Tizi-Ouzou - Aghrib

Aghribs (Tizi Ouzou), Aït Kodhia rend hommage à ses artistes



Le village Adhrar, dans la commune d’Aghribs, à une trentaine de kilomètres au nord-est de Tizi Ouzou, a vécu une journée particulière, lundi dernier, à l’occasion d’activités organisées en hommage à des artistes de la région.

L’association culturelle Aït Kodhia, du nom d’un groupe de villages de la localité, a préparé un programme en hommage à cinq artistes : Mhenni, Meksa Abdelkader, Ali Abdoun, Dahmani Bélaïd, Mhenna Ouazaïd. Témoignages, projection vidéo, chorale et pièce de théâtre ont été organisés dans la journée, attirant les jeunes du village et de nombreux invités. Il y avait, entre autres, Mme Moula de l’APW de Tizi Ouzou et Abdeslam Abdenour, le marathonien de la cause amazigh. Un membre de l’association culturelle nous a confié que l’assemblée populaire de wilaya de Tizi Ouzou a pu fournir une contribution financière alors qu’elle venait de clôturer le chapitre des subventions. « Les élus ont accédé à notre demande de subvention en voyant le nom de Meksa Abdelkader parmi les artistes auxquels nous rendons hommage », nous dit un membre de l’association. Il n’a pas retenu le nom de cet élu à l’APW qui a bien reçu une modeste association d’un village de 2000 habitants, perdu sur les monts abrupts d’Aït Jennadh. Les membres de l’association sont contents de cette subvention et attendent celle du ministère de la Culture. Pourtant, il n’y a rien d’extraordinaire à faire profiter de l’argent public, un village qui a donné un homme sur trois pendant la guerre de Libération nationale. Le village Adhrar compte 56 martyrs. A l’indépendance, il n’y avait que 300 habitants. La localité est autant fière de ses martyrs que de ses artistes. Ils sont aussi nombreux, les uns comme les autres. Meksa, un enfant de la localité (village Mira), a été fauché par la mort à la fleur de l’âge en 1988, à Paris, loin des siens. il a légué une œuvre méconnue mais extrêmement riche et forte. Des textes tirés du terroir, alliés à une musique moderne, novatrice pour l’époque, les chansons de Meksa sont une plongée dans la culture et la mythologie kabyles. Elles ont pour titre : Loundja, Zelgoum, Anzar… Même si elle se délite actuellement, la création artistique avait atteint son apogée à la fin des années 1970. Le dynamisme des jeunes du village attire l’attention. Ils réussissent à sortir le village de la torpeur en comptant sur leurs propres moyens. Le manque de ressources de l’APC (Aghribs) contraint les jeunes à s’appuyer sur la solidarité villageoise. Le siège de l’association, la mosquée et une salle polyvalente ont été construits par la communauté villageoise. Les locaux abritant des sections de couture et de broderie ont été donnés au village par un simple citoyen. Des centaines de filles ont été formées et ont obtenu un diplôme, en convention avec le centre de formation professionnelle de la daïra. Les pouvoirs publics ont beau être absents, les villageois s’organisent, développent leur cadre de vie dans une parfaite harmonie. C’est l’association religieuse, gérant la mosquée du village, qui a fourni les tapis pour la salle de sport. Ramenée à l’échelle d’un pays, ce mode de vie solidaire et harmonieux aurait évité pas mal de conflits et de désastres. Invité par l’association culturelle Aït Kodhia, Saïd Hilmi, venu également se ressourcer chez les siens, a fait une vibrante prestation théâtrale sur la scène aménagée sur la plage du village. Il a imploré l’astre de la paix (ithri lehna), à éclairer un pays meurtri et guérir les blessures. « Je chanterai, je danserai pour toi, mais viens, éclaire-nous, astre de la paix. »




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