Tizi-Ouzou - Nina Bouraoui

Nina Bouraoui : Une écrivaine tourmentée par son passé



Nina Bouraoui : Une écrivaine tourmentée par son passé
La trame du livre se déroule dans le cabinet d’une psychologue, personnage omniprésent mais qui demeure sans nom, sans visage. Du début à la fin de l’ouvrage nous vivons l’obsession et la frustration de l’héroïne pour ce médecin. Elle nous fait comprendre que ce personnage est le seul qui peut éloigner ses mauvaises pensées la torturant sans répit.
Qui n’a pas eu des idées noires au moins une fois dans sa vie ? Des idées macabres ou mauvaises que l’on préfère enfouir au plus profond de soi. Dans son dernier ouvrage, l’écrivaine franco-algérienne, Nina Bouraoui, nous fait participer aux mauvaises pensées de son héroïne . Ce livre nous met face-à-face avec nous-même, et fait ressurgir nos vieux démons .

Le personnage nous semble parfois présent mais à d’autres fois, complètement perdu parmi ses tourments. Hantée par ses noires idées, l’héroïne ne parle que de mort, de tentatives de suicide et d’assassinats, de cadavres et d’innombrables idées noires.

La trame du livre se déroule dans le cabinet d’une psychologue, personnage omniprésent mais qui demeure sans nom, sans visage. Du début à la fin de l’ouvrage nous vivons l’obsession et la frustration de l’héroïne pour ce médecin. Elle nous fait comprendre que ce personnage est le seul qui peut éloigner ces mauvaises pensées la torturant sans répit.

"Je ne suis pas venue pour vous séduire, non plus, si je ne pleure pas c’est que l’effroi a pris mes larmes. Je pourrais m’agenouiller, je pourrais vous supplier, je ne pourrais pas vous embrasser. Vous êtes un corps blanc, vous êtes le corps du médecin, le corps qu’on ne touche pas. Je suis sans fierté, je peux tout vous dire, tout vous expliquer, je n’aurai aucun secret", dira-t-elle, dans un passage, à sa psychologue.

En relisant quelque phrases de Mes mauvaises pensées on a l’impression de plonger au tréfonds de l’âme humaine. "Les mauvaises pensées se fixent aux corps des gens que j’aime, où au corps des gens que je désire, je me dis que l’histoire des tueurs commence ainsi, cela prend la nuit, jusqu’au matin. J’aimerais me défaire de mon cerveau, j’aimerais me couper les mains, j’ai très peur de ce que je suis en train de devenir…".

L’écrivaine démontre, dans cette oeuvre sa force d’écriture. Elle va jusqu’à écrire des mots que nul d’entre nous ne peut confier. Des mots qui pourtant font partie de notre conscient et subconscient.

Avec ces mots, son héroïne dira à son psychologue : "Je pourrais vous lire, sortir le carnet de mon sac, mais j’ai encore honte, lire ce que j’écris est d’une grande intimité, surtout, ici, dans votre cabinet qui pourrait être une chambre ; de mémoire…". Elle continuera en lui disant aussi qu’elle peut lui dresser sa liste de phobies, comme : "L’oeil de ma voisine qui mange son visage ; me jeter par la fenêtre ; descendre au fond de moi, comme un objet détaché de ma conscience ; au cinéma, le rang devant moi, les gens n’ont plus de cheveux ; mordre au visage, partir sans payer, blesser un enfant ; …". Nina Bouraoui demeure un personnage aussi fort que ses héroïnes. Un être qui garde en mémoire et en silence des faits vécus entre l’Algérie et la France.

De mère française et de père algérien, elle reçoit en heritage un mariage de coutumes et de culture différentes avec un vécu parfois heureux parfois funèbre. L’auteur évoque l’Algérie, dans presque toutes ses œuvres. "Comme mon père je sais pourquoi nous regardons ensemble des photographies d’Alger, il n y a pas que l’enfance, il n’y a pas que la jeunesse, c’est le point le plus reculé de la mort, il est là-bas, notre paradis…", écrit-elle.

L’enfant de l’Algérie se languit de son pays, quand elle est en France et se languit de cette dernière lorsqu’elle s’en éloigne. Elle témoigne avec nostagie "J’apprends à vivre au 118 rue Saint-Charles deuxième étage à droite d’un petit immeuble moderne à balcon croisillons. Je dors près de ma mère, il y a des lit jumeaux, séparés, comme avant à la montagne, comme avant à Alger dans la nuit, dans le vent de la forêt d’eucalyptus…".



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