Tizi-Ouzou - Aghrib

Mohamed Iguerbouchen , un géant algérien de par le monde.



Mohamed Iguerbouchen , un géant algérien de par le monde.
(1907-1966). Grand compositeur.
Né le 13 novembre 1907 à Aït Ouchène (Aghribs, Tizi-ouzou). Il s’intéresse très jeune à la musique. Le comte Roth, riche anglais, fait la connaissance du jeune Mohamed en 1919 par l’intermédiaire du peintre Ross, missionnaire qui avait son atelier rue de Toulon, dans la Casbah, près du domicile de Mohamed Iguerbouchene. Le comte anglais s’intéresse à lui et l’adopte. Il décide un jour d’embarquer avec lui ce jeune prodige, après avoir obtenu, l’accord de ses parents. Reçu avec beaucoup de plaisir dans la famille de son protecteur, le petit Iguerbouchen fut éblouis par ce cadre grandiose et merveilleux. Ceci doubla son courage et il se promit de faire honneur à son pays. C’est avec le professeur Livingson de la Royal Academy of Music qu’il apprit la théorie et aborda les études de l’harmonie. Après des études assidues en Grande-Bretagne, M. Roth décide de le pousser plus avant et l’emmène en Autriche (Vienne) pour suive des études d’harmonie et de contrepoint avec le professeur Alfred Grunfeld. Nul ne pouvait plus douter de ses talents puisque, en 1925, alors qu’il n’avait que 18 ans, il donne un concert à Bragenz, sur le lac de Constance, où il exécuta ses magnifiques œuvres, parmi lesquelles deux rhapsodies mauresques sur des thèmes spécifiquement algériens qui furent très appréciées. Après trois années d’études, Iguerbouchen, nanti de plusieurs diplômes, revint revoir ses parents à Alger. Il ne devait pas séjourner longtemps. Ses talents avaient été appréciés un peu partout à travers le monde, et en particulier d’une firme importante de films en coproduction qui le chargea de composer une partition musicale pour un film intitulé Aziza. Cela devait être pour lui le début d’une ascension vertigineuse dans le domaine des films. De 1930 à 1934, il se consacre à la composition d’œuvres symphoniques. Il dut bientôt y renoncer pour composer la musique d’un court métrage sur la Casbah, intitulé Dzaïr. Ce film ne manque pas d’attirer l’attention de certains producteurs. M. Duvivier lui demanda son concours musical pour réaliser le célèbre film Pépé Le Moko. En 1934, après avoir subi un examen, Iguerbouchene fut admis à la société de sauteurs et compositeurs de musique, comme auteur et compositeur et, dans la même année, comme membre de la société des auteurs dramatiques. Après la musique de Pépé le Moko, il écrivit en 1937, la partition sur le film en couleur « Terre Idéale » sur la Tunisie. L’année suivant en 1938, il découvrit à Paris un chanteur qui devait faire parler de lui : Salim Halali. Après l’avoir formé, il lui fit enregistrer une cinquantaine de chansons dont la popularité fut sans limites. Une vingtaine d’autres, mais celles-ci kabyle, devaient allonger son répertoire. Dans le courant de cette même année M. André Sarrouy réalisa le célèbre film Kaddour à Paris. Cette fois ci encore, Iguerbouchen en composa la musique, dont le succès devait surpasser les autres œuvres, à tel point qu’il attira…les anglais. EN effet à cette époque, la Metro-Goldwyn devait l’inviter à Londres pour la première diffusion du film Casbah, version américaine de Pépé Le Moko. Cette fois ci encore le succès fut incontestable. La BBC l’invita à diriger l’une de ses œuvres symphoniques. Il présenta la troisième rhapsodie mauresque pour grand orchestre symphonique. Cette interprétation déchaina le public anglais qui ne croyait plus à un musicien algérien, mais à un « russe ». C’est alors que Mohamed Iguerbouchene devint Igor Bouchen. Chargé de la direction musicale de Paris Mondial, au début de 1940, il devait ensuite composer une vingtaine de courts métrages pour la firme Jean Mercier : Eaux vives, Glaciers, Le plus bel homme du monde, etc. Et les films de Georges le tourneur de Marçay : Doigt de Lumière, L’Empire au service de la France, Les Hommes Bleus, etc. Comme les jours se succèdent aux jours, les chansons succèdent aux symphonies et les mélodies aux films. C’est ainsi qu’Iguerbouchene devait composer, au début de 1945, une centaine de mélodies d’après les poèmes des Mille et Une Nuit, de Rabindranath Tagore. Dès la fin de la seconde guerre mondiale, il reprit ses activités musicales, malgré les innombrables difficultés créées par les évènements. Il écrivit la musique du film populaire «Fort de La Solitude », ainsi qu’Ecole Foraine, de Gina Manès, de Jacques Severac. Au cours de cette même année, il fut nommé sociétaire définitif de la société des auteurs