Né en 1907, à Aït Ouchen (Azeffoun), Iguerbouchène illustre par son itinéraire le répertoire de la musique algérienne.
A l’âge de 17 ans Mohammed Iguerbouchène suit des cours académiques en musique. En 1923, il part en Iguerbouchène où il est reçu chaleureusement par une famille qui l’encourage à persévérer dans le domaine musical.
Le jeune Kabyle est engagé dans " The Royal Academy of Music " où il est encadré par le professeur Livingson. Iguerbouchen poursuit son cursus en se spécialisant dans l’apprentissage de la théorie musicale et abordera des études de l’harmonie, dans le même établissement.
De l'Angleterre à l'Autriche, un certain Fraser Ross, qui possède des terres de chasse en Autriche, l'emmena à Vienne, où il continue ses études d'harmonie et de contrepoint avec le professeur Alfred Grunfeld.
En 1925, alors qu'il n'avait que 18 ans, le jeune Mohammed Iguerbouchène donne un concert à Bregenz, sur le lac de Constance, où il exécute ses œuvres parmi lesquelles deux rapsodies mauresques sur des thèmes spécifiquement algériens. Après trois années d'études, Mohammed Iguerbouchène, nanti de plusieurs diplômes, rentre voir ses parents en Algérie. Il est appelé par la suite par une firme importante de films en coproduction qui le charge de composer une partition musicale pour un film intitulé Aziza.
Aux merveilleuses symphonies succède la musique de films de 1930 à 1934, Mohammed Iguerbouchène se consacre à la composition d'oeuvres symphoniques. En 1934, après avoir subi un examen, Iguerbouchen est admis à la Société des auteurs et compositeurs de musique comme auteur-compositeur et, dans la même année, comme membre de la Société des auteurs dramatiques. Après la musique de Pépé le Moko, il écrit, en 1937 la partition du film Terre idéale sur la Tunisie.
Le faux Russe Igor Bouchen L'année suivante, en 1938, découvre à Paris un chanteur qui devait faire parler de lui : Salim Halali, bien connu dans le monde musical arabe. Après l'avoir formé, il l’aide à enregistrer une cinquantaine de chansons dont la popularité fut sans limites.
Une vingtaine, d'autres, mais celle-ci kabyles, devaient allonger son répertoire. Il est invité par la BBC à diriger une de ses oeuvres symphoniques. Il présenta la 3e Rapsodie mauresque pour grand orchestre symphonique. Cette interprétation déchaîna le public anglais qui ne croyait plus à un musicien kabyle, mais à un "russe". C'est alors que Mohammed Iguerbouchène devint "Igor Bouchen".
Mohammed Iguerbouchène est chargé en 1940 de la direction musicale de Paris Mondial où il compose une vingtaine de courts-métrages pour la firme Jean Mercier : Eaux vives, Glaciers, Le plus bel homme du monde, et bien autres et les films de Georges Letourneur de Marçay : Doigt de Lumière, L'Empire au service de la France, "Les Hommes bleus", ainsi que d’autres. En Début 1945, il compose une centaine de mélodies d'après les poèmes des Milles et Une Nuits, de Rabindranath Tagore.
Mohammed Iguerbouchène est nommé sociétaire définif de la Société des auteurs et compositeur de musique la même année et chargé par François Mitterrand, alors ministre de l'Information, de créer la Chaîne kabyle. Il compose alors Kabyliya, symphonie pour orchestre symphonique, Saraswati, poème symphonique ; Danse devant la mort, ballet, et deux rapsodies kabyles pour grand orchestre.
Une quarantaine d'émissions littéraires originales d'une durée de trente minutes intitulées Chants d'amour de l'Islam, sont diffusés sur la chaîne Paris-Inter, ainsi qu'une quarantaine d'autres, sous le titre de Cabarets d'Orient.
Il est sollicité par Si Kaddour Benghabrit, ministre plénipotentiaire, pour composer une musique de ballet pour le Roi du Maroc qui s’intitule, Ferrier Orientaler. Bien que demandé par les firmes internationales, dont la MGM, Mohammed Iguerbouchène, envahi par l'amour de son pays, préfère se joindre à ses compatriotes afin de les imprégner de l'art qu'il colporte à travers le monde musical.
En 1956 Mohammed Igerbouchène débute comme chef d'orchestre aux Elak (émission de langues arabe et kabyle) ; 165 oeuvres modernes réalisées à la fin de l'année composent une synthèse entre musique orientale et occidentale aux mambos, valses, marches, boléros, et autres, succédèrent ensuite des mélodies pour la célèbre chanteuse Souleiha, ainsi que des oeuvres orchestrales telle : que Rapsodie concertante, Fantaisie algérienne, Concerto pour alto et orchestre, des trios, quatuors pour flûte, luth, quanoun et derbouka.
Ami d'Albert Camus et membre du comité d'honneur de l'Association des journalistes, écrivains et artistes de France et d'Outre-mer, Mohammed Iguerbouchène est formé dans le domaine littéraire, par Albert Camus, de 1930 à 1934 ensuite par Guillot de Saix, à Paris, et élève du professeur Destaing de l'école de Langues orientales de Paris, de 1939 à 1942 pour les langues berbères : chleuh, chaouia, tamacheq.
A ce répertoire, s'ajoute une maîtrise très correcte des langes anglaise, allemande, espagnole et arabe. Mohammed Iguerbouchène à disparu en 1966, laissant dérière lui un grand travail d'artiste.
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Posté Le : 16/02/2008
Posté par : nassima-v
Source : www.la-kabylie.com