Tizi-Ouzou - Ain El Hammam

AÏn El Hammam - Vente libre d’oiseaux protégés



AÏn El Hammam -  Vente libre d’oiseaux protégés




Le chardonneret, espèce protégée par la loi, se vend librement depuis quelques semaines au marché de Aïn El Hammam, à cinquante kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou.

Entouré d’une foule de clients, un jeune homme de moins de trente ans tient boutique à l’entrée ouest de l’aire de vente des fruits et légumes.

Un endroit stratégique où passent les pères de famille pour se rendre au souk, accompagnés de leurs enfants. A un client qui lui demande sa provenance, il répond qu’il vient de Beni Douala, précisant de Beni Zmenzer. Hormis les accessoires et les graines utilisés par les éleveurs d’oiseaux, il présente devant lui une centaine de chardonnerets, visiblement de l’année.

Dans une boîte en carton, recouverte de grillage, il exhibe une quarantaine de volatiles «d’origine marocaine», précise-t-il, cédés à 1.600 DA. A côté, dans une quinzaine de cages «habitées» par deux, trois ou quatre sujets, chacune, nous avons compté une cinquantaine d’oiseaux. Ces «privilégiés» sont originaires de la région, donc prisés par les amateurs d’oiseaux. Ce qui explique qu’ils soient cédés à 3.200 DA l’unité. Les acheteurs, intéressés par les chardonnerets, en choisissent, qui un oiseau, qui un couple, qu’il leur remet dans une cage.

Tenant fièrement son «trophée» en cage, un jeune homme, la quarantaine environ, justifie son achat: «Pour récompenser le petit dernier qui vient d’être admis en sixième.»

Inutile de lui expliquer qu’il devrait plutôt apprendre à son chérubin à protéger la nature et que «les oiseaux sont nés pour être libres», comme ne cessait de répéter un jeune d’une vingtaine d’années, sous le regard amusé des clients.

La chasse intensive, subie par ce bel oiseau au plumage coloré et au ramage mélodieux, est en train de mener à sa disparition. Les services concernés par sa protection devraient jeter un œil de temps à autre sur les marchés pour dissuader les revendeurs qui brassent des dizaines de millions de s’y attaquer.

«Nul n’est censé ignorer la loi», dit-on.

La saisie, suivie de lâchers de ces dizaines de volatiles, contribuerait à régénérer ces nuées d’oiseaux qui peuplaient jadis nos collines mais devenus très rares de nos jours.


Nacer Benzekri



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