Publié le 10.11.2024 dans le Quotidien l’Expression
Jadis, les populations vivaient en parfaite harmonie et communion avec la terre.
Tout le monde s'y met.
Plus précisément, c'est l'association Tigejda du village Ath Bouadda, dans la commune d'Azazga, qui a été à l'origine de cette belle initiative qui rappelle les temps anciens. Femmes et hommes, enfants et personnes âgées de cette petite bourgade, qui tient jalousement à sa tradition, ont participé à donner un nouveau souffle au rituel Iwedjiven qui signifie en kabyle le coup d'envoi de la campagne agricole qui va s'étendre, par la suite, le long de toute l'année. La persistance de la célébration de ce rituel montre ainsi que les populations locales sont de nature à vocation agricole et que le développement de ces activités liées à la terre nourricière ne dépend que de la disponibilité des moyens et équipements modernes parallèlement à l'actualisation des connaissances profondes du monde agricole. Ainsi, durant tout le week-end, le village a vibré à l'ambiance d'antan. Les visiteurs ont revécu, l'espace de quelques heures, les rituels de lancement des activités agricoles. Des expositions et des communications ont été à l'ordre du jour ainsi que des activités de démonstration de diverses pratiques agricoles. Il faut dire que la célébration s'est déroulée en présence de très nombreux invités venus des communes voisines et de plusieurs wilayas du pays telles que Tipaza. Leur présence aura également été un enrichissement des connaissances de ce passé lointain. Les hôtes d'Azazga ont, en effet, participé aux expositions et présenté d'autres communications sur ces rituels pratiqués aussi dans toutes les contrées de l'Algérie et de l'Afrique du Nord.
Jadis, les populations vivaient en parfaite harmonie et communion avec la terre. Au-delà de la toponymie existant dans toutes les sociétés du monde entier, chez nous, toute parcelle devait, faut-il le souligner, porter un nom. Il existe même des arbres, oliviers, caroubiers et frênes qui portent des noms transmis de génération en génération. Y a-t-il d'ailleurs meilleur lien avec ses arrière-grands-parents qu'un arbre qu'ils ont planté ou monté? Aussi chaque acte est-il associé à un rituel comme pour s'assurer de l'assentiment des anciens, des arbres et des lopins de terre.
L'Algérie, porte de l'Afrique, est un pays à vocation agricole depuis des millénaires. Traditions et us sont arrimés à la terre et à l'activité agricole. Il n'y a d'ailleurs qu'à voir la parfaite précision du calendrier agricole amazigh pour s'en convaincre.
L'attachement viscéral des populations à pratiquer les rituels liés à l'agriculture est incontestablement un indicateur que l'on ne peut aller de l'avant sans une agriculture développée. Même si elles ne pratiquent plus d'activités agricoles, faute de moyens et de tendance générale, les populations pratiquent, presque naturellement, les rituels agricoles comme Iwedjiven. De Yennayer, fête du dieu de la pluie et de la fertilité, à Timchret, signalant le lancement de la récolte des olives et Iwedjiven indiquant le début de la période des moissons céréalières, c'est tout un monde qui continue de vivre dans les âmes des personnes malgré... tout.
Kamel BOUDJADI
Posté Le : 12/11/2024
Posté par : rachids