Tizi-Ouzou - Revue de Presse

Le combat de Abane Ramdane raconté



Le musée Abane Ramdane, dont l'inauguration était prévue pour demain, date de la commémoration du congrès de la Soummam, ouvrira ses portes le 1er novembre prochain. Les raisons de ce report sont le retard accusé par les travaux de réhabilitation de la demeure familiale de l'organisateur du congrès de la Soummam. Achevées pas plus tard que la semaine dernière, les activités de rénovation n'ont donc pas laissé le temps aux différentes parties impliquées dans ce projet, telles la daïra de Larbaâ Nath Irathen, la commune de Azzouza, dont est natif Abane Ramdane, ou encore la maison de la culture de Tizi Ouzou, d'organiser cette réouverture avec les fastes qui lui sont dus. Selon Ali Abane, neveu du défunt leader, « c'est la Présidence elle-même qui a expressément demandé aux services de la wilaya de retarder les cérémonies.Et ce, dans l'optique de contribuer à la mise en place d'importantes festivités "officielles" et "nationales", impossibles à organiser en seulement quelques jours », confie « l'héritier » de l'architecte de la Révolution algérienne. Et en tant que digne représentant du grand homme, il était présent, hier, lors d'une conférence de presse tenue au forum d'El Moudjahid, et qui avait pour thème « La célébration du 53e anniversaire du congrès de la Soummam ». Ces retrouvailles ont été l'occasion pour les nombreux anciens combattants présents de se remémorer leurs hauts faits d'armes, de raconter leur courage et l'absence de peur « effrontée » qu'ils affichaient face à l'occupant non sans relater quelques anecdotes émouvantes qui traduisent la volonté et la droiture de personnalités, complexes certes, mais toujours entières. « Abane Ramdane était un vrai patriote, il a uniquement vécu pour la cause de Libération nationale, et n'aspirait qu'à une seule finalité, voir son pays libre, libéré du joug colonial, et ce, coûte que coûte », témoigne maître Bentoumi Amar, avocat de Abane Ramdane et premier ministre de la Justice dans le gouvernement de Ben Bella. « Sur un plan politique et historique, il était intransigeant, tout en étant très ouvert. Par exemple, il a attiré le maximum de forces dans les rangs du FLN, que ces personnes soient centralistes, de l'UDMA, des Oulémas, et même des étudiants communistes. Toutefois, il exigeait que cela se fasse en termes "d'individualités", et qu'ils abandonnent leur idéologie au profit de cette cause sacrée qu'était l'indépendance », raconte Me Bentoumi.Abane Ramdane, dur et intrépideEt sur un plan personnel, comment était l'homme ' « Dur' très dur même. Envers les autres, mais aussi et surtout envers lui-même. Et ce trait de caractère était accentué par la précarité de son état de santé. De même, les multiples grèves de la faim qu'il avait observées et l'ulcère engendré, avaient indéniablement altéré son tempérament. En plus, il gardait des séquelles, tant physiques que psychologiques, des tortures endurées et des humiliations subies », décrit-il, ajoutant : « Il était très franc, ce qui ne plaisait pas à tout le monde. Il disait ce qu'il pensait. Il n'avait pas la langue dans la poche, comme on dit, et cette caractéristique lui a valu de nombreux ennemis. » « Il était intrépide », renchérit Ali Abane, son neveu, « ce qui est le trait de caractère des grands hommes, qui n'ont peur de rien ni de personne ». « Par contre, lui faisait très peur, et fait toujours peur, de par son charisme et son rôle prédominant dans l'histoire de l'Algérie », poursuit Me Abane. « L'on a tenté de travestir cette histoire, de la cacher et de la taire. D'occulter la part qui revient à mon oncle dans la grandeur de cette histoire. Mais tant qu'une poignée d'hommes seront là pour rétablir la vérité, elle ne pourra qu'éclater au grand jour », affirme-t-il. D'ailleurs, ceux qui ont eu à côtoyer Abane Ramdane ainsi que les « dépositaires de sa mémoire », ne peuvent que se réjouir « de la réhabilitation qui s'opère, lentement et timidement certes, depuis quelques années », salue Ali Abane. Preuves en sont, en sus du musée et de l'importance accordée par les autorités à son inauguration, les différentes conférences et congrès organisés à la mémoire des « pères de la nation », et qui taillent la part belle à Abane Ramdane. « Et à raison' », de conclure Me Bentoumi.


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