Tizi-Ouzou - ACTUALITES

Cheikh El Hasnaoui nous a quittés en juillet 2002 Ses mots, ses notes restent



Publié le 16.07.2024 dans le Quotidien l’Expression
Cheikh El Hasnaoui est le genre d’artiste dont l’œuvre ne cesse de séduire et d’envoûter le mélomane.
Ni le temps, ni l'avènement de nouveaux modes musicaux ne peuvent enlever quoi que ce soit au charme des chansons de Cheikh El Hasnaoui. Ayant la spécificité d'être concises, les chansons de Cheikh El Hasnaoui sont à la fois basées sur des compositions musicales des plus élaborées et sur des textes poétiques où tout est dit avec beauté et avec une économie ciselée de mots.
Une prouesse artistique dont seul El Hasnaoui détenait l'entier mystère. Le véritable nom de Cheikh El Hasnaoui est Mohamed Khelouat. Dès le début de sa carrière artistique, il a choisi un nom d'artiste dont l'extraction renvoie à son patelin d'origine: Ihesnawen. C'est dans le petit hameau de Taâzivt-Taddart tamokrant, à moins de cinq kilomètres au sud de la ville de Tizi Ouzou que naquit ce pilier de la chanson algérienne le 23 juillet 1910. Avec le regretté Slimane Azem, il fût la locomotive de la chanson algérienne d'expression kabyle. Tout comme Slimane Azem, il fut une école pour une grande partie des grands chanteurs qui ont suivi la sienne.
Un nombre élevé de chanteurs devenus des stars, a puisé de la manière qu'avait El Hasnaoui en chantant mais aussi de ses compositions musicales.
La vie privée de Cheikh El Hasnaoui est entourée de mystère et de légendes. On attribue une infinité de versions aux raisons qui ont poussé El Hasnaoui à s'exiler volontairement et à ne plus revenir malgré le désir ardent et continuel qui l'animait de rentrer au bercail. Elle l'a tant chanté et il l'a tant décrite, cette soif de retrouver la terre natale. Car au fil des décennies qui passaient, ce rêve devenait de plus en plus impossible aux yeux de l'artiste solitaire qu'il était.
El Hasnaoui n'a vécu que peu de temps dans son village natal. C'est à Alger qu'il connut et découvrit le monde artistique.
En habitant à la Casbah, il ne pouvait que s'imprégner des grands maitres du chaâbi et principalement le Cardinal El Hadj Mhamed El Anka.
Ses talents artistiques lui permirent d'accéder à l'orchestre de l'auteur du célèbre qcid Lehmam. Il aiguisera davantage son don en allant en France où il côtoya également d'autres maîtres à l'instar de Mohamed Iguerbouchen, Kaddour Cherchalli, Dahmane El Harrachi, etc. A yemma yemma, l'une de ses toutes premières chansons connut un succès tonitruant dès sa sortie en 1946.
En effet, tout en s'inspirant fondamentalement du chaâbi pour composer ses musiques, il s'est toutefois ingénié à détourner en quelque sorte ce style en l'agrémentant harmonieusement de plusieurs autres modes universels.
Toutes les chansons qui suivirent ce premier chef-d'oeuvre n'allaient pas manquer de génie. C'est le cas par exemple de Ijah erray-is, A yat wakal abarka, Maison Blanche, Adruhegh, Aqlagh nesbek, Ya noudjoum elil, «Zahia etc.
Chacune de ces chansons est une merveille artistique qu'on peut réécouter interminablement une infinité de fois sans s'en lasser.
La carrière artistique d'El Hasnaoui, bien qu'elle fût de courte durée, est l'une des plus flamboyantes en Algérie.
Au total, il a produit et chanté: 29 en kabyle et 17 an arabe.
El Hansaoui a toujours vécu en solitaire et a refusé de se livrer à part en quelques occasions, notamment lors de la visite que lui a rendue Beihdja Rahal. Même dans sa vie privée, il a toujours vécu en solitaire fuyant les fréquentations surtout durant les dernières années de sa vie où il s'est retiré à Saint-pierre à la Réunion.
Il y décéda le 6 juillet 2002.
Aomar MOHELLEBI




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