Tizi-Ouzou - Abane Ramdane

El Moudjahid et l’assassinat de Abane Ramdane : Rédha Malek évoque la censure



Nouvelle révélation sur l’assassinat d’un des architectes de la révolution nationale, Abane Ramdane. Le comité de coordination et d’exécution (CCE), autorité suprême du FLN historique, a camouflé les faits en faisant croire à ses collègues qu’il est tombé au champ d’honneur et en contrôlant l’information diffusée par El Moudjahid.

« Ce jour-là, le CCE nous a ramené la première page du journal qui a été déjà imprimée. On a camouflé les véritables faits pour dire que Abane Ramdane est tombé au champ d’honneur », a révélé Rédha Malek, un des acteurs vivants de la révolution et responsable d’El Moudjahid à l’époque. S’exprimant en marge du séminaire international sur le journal El Moudjahid (1956-1962), organisé hier à Alger, Rédha Malek a rappelé les conditions et l’environnement dans lesquels a été tué Abane Ramdane par les siens. L’unique organe d’information du FLN, pendant la révolution, s’est contenté, selon l’orateur, de publier le communiqué du CCE. « Par la suite, on a compris de quoi il s’agissait. Mais pendant la révolution, il y avait des événements graves qui se passaient quotidiennement. L’événement a été publié tel quel. C’était une reprise d’un communiqué du CCE », a-t-il déclaré. Au niveau des responsables du FLN, il était clair dès le début que l’information rapportée dans ce journal n’était qu’une duperie. Selon Ali Haroun, un autre acteur de la révolution, personne n’a cru ce que disait ce journal concernant cette affaire. « J’étais proche de Abane Ramdane. Quand il s’est rendu de la Tunisie au Maroc en répondant, soi-disant, à l’invitation du roi Mohammed V, il nous a dit qu’il reviendrait rapidement. Après quinze jours, on n’a eu aucune nouvelle de lui et on a commencé à s’inquiéter sur son sort », a-t-il ajouté en s’exprimant toujours en marge de la même manifestation. Toutefois, Ali Haroun affirme n’être pas au courant des circonstances d’assassinat de Abane Ramdane au Maroc, d’autant que lui vivait en Tunisie en cette période.

« On a escamoté la démocratie »

Le journal El Moudjahid de l’époque, était, en dépit des tentatives du colonialisme de falsifier certaines de ses éditions, la mémoire de la révolution. Pour Rédha Malek, ce journal était un document où on peut trouver les faits saillants de la révolution qui permettront de comprendre sa doctrine. Invité à faire une comparaison avec le quotidien El Moudjahid actuel, l’interlocuteur dira que durant l’époque coloniale, il y avait une conviction tendant à promouvoir la démocratie. « Tous les repères et toutes les analyses qui ont été faites à l’époque sont valables aujourd’hui. Personnellement, je n’ai pas changé de ligne. On a fait des articles et des analyses sur la démocratie qu’on ne fait pas dans nos journaux aujourd’hui. La signification de la démocratie chez le mouvement national est la consécration de la souveraineté populaire et le respect des libertés fondamentales, notamment les libertés individuelle et l’épanouissement de l’homme algérien », a-t-il précisé. Mais aujourd’hui, a-t-il enchaîné, on a escamoté la démocratie politique en faisant du populisme et en privilégiant la démocratie économique et sociale. « Mais on ne peut pas avoir de la démocratie économique sans avoir de la démocratie politique », a-t-il renchéri en précisant qu’il croit toujours en l’avènement de la démocratie. Une démocratie qui doit être ancrée et développée en Algérie. Par ailleurs, le colloque international sur le journal El Moudjahid a drainé beaucoup de monde. La rencontre, la première du genre, a capté, faut-il le souligner, l’intérêt des journalistes, historiens, chercheurs et universitaires algériens et étrangers. Inauguré en présence des membres du gouvernement, à leur tête Abdelaziz Belkhadem, ce colloque était, durant la première journée, très riche en événements. En plus de l’exposition des unes du journal historique, les organisateurs ont projeté une vidéo contenant 18 témoignages inédits des acteurs directs ayant suivi et fait le journal durant la guerre de libération. Les travaux de ce colloque se poursuivront également aujourd’hui au niveau de la Bibliothèque nationale du Hamma, à Alger.




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