et compositeurs de musique. Il fut chargé par le ministère de l’information, de créer la chaine kabyle, à la radio parisienne. Infatigable, il ne se donna aucun répit. A la dernière note de la composition de son dernier film, il reprit le vaste champ des symphonies. Il compose alors Kabyliya, symphonie pour orchestre symphonique, Saraswati, poème symphonique ; dans devant la mort, ballet et deux rhapsodies kabyles pour grand orchestre. Une quarantaine d’émissions littéraires originales d’une durée de trente minutes intitulées Chants d’amour de l’Islam, furent diffusées sur la chaine Paris-Inter, ainsi qu’une quarantaine d’autres, sous le titre de Cabarets d’Orient. Il compose la musique d’un ballet, intitulé Ferrier Orientaler, qui fut réalisé à la télévision de Paris. Max de Rieux et Iguerbouchen, pour la musique, réalisèrent une autre œuvre intitulée La mort d’Abou Nouas et de Salama Son Epouse. Après la composition d’une cinquantaine de chansons kabyles pour son élève Farid Ali, il réalisa un poème symphonique pour grand orchestre. Quatre-vingts musiciens interprétèrent ce poème intitulé « Une Nuit à Grenade », qui fut dédié au roi du Maroc. En 1953, ce fut la création du concerto pour piano et grand orchestre symphonique « La Rhapsodie Algérienne », qui remporta un grand succès. Harcelés par les innombrables demandes de participation, Iguerbouchene dut en repousser une énorme partie, et opta pour le grand film Maria Pilar, réalisé par Pierre Cardinal, et qui est devenu au cœur de la Casbah. Venu spécialement de Paris pour la présentation de ce film dont la vedette fut Vivianne Romance, Iguerbouchene écrivit ensuite la partition de plusieurs pièces de théâtre diffusées par la RTF avec le concours de Jaques Bertheaux, de la comédie française. En 1955, 6 Rhapsodies kabyles pour orchestre symphonique furent écrites à Alger, ainsi qu’une vingtaine de scénarios pour la télévision : Sadok le marchand de tapis, Djouder le Pêcheur, La Sultane de l’amour, etc. Bien que sollicité par les firmes intenationales, dont la MGM, Iguerbouchene, envahi par l’amour de son pays, a préféré se joindre à ses compatriotes afin de leur imprégner l’art qu’il avait conquis à travers le monde musical. C’est ainsi qu’en 1956, il débuta comme chef d’orchestre aux ELAK « Emissions de Langue Arabe et œuvres modernes réalisées à la fin de l’année composèrent une synthèse entre la musique orientale et occidentale : mambos, boléros, valses, marches, etc. Succédèrent ensuite des mélodies pour la célèbre chanteuse Souheila, ainsi que des œuvres orchestrales telles que Rhapsodie concertante, Fantaisie algérienne, concerto pour alto et orchestre, des trio, quatuor pour flûte, luth, qanun, derbouka, les milles et un aspect de la musique de l’Inde, musiques et chants populaires à travers le monde, découverte du Sahara. L’appel du Sud, Aventure à Grenade, opérette d’Iguerbouchene et Stambouli, poème de Saïd Hayef et Mohamed Réda ; la chanson du bonheur, les trésors de la musique, la pomme d’Adam et Mahakma en délire de Saïd Hayef, etc. Membre du comité de l’association des journalistes Ecrivains et Artistes de France e d’Outre Mer, Mohamed Iguerbouchen a été formé dans le domaine littéraire, par Albert Camus, qui fut de 1930 à 1934, son intime ami, ensuite par Guillot de Saix, à Paris. Elève du professeur d’Estaing, de l’école des langues orientales à Paris, de 1939 à 1942 pour les langues berbères : chleuh, chaouia, tamacheq. Sa soif de connaissance musicale des diverses régions d’Algérie l’amène jusqu’aux confins du Hoggar et l’inspire dans de nombreuses compositions tirées de thèmes touaregs, dans une série d’émission musico-ethnologiques aux ELAK. A ceci s’ajoute un parler très correct de l’anglais, l’allemand, l’espagnol, le français, et naturellement l’arabe. Tout ceci contribue à orner les nombreux prix de musique, dont un premier prix de piano à Vienne (en 1926). Son appartement du Bois des Pins (Hydra) et sa résidence de Bouzareah étaient le lieu de rencontre de nombreux musiciens, peintres et hommes de lettres. En 1936, il compose pour le ténor national Mohamed Abid, plusieurs mélodies dont Zina (en hommage à sa fille), Ma Guitare, le peuple d’Algérie, etc. Accompagnée au piano par le compositeur lui-même, enregistrées et diffusées à la RTA dans une émission de Suzanne François. Mohamed Iguerbouchene s’éteint, méconnu, après une longue maladie, en juillet 1966, à Alger, à l’âge de 59 ans. L’enterrement a lieu en présence des membres de sa famille et de quelques amis fidèles.



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