Matoub n'a jamais accepté de s'exiler et a toujours refusé de vivre loin de l'Algérie, son amour de toujours. Ensuite, les fans du Rebelle se dirigeaient systématiquement vers Taourirt Moussa dans la commune d'Ait Mahmoud en traversant le chef-lieu de la daira d'Ath Douala et le village de Taguemount Azzouz, avant d'effleurer Tizi Hibel, village natal du mythique écrivain Mouloud Feraoun. Sur place, les visiteurs se rendent devant le tombeau du poète assassiné où l'émotion atteint son comble.
L'endroit et la présence phénoménale des jeunes reflètent l'ampleur de la popularité de l'artiste Matoub, vingt-six ans après son décès. La présence de jeunes de moins de vingt ans est un vrai phénomène de société. Plus de la moitié des personnes qui se sont recueillies sur la tombe de Matoub mardi dernier, n'étaient pas encore nées le jour de l'assassinat du poète. C'est dire l'immortalité d'un artiste-militant qui était déjà, de son vivant, une véritable légende. C'est sur cet aspect et sur tant d'autres qu'ont insisté les différents intervenants lors de cette cérémonie.
àcommencer par sa soeur Malika, qui, après le dépôt de la gerbe de fleurs, a rappelé les causes justes pour lesquels son frère n'a pas cessé de se battre pacifiquement par son art et par ses actes: la reconnaissance de tamazight comme langue nationale et officielle et la lutte pour une Algérie démocratique et plurielle.
L'ensemble des autres intervenants ont abondé dans le même sens. Les jeunes aussi ont exprimé leur identification aux idées et aux idéaux chantés par Matoub et pour lesquels il a sacrifié sa vie. Ils ont exprimé leur admiration, voire leur adulation de l'oeuvre artistique et poétique monumentale d'un artiste unique, original, génial et intemporel.

Aomar MOHELLEBI