Mercredi, au village Aït Mimoun, à 5 km du chef-lieu de la commune d’Aït Aggouacha, daïra de Larbaâ Nath Iratehn (27 km à l’est de Tizi Ouzou).
Villageois et sapeurs-pompiers assistent impuissants au dernier souffle d’un incendie ravageur qui a dévoré tout sur son passage. Des vieilles femmes, des agriculteurs, visiblement découragés, ne savent plus à quel saint se vouer ; une catastrophe vient de s’abattre sur eux anéantissant des années de dur labeur. Le pire a été évité de peu dans ce village de 1.000 habitants où des maisons ont été menacées par le feu.
«Nous avons lutté désespérément contre le feu depuis samedi. L’absence d’accès, la férocité du feu nous ont dissuadés d’abandonner les champs et de nous retrancher dans les alentours du village pour protéger nos maisons», raconte Amer, président du comité du village.
Economies
Deux agriculteurs, Arezki (25 ans) et Radouane (29 ans), semblent abattus, car leur rêve est parti en fumée.
«J’avais beaucoup d’espoir dans la récolte cette année avec l’abondance de l’eau et des neiges qui se sont abattues sur la région. Mais voilà que le feu a tout emporté. J’ai perdu en une semaine 25 ruches d’abeilles et des dizaines de jeunes plants d’oliviers. Sans compter les arbres fruitiers», a affirmé, dépité, ce jeune fellah dont l’activité agricole est la seule source de revenus comme pour beaucoup d’autres familles du même village.
Timide, Arezki ne laisse pas voir la colère qui le ronge lorsqu’il parle du chemin qu’il a parcouru pour donner vie à ses champs: «J’ai mis toutes mes économies, de l’argent que j’avais gagné dans les chantiers. Avant cet incendie, j’avais décidé de me reconvertir à l’élevage de poules, une activité que j’allais financer grâce à la récolte du miel, des figues…»
Sceptique
Notre interlocuteur marque un moment de silence avant de poursuivre, le regard dans le vide: «Vraiment, j’ai tout fait pour sauver mes ruches que j’ai payées 9.000 DA l’unité. Personne ne pouvait affronter les flammes, d’ailleurs, les pompiers étaient là juste pour éviter les pertes humaines et protéger les maisons. J’ai jeté un dernier regard sur mes ruches qui se consumaient, avant d’abandonner la lutte.»
Comme Arezki, Redouane est sceptique quant à la réaction des autorités face à ce drame, pour soulager un tant soit peu la douleur des villageois qui ont perdu des centaines d’oliviers, des dizaines de bottes de foin, des amandiers, des figuiers et autres cultures qui font vivre des familles sans rente régulière.
«Franchement, tout est à refaire, à replanter, à reconstruire… notre famille a perdu pas moins de 3.000 oliviers, complètement décimés et plus de 160 arbres fruitiers. Sur 70 ruches, il m’en reste 5. Cette année, notre huilerie ne tournera pas à plein régime, comme prévu», a martelé Redouane.
Drame
Avant d’écraser une larme, ce fellah ajoute: «Mon étable a été complètement ravagée par le feu. Avec les gens du village, nous avons réussi à évacuer 18 vaches laitières sur les 20 que ma famille possède. Deux d’entre elles ont été brûlées vives… C’est décourageant, j’ai peur de n’avoir plus la force pour continuer.»
Au village, l’odeur du brûlé était toujours dans l’air. Des femmes, des enfants contemplent tristement l’étendue du drame. Paysage lunaire, des arbres calcinés, des étables servant à stoker du foin réduites en cendres…
Amer, le président du comité, entend entamer le recensement des pertes cette semaine.
«Le responsable de la subdivision agricole locale a été sensible au drame qui a touché nos habitants et a promis des aides. Mais cette fois, nous allons veiller à ce qu’elles arrivent et qu’elles soient plus consistantes», avant de souligner que «personne n’a été indemnisé lors des dernières intempéries qui ont occasionné des pertes dans les vergers».
Nordine Douici
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Posté Le : 17/08/2012
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: nom, non précisé; texte: Nordine Douici
Source : El Watan.com du vendredi 17 août 2012