Tizi-Ouzou - COMMUNES

Il y a 22 ans déjà nous quittait Hamidouche, le semeur de gaieté


Publié le 09.06.2024 dans le Quotidien l’Expression

L'un des chanteurs kabyles les plus talentueux nous a quittés prématurément en juin 2002 après une longue maladie.

Il s'agit de Hamidouche qui avait semé la gaité dans le coeur de ses fans durant les années 80 et 90 avec ses chansons aussi belles qu'originales mais aussi avec sa voix suave, unique et inimitable. Il n'avait que 46 ans. Hamidouche était malade, très malade depuis plusieurs années. Son état de santé se dégradait. Mais lui, il était resté très attaché à la vie et à la chanson de laquelle il ne s'était jamais départi. Même quand sa maladie l'avait diminué au maximum, Hamidouche est encore monté sur scène pour chanter et égayer ses fans. C'était dans la grande salle du Théâtre régional Kateb-Yacine. Hamidouche était accompagné sur scène par son frère Rachid qui n'a pas cessé de le soutenir jusqu'à la fin de sa vie. Il y avait aussi ses amis dans la salle. C'était son dernier spectacle à Tizi Ouzou.
Difficilement, Hamidouche est parvenu à interpréter ses plus belles chansons. Des titres qui ont marqué une infinité de fans. Durant toute sa carrière, Hamidouche a évolué avec son nom d'artiste et son véritable nom est Ahmed Kheddim. Il naquit le 14 août 1956 dans un petit village ayant pour nom Agouni Bouaklane à Attouche près de Tigzirt sur-mer dans la wilaya de Tizi Ouzou. Comme la majorité des chanteurs kabyles, il vécut une enfance difficile car sa famille était très modeste. Il était doté d'une très belle voix. Et débordant de talent. Dès son enfance, il n'avait qu'une idée en tête: s'engager dans une carrière artistique. Mais pour l'enfant qu'il était, le chemin pouvait s'avérer long et sinueux. Son talent indéniable et ses compositions musicales élaborées allaient réussir à compenser tout ce qui pouvait s'apparenter à des obstacles insurmontables. Surtout quand on sait que dans les années 70 et 80, la chanson kabyle était à son apogée. Et, il n'était guère facile d'arracher une place, ne serait-ce qu'infime, au soleil. Hamidouche y parvint. Triomphalement même. Il est âgé de 22 ans quand il sortit de manière spectaculaire de l'anonymat grâce à un premier disque qui comprenait une chanson mythique «Ouiza Semhas». Cette chanson allait devenir l'un des meilleurs succès du regretté Hamidouche mais aussi de la chanson kabyle de manière générale. Dès ce premier opus, la carrière artistique de Hamidouche va crescendo. L'enfant de Makouda allait composer et interpréter des chansons qui allaient emballer les mélomanes. Parmi ses titres les plus célèbres et ayant marqué plus d'une génération de fans, on peut citer: «Stach di lâamris», «Sidi lmir», «Alger Tunis», «Le parti», «Arwah arwah», «Nadia Ruh», «A vava lwali»,«afat n walniw», «Ahya y arrach», « Nek yidem»... Si la part du lion de ses chansons est dédiée à l'amour sous toutes ses formes, il n'en demeure pas moins que Hamidouche a également abordé de nombreux autres thèmes sociopolitiques ayant trait aux conditions de vie de la jeunesse de l'époque, à la bureaucratie, à l'extrémisme religieux... C'est le cas notamment des chansons «Le parti», «A vava Lwali», «Sidi lmir», etc. Bien que souvent, Hamidouche aborde l'amour sous son aspect triste, il le fait avec des mélodies rythmées qui ont semé la joie dans le coeur des nombreux fans. Il a connu le summum de la gloire dans les années 80.
Le jour de son enterrement le 9 juin 2002, dans son village natal Agouni Bouaklane, il y avait des centaines de fans mais aussi de nombreux chanteurs célèbres issus de plusieurs générations. Hamidouche jouissait d'une grande estime de la part de ses confrères.
En effet, en plus d'avoir été un grand artiste, Hamidouche était un homme pétri de qualités humaines.

Aomar MOHELLEBI